Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


LES RAISINS DE LA COLERE de John Steinbeck (Résumé et citations)

samedi 13 août 2011, par Bernard MARTIAL

Toutes les versions de cet article :

  • français

Résumé et recueil de citations établis par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE)

Edition Folio n°83, traduction de l’américain par Marcel Duhamel et M.- E. Coindreau.
Numéros des pages entre ( ), commentaires entre [ ].
Ceci n’est qu’ un résumé, constitué de notes, qui ne saurait évidemment remplacer la lecture du texte original. Citations entre guillemets.

PREMIERE PARTIE :
SECHERESSE ET PREPARATIFS DE VOYAGE

CHAPITRE PREMIER : TEMPÊTE SUR L’OKLAHOMA


. Dustbowl : Pluies sur terres rouges et grises de l’Oklahoma : croissance du maïs et des herbes folles puis verdure. Fin mai, les nuages se dissipent, le soleil embrase le maïs, les herbes cessent de se propager, la terre devient blanche. Juin, le soleil brille plus férocement (7) liseré brun sur le maïs, les herbes se recroquevillent. Mi-juin, de gros nuages venus du Texas et du Golfe mais peu de pluie : taches sur le maïs. Brise légère puis vent, poussière au-dessus des champs (8). L’aube se lève mais pas le jour, le vent gémit sur le maïs couché. Les gens se terrent chez eux ou ne sortent qu’avec un mouchoir sur le nez, les maisons sont calfeutrées. Le vent tombe cette nuit-là. Au matin, poussière suspendue en l’air (9). Toute la journée, la poussière descend sur le maïs. Les hommes sortent voir leur maïs desséché ; les femmes scrutent les visages des hommes. On ne sait pas trop quoi faire mais tout va bien (10). Nulle infortune n’est trop dure à supporter tant que les hommes tiennent le coup. Le soleil devient moins rouge. (11)

CHAPITRE II : TOM JOAD DANS LE CAMION DE L’OKLAHOMA TRANSPORT COMPANY

. Devant la petite auberge (12- 15) : camion rouge et neuf de l’Oklahoma City Transport Company. L’unique client accoudé au comptoir parle avec la serveuse d’une connaissance commune, un brave gars quand il n’est pas saoul (12). Dehors un homme s’approche du camion et regarde l’étiquette No riders (qui interdit de prendre des passagers). Il s’assoit sur le marchepied opposé au restaurant. Description de l’homme : pas plus de trente ans… il porte des vêtements, une casquette et des souliers neufs (veston trop large, pantalon trop court) (13). Il s’éponge le visage, casse la visière de sa casquette, desserre ses lacets. Dans le restaurant, le camionneur parle d’un bal à Shawnee où il y a eu quelqu’un de tué. Midi, l’homme dehors roule une cigarette. A l’intérieur, le chauffeur paye sa note et met la monnaie dans la machine à sous. Quelqu’un a remporté le jackpot de 3,80 $ il y a pas deux heures dit la serveuse au chauffeur qui se plaint que la machine est truquée (14). Il lui dit qu’il repassera d’ici 8/10 jours, qu’il doit aller jusqu’à Tulsa puis il sort en fermant le grillage.
. Le trajet en camion (15- 24). Dernier message à la serveuse à travers la porte. Description du camionneur. Le chemineau lui demande de l’emmener. Il commence par refuser à cause du règlement. L’homme insiste : « des fois il y en a qui sont de chics types, même si un salaud de richard les force à porter une étiquette ». Le chauffeur réfléchit (15) puis finit par accepter en lui disant de se planquer sur le marchepied jusqu’au premier tournant. Quand le camion ralentit, l’homme monte sur le siège. Le chauffeur l’examine et commence à lui poser des questions (sur ses souliers, sur le travail qu’il cherche) (16). L’homme parle de la ferme de 40 arpents de son père. Le chauffeur évoque la tempête de poussière et les chenilles qui arrachent tout et mettent les familles dehors. Son interlocuteur répond qu’il n’a pas de nouvelles depuis longtemps, que son père et lui ne sont pas forts pour écrire. Le chauffeur tourne autour du pot (17). « J’ te dirai ce que tu voudras. Je m’appelle Tom Joad. Mon père c’est le vieux Tom Joad ». Le camionneur gêné, essaie de se justifier, parle des chauffeurs qui font des drôles de trucs pour passer le temps (un qui faisait de la poésie (18) : l’exemple d’un poème sur l’histoire de gars qui faisaient les 400 coups), de types qui emploient des grands mots (Tom cite les pasteurs), des conducteurs qui passent leur temps à manger (19) et qui s’arrêtent dans les caboulots parce qu’ils en ont marre de rouler, de ceux qui chantent ou qui sifflent (la compagnie refuse la TSF), de ceux qui emportent une bouteille. Il veut prendre des cours pour devenir ingénieur-mécanicien. Il refuse le whisky que lui propose Tom. Il s’exerce la mémoire pour s’en sortir : « T’as pas idée de ce qu’on peut arriver à se rappeler ». « T’as mis un sacré bout de temps à y arriver, mon petit pote » dit Tom. (21) Dénégations du chauffeur. « Tu t’es gourré sur mon compte, mon vieux, dit-il. J’ m’en cache pas. Parfaitement, j’ai été à Mac-Alester. Quatre ans que j’y ai été. Parfaitement, c’est les affaires qu’on m’a données quand je suis sorti. J’me fous bien qu’on le sache. Et j’m’en retourne chez mon père pour ne pas être obligé de mentir si je veux trouver de l’ouvrage. » Le chauffeur argue de sa bonne foi mais Tom n’est pas dupe (22) et reconnaît que c’est un « chic type ». Tom lui montre la route où il va bientôt descendre. Le camion s’arrête. « Homicide, dit-il rapidement. En voilà un, de grand mot… ça veut dire que j’ai descendu quelqu’un. Sept ans. On m’a lâché au bout de quatre ans parce que je me suis tenu peinard. » (23). Séparation (24).

