Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


BO SCANDALE

mercredi 13 mars 2013, par Bernard MARTIAL

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Il fut un temps où on les appelait les « Kennedy chinois » pour leur allure et leur façon moderne de communiquer : Bo Xilai et Gu Kailai, sa seconde épouse, une brillante avocate internationale, riche d’autant de charme que de réussite et leur fils Bo Guagua, tout aussi photogénique, ancien étudiant à Oxford et Harvard et vedette du « web people chinois ». D’autres comparaient le flamboyant Bo à l’ancien maire de New-York, Rudolph Giuliani en raison de sa lutte contre le crime organisé à Chongqing, gigantesque ville-province de 30 millions d’habitants dont il fut le chef du parti communiste de décembre 2007 à mars 2012. Plus de 3300 personnes arrêtées, 63 syndicats du crime démantelés, une poignée de puissants milliardaires mis à terre et des douzaines de cadres arrêtés comme l’ancien chef de la police. Fils de Bo Yibo, l’un des huit immortels du PCC, l’incorruptible affichait un parcours exemplaire : maire de la grande ville de Dalian en 1992, secrétaire du comité du PCC de Dalian, gouverneur de la province de Liaoning, membre du XVIe Comité central du PCC en 2002, ministre du Commerce de 2004 à 2007, membre du politburo du XVIIe Comité central du PCC en 2007, il pouvait prétendre à un des neuf sièges au sein du Conseil permanent du politburo au XVIIIe congrès, le saint des saints du pouvoir chinois. Mais le plus ambitieux des hommes politiques chinois est tombé avant.

Le 6 février 2012, Wang Lijun se rend au consulat des Etats-Unis de la ville de Chengdu dont il est le vice-maire et fait des révélations sur la mort de l’homme d’affaires britannique Neil Heywood en mettant en cause la famille Bo Xilai. Wang Lijun est l’ancien chef de la police, héros de la lutte contre les triades et bras droit de Bo Xilai. Deux semaines plus tard, celui-ci est démis de ses fonctions de chef du PCC de Chongqing et le 10 avril, il est exclu du comité central du parti. Le 20 août 2012, Gu Kailai et Zhang Xiaojun, un homme de main de la famille sont jugés au tribunal de Hefei : la fille du général Gu Jungsheng est condamnée à mort avec sursis pour l’assassinat de Neil Heywood dans sa chambre d’hôtel de Chongqing le 14 novembre 2011. Wang Lijun qui a fait des révélations sur son ancien patron qui avait voulu étouffer l’affaire n’est condamné « qu’à » quinze ans de réclusion. En octobre, après perte de son immunité parlementaire, Bo Xilai est accusé d’abus de pouvoir, de corruption massive et de trafic d’influence depuis 1985 et de relations sexuelles « déplacées » avec de nombreuses femmes. Une enquête a, d’autre part révélé qu’il avait mis sur écoute la plupart des dirigeants du parti communiste. Mais l’affaire ne s’arrête pas là puisqu’à son tour, Li Wangzhi, fils issu du premier mariage de Bo Xilai avec Li Danyu, est soupçonné d’avoir voulu empoisonner Gu Kilai. Le procès de cette ancienne étoile de la vie politique chinoise permettra peut-être d’y voir plus clair à moins que le nouveau régime ne profite de cet exemple pour donner des gages de sa lutte contre la corruption et faire payer à Bo le prix fort de cette purge.


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