Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


OUSSAMA BEN DOMENECH

samedi 14 janvier 2012, par Bernard MARTIAL

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Peut-être que les révélations de Mediapart sur les quotas dans le football révèlent la crise qui gangrène la frilosité de la société française qui, de débat sur l’identité nationale en refoulement des émigrés tunisiens, fait sonner les compteurs Geiger des sondages électoraux dans les zones bleu Marine de la radioactivité politique au point de reléguer au rang des mythes les victoires sportives et intégratrices du sacre de l’Austerlitz de 98. Mais que d’excès autour de ces légions footballistiques et de ces stratégies de pelouse ou d’arrière-salle ! Alors que le journal virtuel rêve d’incarner les audaces de l’Aurore, les autres médias grégaires réinventent une nouvelle affaire Dreyfus et partout se rejoue le fameux dessin de Caran d’Ache du dîner en famille. Et voilà bientôt Laurent Blanc (Blanc ? c’est suspect déjà comme nom !) le sauveur d’hier, Bonaparte du but de Chilavert traîné à la case trahison comme un vulgaire Badinguet de vestiaire. Il y a peu c’était Oussama Ben Domenech que l’on cherchait à abattre pour attentat terroriste contre la réputation du maillot bleu et le Judanelka que l’on vouait à l’indignité nationale. Le choc violent d’Harald Schumacher contre Patrick Battiston à la demi-finale de Séville en 1982 fit resurgir les pires métaphores belliqueuses des guerres précédentes sur la sauvagerie teutonne. Et encore n’est-on pas dans les pays d’Amérique latine où les vendettas sportivres se lavent dans le sang. Hystérie dans le lynchage des héros en shorts et transes inquiétantes dans les vénérations des victoires en ballons : les joueurs de 98 remontant les Champs Elysées dans une liesse supérieure à celle qui avait accompagné De Gaulle dans l’autre sens à la Libération, les titulaires de l’équipe victorieuse investis depuis du statut d’apôtre, Zizou de Nazareth marchant sur l’eau de la popularité et multipliant les pains des contrats publicitaires, Michel Platini faisant à la tête de l’UEFA la concurrence à Dominique Strauss-Kahn au FMI sur l’ échelle de l’influence internationale. J’aime les slaloms géants du lutin Messi entre les pattes madrilènes et les communions euphoriques des publics avec quelques danseurs-étoiles brésiliens sur fond de samba mais les vociférations des hooligans avinés, les impostures des compétitions qui ne sont souvent que des rivalités boursières et une exhibition financière jouées par des mercenaires versatiles et capricieux soulignent combien ce sport-là est le symptôme le plus visible parce que le plus exacerbé des pires tentations humaines (succédané de la guerre en temps de paix, chauvinisme sectaire, blanchiment d’argent sous couvert de philanthropie sportive, adulation dangereuse de muscles décérébrés, jeux de cirque pour occuper les foules désoeuvrées). Au lieu de s’exciter comme un jeune chiot autour de la baballe, le monde médiatique qui vit des amours incestueuses avec ce football-là ferait bien d’investir d’autres champs de connaissances plus essentiels. Le mariage de Kate et de William par exemple…

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