CHAPITRE III : LA TORTUE

Une tortue rampe le long de la route cimentée parmi les herbes sèches (25). Elle entreprend de gravir le talus (une fourmi rouge dans sa carapace, un brin d’avoine coincé dans ses pattes avant) (26). Une voiture conduite par une femme fait une embardée pour l’éviter, une camionnette essaie de l’écraser. L’animal projeté en dehors de la route parvient à se redresser et reprend sa marche. (27)

CHAPITRE IV : TOM JOAD RENCONTRE LE PASTEUR JIM CASY

. Retrouvailles sous un saule (28- 42). Tom Joad se retrouve dans le chemin. Il enlève ses souliers et sa veste (28). Le maïs abattu par le vent, la chaleur et la sécheresse. Tom, en sueur, ramasse la tortue puis se dirige vers un saule (29). Adossé à l’arbre, un homme siffle et chante Yes Sir, That’s my Baby. Description de l’homme (30) qui reconnaît Tom. « J’ pense pas que vous vous souveniez de moi, dit l’homme […] Vous étiez bien trop occupé à tirer les petites filles par les nattes pendant que je vous apportais le Saint-Esprit » (31). Tom se souvient maintenant. C’est le Révérend Jim Casy de la secte du Buisson Ardent. Man, la mère de Tom appréciait ses prêches. Il ne prêche plus car « l’esprit du Seigneur » n’est plus en lui (32). Personne ne l’a vu depuis longtemps. Il était parti seul pour méditer. Il propose une chique à Tom et remarque la tortue. Tom l’a prise pour son petit frère (33). Casy explique sa crise de foi : « J’ai la vocation de guider les hommes, mais je ne sais pas où les guider ». Il faisait gueuler la gloire du Seigneur et allait coucher avec les filles dans les herbes (34). Comment le Diable peut-il entrer quand une femme est possédée par le Saint-Esprit ? Tom n’a pas d’idée sur la question (35). Les tourments du pasteur qui se sent coupable de cette obsession de la chair (36). Après une longue méditation, il a fini par conclure qu’il n’y a pas de péché, il y a que ce que les gens font. Il ne peut plus être pasteur mais il aime les gens (37). « Des fois, j’me suis dit, c’est peut-être bien tous les hommes et toutes les femmes que nous aimons, c’est peut-être bien ça, le Saint-Esprit – l’esprit humain – tout le bazar. Peut-être bien que les hommes n’ont qu’une grande âme et que chacun en a un petit morceau. » Il en est sûr maintenant. Tom lui fait remarquer qu’il ne peut pas avoir d’église avec des idées pareilles. Les gens veulent sauter et gueuler (ex. des transes de sa grand-mère). Casy veut savoir ce que lui a fait le baptême (38) au cours duquel il a tiré les nattes de Suzy Little (elle lui a cassé le doigt l’année suivante). Rien, il trouvait cela juste comique. Tom rattrape la tortue. Le pasteur lui demande des nouvelles de son père. Tom précise qu’il n’a pas été chez lui depuis quatre ans et que son père (Pa) n’aime pas écrire des lettres. Casy lui demande s’il était en voyage. « Je viens de passer quatre ans à Mac-Alester. […] J’ai tué un gars dans une bagarre. On était saouls dans un bal. Il m’a foutu un coup de couteau et je l’ai assommé avec une pelle qui se trouvait là. J’lui ai mis la tête en bouillie » dit Tom. Sa mère lui a envoyé une carte postale il y a deux ans et sa grand-mère une carte de Noël (40) qui lui a valu d’être surnommé « Doux Jésus ». Il ne manquait de rien en prison (à part les femmes) ; un gars a même tout fait pour y revenir. Avec d’autres types, il a monté un orchestre (41). Tom veut repartir. Il propose à Casy de l’accompagner.
. En chemin vers la ferme des Joad (42- 46). Ils se mettent en route en longeant champs de maïs et de coton (42). La maison de Pa n’est pas à plus d’un mille [1609 m]. Une maison que son grand-père, son père et son frère Noah ont volée. Ils n’ont pu en prendre que la moitié. Quand ils sont revenus chercher l’autre moitié elle avait déjà été prise par Wink Manley et ses gars (43). Ils sont devenus amis. « Pour un homme sans Dieu, c’était un fameux gaillard » dit Casy à propos de Pa. La nuit descend. Tom parle de son oncle John, baptisé chez Polk. En voulant sauter un buisson comme son frère, Pa s’est cassé la jambe droite. Faute de médecin, un dentiste a arrangé ça. Ils arrivent à la terre des Joad. C’est oncle John qui avait fourni le fil de fer en échange d’un goret. Il a tué l’animal et en a mangé une partie sur place à s’en faire vomir avant d’aller se coucher (45). Le lendemain, Pa a conseillé à son frère de saler la viande pour la garder mais il n’a rien voulu savoir. Tom a faim ; il a juste mangé une tranche de rôti de porc à chaque Noël. « Peut-être bien que Tom va tuer le veau gras, comme pour le fils prodigue, dans l’Ecriture » dit Casy. Ils arrivent à la maison mais il n’y a plus personne (46).

CHAPITRE V : LES TRACTEURS SUR LES TERRES


. Les propriétaires, les fermiers et la banque (1er monstre) (47- 53). Visite des propriétaires terriens ou de leurs représentants sur leurs terres. Ils parlent aux fermiers depuis leur voiture. Certains représentants sont compatissants d’autres cruels, tous sont pris par quelque chose qui les dépasse. Les mathématiques qui les poussent à agir ainsi (47). Les banques ou la compagnie, monstres doués de pensée. « Ceux-là se défendaient de prendre des responsabilités pour les banques ou les compagnies parce qu’ils étaient des hommes et des esclaves, tandis que les banques étaient à la fois des machines et des maîtres. Il y avait des agents qui ressentaient quelque fierté d’être les esclaves de maîtres si froids et si puissants. Les agents assis dans leurs voitures expliquaient : « Vous savez que la terre est pauvre. Dieu sait qu’il y a longtemps que vous vous échinez dessus. » Les agents continuent leur raisonnement la terre devient de plus en plus pauvre, le coton vole la terre. Quand la récolte fait défaut, le fermier doit emprunter de l’argent à la banque mais celle-ci ne veut pas vivre sans faire de bénéfices (48). Le fermier demande un délai jusqu’à l’année suivante mais la banque ne peut pas attendre. Les femmes sur le seuil des fermes… chiens dans la cour, poulets dans la poussière, cochons dans les étables Que faire ? « - Le système de métayage a fait son temps. Un homme avec un tracteur peut prendre la place de 12 à 15 (49) familles. On lui paie un salaire et on prend toute la récolte. Nous sommes obligés de le faire. Ce n’est pas que ça nous fasse plaisir. Mais le monstre est malade. Il lui est arrivé quelque chose au monstre ». Le coton va tuer la terre après ils la vendront à des familles de l’Est. Les fermiers doivent partir. Les charrues vont labourer leurs cours. Les hommes sont en colère : leurs grands-pères ont pris cette terre en tuant des Indiens, leurs pères ont brûlé les mauvaises herbes et tué les serpents puis emprunté. Ils sont nés ici et leurs enfants aussi. La banque est devenue propriétaire et les a laissés. « - Nous savons ça. Ce n’est pas nous, c’est la banque. Une banque n’est pas comme un homme. Pas plus qu’un propriétaire de 50 000 arpents, ce n’est pas un homme non plus. C’est ça le monstre. » Ce qui leur donne un droit de propriété : d’être nés et enterrés, de travailler sur cette terre (50). « La banque ce n’est pas la même chose que les hommes. Il se trouve que chaque homme dans une banque hait ce que la banque fait, et cependant la banque le fait. La banque est plus que les hommes, je vous le dis. C’est le monstre. C’est les hommes qui l’ont créé, mais ils sont incapables de le diriger. » Après les Indiens et les serpents, pourquoi ne pas tuer les banques ? Les propriétaires se fâchent. « C’est la banque, le monstre, qui est le propriétaire. Il faut partir. » Les fermiers menacent de prendre leurs fusils. Ils seront des voleurs s’ils essaient de rester et des assassins s’ils tuent pour rester. « Le monstre n’est pas un homme mais il peut faire faire aux hommes ce qu’il veut. » Où iront-ils ? Ils trouveront peut-être à cueillir du coton en automne, ils toucheront des allocations chômage. Pourquoi ne pas aller en Californie ? (51) et les agents s’en vont. Les hommes accroupis dessinent par terre. Les femmes s’approchent pour savoir ce qu’ils voulaient. Il faut s’en aller. Où ? Ils ne savent pas encore (52). Les femmes se remettent au travail.
. Les tracteurs qui violent la terre (2e monstre) (53- 54). Les tracteurs arrivent sur les routes, pénètrent dans les champs (comparés à de « grands reptiles », à des « monstres camus ») ignorant le relief et les habitations. A cause de son harnachement, l’homme assis sur son siège n’a pas l’apparence humaine « il faisait partie du monstre, un robot sur son siège ». Le conducteur incapable de maîtriser le monstre qui fonce droit dans la campagne. « Un coup de volant aurait pu faire dévier la chenille, mais les mains du conducteur ne pouvaient pas tourner parce que le monstre qui avait construit le tracteur, le monstre qui avait lâché le tracteur en liberté avait trouvé le moyen de pénétrer dans les mains du conducteur, dans son cerveau, dans ses muscles, lui avait bouché les yeux avec des lunettes, l’avait muselé… avait paralysé son esprit, avait muselé sa langue, avait paralysé ses perceptions, avait muselé ses protestations. Il ne pouvait pas voir la terre telle qu’elle était, il ne pouvait pas sentir ce que sentait la terre ses pieds ne pouvaient pas sentir ce que sentait la terre ; ses pieds ne pouvaient pas fouler les mottes ni sentir la puissance de la terre. Il était assis sur un siège de fer, les pieds sur des pédales de fer. Il ne pouvait pas célébrer, abattre, maudire ou encourager l’étendue de son pouvoir, et à cause de cela, il ne pouvait pas se célébrer, se (53) fustiger, se maudire ni s’encourager lui-même. Il ne connaissait pas, ne possédait pas, n’implorait pas la terre. Il n’avait pas foi en elle. »… « Il n’aimait pas plus la terre que la banque n’aimait la terre. » Les disques luisants qui coupent la terre derrière le tracteur (de la chirurgie, pas du labour), les herses et les semoirs qui violent la terre. La terre accouche et meurt sous les fers.
. Discussion entre le conducteur du tracteur et le métayer (54- 58). Parfois vers midi, le conducteur s’arrête pour manger (54). Le moteur tourne encore, les fermiers et les enfants les regardent. Un des métayers reconnaît un conducteur : le fils à Joe Davis et lui demande pourquoi il travaille contre les siens. Avec 3 $ par jour, il peut faire vivre sa famille mais pour 3$, 15 ou 20 familles n’ont plus rien à manger et 100 personnes sont obligées de partir (55). « On ne peut plus vivre de sa terre maintenant, à moins qu’on ait 2, 5, 10 000 arpents et un tracteur » dit le conducteur. Si un homme a peu de terre, elle s’identifie à lui, répond le métayer, s’il a en trop, elle devient plus forte que lui. Le conducteur lui conseille de ne pas se préoccuper des autres s’il ne veut pas s’attirer des ennuis (56). Ils devraient songer à partir car il passera dans leur cour demain après dîner. Il a des ordres. S’il accroche les maisons, il peut se faire 1 ou 2 $ de plus. Le métayer menace de sortir son fusil. Si lui ne le fait pas, un autre viendra. Qui tuer ? Le conducteur reçoit ses ordres d’un type qui les reçoit de banque qui reçoit ses consignes de l’Est. (57). « Peut-être qu’il n’y a personne à tuer. Il ne s’agit peut-être pas d’hommes. Comme vous dites, c’est peut-être la propriété qui est en cause. » Il faut arrêter ça. Le métayer reste assis sur le seuil de sa porte et le conducteur repart tracer ses sillons, puis il passe à travers la cour et renverse la maison. Le métayer suit le tracteur des yeux, le fusil à la main (58).

CHAPITRE VI : RETOUR A LA MAISON : MULEY GRAVES.

. La maison abandonnée (59- 65). Tom Joad et Jim Casy regardent la maison écrasée et arrachée à ses fondations. Le coton pousse jusque dans la cour. Ils descendent la colline et examinent la maison abandonnée (59). Les outils ont disparu. Casy ne sait pas ce qui s’est passé en son absence. Tom se demande s’ils ne sont pas morts, mais on l’aurait averti. Ils ont peut-être laissé une lettre ? Mais Tom ne savait pas qu’il allait sortir il y a 8 jours. La maison renversée (60), le portillon inférieur de la porte que Man n’oubliait jamais de fermer depuis le jour où un cochon était entré chez les Jacob et avait mangé le bébé. Milly Jacob qui en attendait un autre, est devenue folle. Il grimpe sur la véranda délabrée, regarde dans la cuisine. Les meubles et le fourneau ont disparu. Plus de chaises et de lits dans la chambre, image d’une jeune Indienne (Aile Rouge) au mur (61). Une bottine appartenant à sa mère. Il conclut qu’ils sont partis et qu’ils ont tout emporté. Casy lui demande s’ils ne lui ont pas écrit : « ils étaient point écrivassiers. » Pa n’aimait pas ça. Il y a quelque chose qui cloche. Le pasteur se souvient que Tom n’était pas facile. Le jour de son baptême, il a fallu le maîtriser pour le coller sous l’eau (62). Un chat gris se faufile sous la véranda. Pourquoi n’est –il pas allé chez les voisins les Rance par exemple. Un souvenir : un jour à Noël, Albert Rance est parti avec toute sa famille voir un cousin à Oklahoma city (63). Quand ils sont revenus huit jours plus tard, il ne restait plus rien de la maison. Ils sont arrivés quand Muley Graves s’en allait avec les portes et les pompes du puits. En 15 jours, il a presque tout récupéré sauf un coussin de canapé avec un Indien dessus. Le grand-père de Tom n’a jamais voulu le rendre. Albert a renoncé. L’histoire des plumes gardés par grand-père et brûlées par Man (64). Le chat joue avec la tortue. Le soleil rouge touche l’horizon (65).
. Muley Graves leur donne des explications (66- 82). Arrivée de Muley Graves (description). Il demande à Tom quand il est sorti (il y a deux jours). Tom veut savoir pourquoi la maison de sa famille est démolie. Le vieux Tom s’inquiétait (66). Il était là quand ils se sont décidés à partir. Muley venait de dire que lui ne partirai pas. Le père de Tom lui a demandé de guetter le retour de son fils. « … ils voulaient rester là et tenir tête quand la banque a envoyé son tracteur labourer la ferme. Ton Grand-père était planté là avec son fusil, et il a bousillé les phares de leurs sacrée chenille, mais ça ne l’a pas empêchée de s’amener. Ton Grand-père ne voulait pas tuer le gars qui la conduisait. C’était Willy Feeley, et Willy le savait, alors il s’est amené tout simplement et il a foutu un gnon à la maison et il l’a secouée comme un chien secoue un rat. Ben, ça lui a fait quelque chose à Tom. Ca le ronge en dedans, comme qui dirait. C’est plus le même homme, depuis. » Il a fallu trois voyages dans la charrette pour tout déménager chez l’oncle John. Ils sont tous là-bas. (67). Ils ont tous décortiqué du coton pour ramasser de quoi s’en aller dans l’Ouest « où on se la coule douce ». Tom veut savoir s’ils sont encore là. Muley a vu Noah il y a quatre jours en train de tirer des lapins. Il lui a dit qu’ils comptaient partir dans une quinzaine. La maison est à 8 milles [13 km]. Muley voudrait que Tom lui apprenne à vivre. Pas besoin, lui dit Tom qui lui présente le pasteur. Casy demande pourquoi ils mettent les gens à la porte (68). Muley ne se laissera pas faire et résume la situation à sa manière : les années difficiles, les pluies de sable, les dettes chez le marchand, les propriétaires qui ne veulent pas perdre leurs bénéfices, les tracteurs… mais lui ne partira pas. La terre n’est pas très bonne et le coton l’a tuée. S’ils ne l’avaient pas forcé à partir, il serait probablement déjà en Californie. Tom s’étonne que Pa soit parti si facilement et que son grand-père n’ai tué personne. Il se souvient d’une tripotée qu’il a foutue à un colporteur à coups de … poulet (69). Il s’en est déboîté la hanche de rire. Muley évoque le discours mielleux du type disant que ce n’était pas de sa faute mais celle de la Société d’Exploitation agricole et d’élevage de Shawnee. Personne sur qui tomber. La nuit est tombée et le chat a disparu. Tom ne veut pas faire les 8 milles ce soir et voudrait aller chez Muley. Sa femme, ses enfants et son beau-frère sont partis avec tout en Californie. Y avait plus rien à manger ici (70). Tom a faim. Muley qui vit de braconnage a trois lapins dans son sac (un gros mâle et deux petits). Il ne peut pas faire autrement que de les partager avec eux (71). Pendant que Casy va chercher du fil de fer dans l’écurie, Tom prépare le lapin. Ils préparent le feu. Nuit noire, le chat s’approche des viscères et Tom tend le fil sur le brasier. Ils sont pressés de manger. «  Vous devez me trouver dingo, de vivre de cette façon, hein ? » dit Muley. Non (73). Muley explique ce qui lui est arrivé quand on lui a dit qu’il fallait qu’il s’en aille, parle de sa vie de vieux fantôme de cimetière. On s’habitue aux endroits difficiles et à certaines façons de penser, dit Casy. Muley raconte qu’il est passé dans tous les endroits liés à sa vie (là où il a couché avec une fille pour la première fois, là où son père a été éventré par un taureau (74), la chambre où son frère Joe est venu au monde (sa grand-mère tellement fière a cassé trois tasses), les maisons des Peter, des Rance, des Jacob, des Joad (75) où il y avait eu des fêtes et des mariages. La colère de Muley : qu’est-ce qu’ils y gagnent ? La terre n’est pas bonne. « L’endroit où qu’on vit c’est ça qui est la famille. On n’est pas soi-même quand on est empilés dans une auto tout seul sur une route. » Il y a longtemps qu’il n’avait parlé à personne. Casy veut aller voir les gens sur les routes. Tom est impatient de manger (76). Ils mangent. Muley regrette d’avoir parlé mais Casy le rassure. Muley s’en veut d’avoir parlé de tuer des gens devant Tom (77). « Tout le monde sait que c’était de ta faute, dit Muley. Le vieux Turnbull a dit qu’il aurait ta peau quand tu serais libéré ». Tout le monde lui a ôté cette idée de la tête. Tom ne sait comment ça a commencé. Ils étaient saouls. Herb s’est jeté sur lui avec un couteau, il lui a foutu un coup de pelle. Il n’avait rien à reprocher à Herb qui courait après sa sœur Rosaharn. Le vieux Turnbull avait du sang des Hatfield. Toute la famille est partie pour la Californie. Tom ne peut pas passer la frontière de l’Etat. Il a été libéré sur parole avec trois ans d’avance. Il doit se présenter à la prison régulièrement. Muley veut savoir comment on est traité en prison (78), un cousin à sa femme y a eu des emmerdements. Tom n’as pas eu de soucis. Il a appris à écrire et à dessiner des oiseaux. Il ne regrette pas ce qu’il a fait à Herb Turnbull. « - Ce qui m’embêtait le plus c’était que tout ça ne rimait à rien. On ne cherche pas c’que veut dire quand le tonnerre vous tue une vache ou qu’il y a une inondation. Tout ça, c’est comme ça doit être. Mais une bande de types vous prennent et vous coffrent pour quatre ans, ça devrait avoir un sens. Un homme, c’est censé penser. Eux ils me (79) prennent, ils m’enferment et me nourrissent pendant quatre ans. Admettons… mais alors ou bien ça aurait dû me changer de façon que je ne le refasse plus, ou bien ç’aurait dû me punir de façon que j’aie peur de le refaire… Mais si Herb ou un autre s’amenait, je le referais. Je le referais avant même d’avoir pu réfléchir » . Muley évoque une condamnation légère parce que le juge a reconnu que ce n’était pas entièrement de sa faute. Tom parle d’un gars qui avait passé son temps à étudier à Mac Alester et qui a fini par lui dire que ça ne servait à rien. « Ne va surtout pas te mettre à lire là-dessus, qu’il disait, parce que ça ne fera que t’embrouiller davantage et en plus tu perdras tout respect pour les types qui sont dans le gouvernement. » Muley ne digère pas que Willy Feeley soit devenu une sorte de patron sur leurs terres. Il est allé le voir. Feeley lui a expliqué qu’il fallait bien qu’il fasse manger sa femme et sa belle-mère (80). Casy évoque son expérience : il vivait bien, on le nourrissait mais il n’était pas heureux de cette façon alors il a renoncé. Maintenant il a compris. Il se dresse au-dessus du feu (81). Tom se roule une cigarette. Souvent dans sa couchette, il s’est imaginé son retour (grands-parents morts, de nouveaux gosses, Pa un peu moins dur, Rosaharn relayant Man). Casy viendra avec Tom chez l’oncle John mais pas Muley.
. La ronde des surveillants des champs de coton (82- 86). Muley remarque une lueur. Probablement le surveillant du champ de coton (82). Tom est étonné. Ils ne font rien de mal. « Que tu dis ! Rien que le fait d’être ici, c’est faire quelque chose. C’est empiéter sur la propriété d’autrui ». Ca fait deux mois qu’ils essaient d’attraper Muley. Ils iront se cacher au milieu du coton. Tom est surpris : Muley n’était pas un type à se cacher. « Ouais, fit-il, j’étais mauvais comme un loup. Maintenant, je suis mauvais comme une belette ». Tom est prêt à en découdre. Muley est obligé de lui rappeler sa situation. (83). « C’est peut-être bien Willy Feeley ; Willy est adjoint au shérif, maintenant. » dit Muley. Il a un revolver et s’en servira. Le ronflement du véhicule se rapproche. Tom accepte d’aller se cacher (84). Muley récupère vêtements et souliers près de la maison et raconte qu’un jour il a donné un coup de pieu par derrière à Feeley. Il a raconté qu’il avait été attaqué par 5 types. Le faisceau lumineux passe au-dessus d’eux. Claquement de portières. Ils sont deux. Muley veut tirer dans la maison. Tom l’encourage mais Casy le dissuade (85). La voiture repart. Muley va vérifier qu’ils n’ont laissé personne.
. La grotte de Tom et Noah (86- 87). Casy et Tom rejoignent Muley près de l’ancien feu. Il va les amener dans un endroit tranquille pour dormir. « J’aurais jamais pensé qu’il faudrait que je me cache sur les terres de mon père » se lamente Tom. Ils le suivent (86) jusqu’à une caverne dans la berge : c’est Tom qui l’a creusée avec Noah. Tom ne veut pas dormir dans la grotte. Quant à Casy, il a trop de choses dans la tête pour dormir (87).

CHAPITRE VII : PENSEES ET PROPOS D’UN MARCHAND DE VOITURES D’OCCASION SANS SCRUPULES

Dépôt de voitures d’occasion, annonces alléchantes, une maison grande dans un terrain vague, un bureau, une chaise, des contrats, un stylo en état de marche pour ne pas louper une bonne affaire. Instructions pour vendre une bagnole à ces deux-là avec des gosses (techniques commerciales). Propriétaires aux manches retroussées, vendeurs soignés à l’affût des faiblesses. Cibler la femme pour vendre au mari (88). Viser toujours un modèle élevé pour se rabattre sur un plus petit. « Ce ne sont pas les coussins usés qui font tourner les roues ». Créer des obligations et la culpabilité chez le client. Alignement de voitures. Vanter la Dodge 22. Les tacots qu’ils ne font plus. On achète 25 ou 30$, on revend 50 ou 75$, un joli bénéfice. Peu de bénéfices sur les neuves. Les vieux clous, ça part vite. Jim, attrape ce bougre sur le trottoir et refile-lui l’Apperson (89). Trouver des tacots. Fanions de couleur le long du trottoir et annonces alléchantes. L’occasion du jour pour appâter le client. Dire qu’on vient de la vendre. Enlever les accus ou mettre la batterie morte. On ne peut pas la donner ! Allez au boulot. Si j’avais de bagnoles, je me retirerais dans six mois. Mettre de la sciure dans la Chevrolet pour éviter le bruit dans la boîte de vitesse, la bazarder pour 30$ Il m’a eu celui-là. Si j’avais seulement 50 bagnoles. Les pneus ne lui plaisent pas ? Rabats de 1,5$.Monceaux de débris rouillés contre la palissade, rangées d’épaves et de pièces détachées… Si j’avais 50 roulottes à moins de 100 $, je ferais fortune. Qu’est-ce qu’il a à rouscailler ? On vend des bagnoles, on les pousse pas à domicile ! un bon slogan pour la Gazette de l’auto. Si c’est pas un client, fous-le dehors. (90). Enlève le pneu de la Graham-Paige. Mets le côté réparé dessous. Le reste a de l’allure. C’est pas une La Salle qu’il vous faut mais cette Lincoln 24. Vous pouvez la transformer en camionnette. Soleil brûlant. Gens en quête d’une automobile. Comment s’y prend-on pour acheter une voiture ? On ne peut pas mettre plus de 75$ si on veut aller en Californie. Si je pouvais me procurer une centaine de bagnoles. Pneus endommagées, chambres à air pendues. Réparations diverses… Joe, tu me les amadoues et tu me les envoies. (91) Pas de mendigots, je veux de vrais clients. Pour 80$, c’est donné ! Peux-pas mettre plus de 50. L’homme dehors m’avait dit 50. Il est cinglé. J’ai allongé 68$ pour l’avoir. Il insulte Joe. Vous avez quelque chose à troquer ? Un couple de mulets. On est à l’âge de la machine. On ne se sert plus des mulets que pour faire de la colle. 5 belles mules. On ferait bien de regarder ailleurs. Des foireux qui nous font perdre notre temps. Le client choqué : il veut une voiture pour aller en Californie. Je suis une poire. Je peux tirer 5$ de ces mules comme viande à chien. Non (92). Nous prendrons vos mules pour 20$ avec la charrette. Vous versez 50$ et vous vous engagez à payer 10$ par mois. Vous aviez dit 80. Il y a les taxes et l’assurance. Depuis tout à l’heure, j’ai perdu trois affaires. Signez-la. Joe remplis le réservoir. Une affaire ! On avait donné 30, 35$ pour cette bagnole. Je peux tirer 75$ de cet attelage 50$ comptant et une créance pour 40$. Pas tous honnêtes mais beaucoup payent leurs traites. Un type m’a envoyé 100$ deux ans après que j’avais oubliés. Si je pouvais dégotter 500 bagnoles. Retrousse tes manches Joe. T’auras 20$ sur cette affaire. Fanions au soleil. Occasion du jour : Ford 29. Qu’est-ce que vous voulez pour 50$ ? Une Zéphyr ? Tout de travers. Roadster de fantaisie (93) décoré. Soleil de l’après-midi. Joe envoie un gosse me chercher à bouffer ! Rugissement de vieux moteurs. Tâche de voir si cette tête d’emplâtre qui regarde la Chrysler a du pèse. Ces garçons de fermes sont pas francs. Chauffe-les et envoie-les par ici. Vous avez acheté une voiture et vous venez rouspéter. Si vous faites le méchant, j’appelle in flic. Fous-le dehors Joe. Nous tenons un commerce d’autos pas un bureau de bienfaisance. Une « dent d’Elan ». Mets-les sur la Pontiac 36. Capots de toutes sortes. Aujourd’hui, soldes. Vieux monstres que vous pourriez facilement transformer en camions. Roulottes à deux roues, essieux rouillés sous le soleil de l’après-midi (94). Voitures d’occasion en bon état. Celle-là est bien entretenue. Si j’avais un millier de bagnoles. Vous allez en Californie. Voilà ce qu’il vous faut. Elle a encore des milliers de milles dans le ventre. Réclames pour voitures d’occasion… (95).

CHAPITRE VIII : RETROUVAILLES FAMILIALES CHEZ L’ONCLE JOHN.

. Les huit milles avant l’aube (96-100). Tom et le pasteur marchent sur le chemin qui n’est que traces de chenilles sous un ciel encore gris. Casy espère que Tom sait où il va. Il connaît le pays par cœur (il montre un arbre où son père a accroché un coyote mort) (96). Il a faim. Casy lui propose une chique. La faute à Muley s’ils sont partis si tôt. Il devient marteau à vivre comme une taupe. Il a peur de voir des gens, dit Tom. Marche silencieuse. Tom se demande comment ils ont pu se caser dans l’unique chambre de l’oncle John. Tom parle de lui comme quelqu’un d’un peu timbré (97). Parfois saoul ou chez une veuve ou à travailler sa terre à la lanterne. Plus vieux que Pa et de plus en plus sauvage. Tom raconte l’histoire de l’oncle John (il la tient de son père) : 4 mois après leur mariage, sa femme enceinte s’est plainte du ventre et a demandé d’aller chercher un médecin. John ne l’a pas prise au sérieux. Elle est morte le lendemain à 16h d’une « appendiste » [péritonite]. John, qui a toujours été je m’en foutiste, a pris ça pour un péché. Il lui a fallu deux ans pour s’en remettre. Il se figure que c’est sa faute si sa femme est morte. Il passe son temps à faire des faveurs aux gens pour se racheter (98) et pourtant il n’est jamais heureux. La nuit, il déposait des paquets de chewing-gums pour les enfants. Le jour se lève. Un serpent traverse le chemin. Lueur de l’aube. Un congrès de 5 chiens en l’honneur d’une chienne (99). Un gagnant. Tom reconnaît leur chien Flash. Tom se rappelle de l’histoire de Willy Feeley tout émoustillé en voyant le taureau des Graves couvrir sa génisse. Les commentaires grivois d’ Elsie Graves. Quand il était pasteur, Casy ne pouvait pas rire de ce genre d’histoire (100).
. Retrouvailles avec la famille (101- 121). L’horizon rougeoie à l’est. Tom aperçoit le réservoir de l’oncle John, la maison et la grange, tout un fouillis dans la cour. « Nom de Dieu, ils sont prêts à partir, fit Joad. » Un étrange camion dans la cour (une voiture réaménagée en camion). Ils entendent des coups de marteau venant de la cour. Ils sont maintenant dans la cour. Ils observent de plus près le véhicule, une conduite intérieure Hudson Super-Six dont le toit a été sectionné (101). Le vieux Tom est débout dans le camion en train de clouer des lattes. Tom appelle son père.

- Description de Pa. [1ère apparition dans le roman]. Pa réalise « C’est Tommy qui est revenu ». et tout de suite il se demande si Tom ne s’est pas évadé. Tom le rassure : il est libéré sur parole. Pa descend du camion et dit à son fils qu’ils vont en Californie et qu’il peut venir avec eux. Man craignait de ne pas le revoir. Pa propose à Tom d’aller la surprendre. Tom lui présente Casy. Pa demande s’il était en prison lui aussi (103). Casy explique qu’ils ont passé la nuit dans leur ancienne maison. Pa médite son plan pour surprendre Man. Deux chiens de berger s’approchent de Tom, l’un d’eux s’enhardit. Tom et Pa traversent la cour (104) et entrent dans la maison. Pa dit à Man que deux gars viennent d’arriver par la route et demandent si on pourrait leur donner un morceau. Man accepte sans se retourner.

- Description de Man [1ère apparition dans le roman] (105) « Elle semblait connaître, accueillir avec joie son rôle de citadelle de sa famille, de refuge inexpugnable. Et comme le vieux Tom et les enfants ne pouvaient connaître la souffrance ou la peur que si elle-même admettait cette souffrance et cette peur, elle s’était accoutumée à refuser de les admettre ». Bonne humeur, calme, sang-froid, dignité, beauté pure et calme. Le véritable pilier de la famille. « Elle semblait avoir conscience que si elle vacillait, la famille entière tremblerait, et que si un jour elle défaillait ou désespérait sérieusement, toute la famille s’écroulerait, toute sa volonté de fonctionner disparaîtrait. » Elle dit à l’homme d’entrer et… reconnaît son fils. Elle remercie le ciel et demande, elle aussi, s’il ne s’est pas échappé (106). Elle touche son fils qui se mord la lèvre puis reprend sa cuisine. Pa content de son coup. Grand-père aurait rigolé à s’en déboîter la hanche comme le jour où Al a tiré sur un dirigeable militaire. Rires. Tom demande où est Grand-père. Man dit que Grand-père et Grand-mère couchent dans la grange. La nuit en se levant, ils butaient contre Winfield (107) qui se mettait à crier. Alors Grand-père se mettait en colère et pissait dans son caleçon. Colère de Grand-père contre Al au point qu’il est allé chercher son fusil. Man demande à Pa d’aller les avertir du retour de Tom. Pendant ce temps, Man parle avec Tom, lui demande s’il n’a pas de colère en lui, si on lui a rien fait en prison (108). Man raconte l’histoire de Pretty Boy Floyd dont elle a connu la mère : elle explique l’engrenage infernal qui a transformé ce garçon de petit délinquant en assassin et en bête traquée finalement abattue [réflexion sur la justice et référent éventuel de ce qui pourrait arriver à Tom]. Man insiste pour savoir s’ils ont rendu Tom fou de rage. Il répond qu’il a essayé d’éviter les histoires (109). Tom évoque ce qu’ils ont fait à la maison. Man lui dit de ne pas leur résister. « Il paraît qu’il y an a 10 000 qu’on a chassés comme nous. Si on était tous aussi montés contre eux, Tommy… ils n’oseraient pas nous pourchasser. » Les gens sont comme assommés. Cris de joie de Grand-mère. Tom constate que sa mère a changé : « On ne m’avait jamais démoli ma maison, dit-elle, on n’avait jamais jeté ma famille sur les routes. Je n’avais jamais été obligée de vendre mes affaires. » Man reprend sa cuisine. Quatre personnes traversent la cour.

- Description de Grand-père qui marche en tête (110-111) [1ère apparition dans le roman]. Lubrique, cruel, impatient, espiègle, geignard, boutonne sa braguette…

- Description de Grand-mère qui arrive en trottinant derrière [1ère apparition dans le roman] : n’a survécu que parce qu’elle était aussi coriace, féroce et sauvage que son mari. Un jour, après un meeting, elle a tiré deux coups de fusils sur lui ; après cela, il a cessé de la torturer. Les deux adorent se disputer. Derrière eux, Pa et Noah.

- Description de Noah, le premier-né [1ère apparition dans le roman]. Grand et bizarre, jamais en colère (111). Marche et parle lentement. Pas idiot mais étrange. Chiffonné de partout. Le jour de sa naissance, Pa a tiré et tordu le bébé. Pa se sent coupable depuis ce jour-là, il est plus tendre avec lui qu’avec les autres. Noah peut faire tout ce qu’on lui demande mais rien ne l’intéresse. Etranger à ce qui se passe.
Grand-père voit Tom (112) et lui dit qu’il en aurait fait autant. Il s’est accroché avec le vieux Turnbull qui se vantait de se venger sur Tom. Grand-père lui a dit que s’il avait du sang des Hatfield, lui en avait des Mc Coy. « Béni soit le Dieu des victoires ! » répète Grand-mère. Grand-père frappe Tom sur la poitrine ; celui-ci lui demande comment il va. Grand-Pa se précipite à table. Grand-mère houspille son mari (qui dit vouloir conduire le camion) (113). Grand-père s’étrangle et recrache. Quelques mots échangés avec Noah. Le pasteur est allé se mettre à l’écart. Grand-mère veut qu’il dise des grâces. Il ne pouvait pas déranger les retrouvailles. Ils entrent ensemble dans la cuisine (114). Grand-mère veut ses grâces. Grand-père reconnaît le pasteur. Casy dit qu’il n’est plus pasteur mais accepte de leur faire plaisir. « J’ai réfléchi, dit-il. Je me suis retiré dans les collines pour réfléchir comme Jésus quand Il s’en est allé dans le désert pour chercher à se tirer de Ses ennuis. » (115) Casy continue à parler de sa retraite au désert et Grand-mère répond « Amen » machinalement. « Je me suis mis à réfléchir comme quoi on était saint que lorsqu’on faisait partie d’un tout, et l’humanité était sainte quand elle n’était qu’une seule et même chose. Et on perdait la sainteté seulement quand un misérable petit gars prenait le mors aux dents et pariait où ça lui chantait, en ruant, tirant, luttant. C’est les gars comme ça qui foutent la sainteté en l’air. Mais quand ils travaillent tous ensemble, pas un gars pour un autre gars comme qui dirait attelé à tout le bazar… ça c’est bien, c’est saint. Et puis je me suis mis à penser que je ne savais même pas ce que je voulais dire par le mot saint. » (116) Ils prennent le repas. Puis les hommes sortent et se dirigent vers le camion. Pa dit à Tom que c’est Al qui l’a examiné avant de l’acheter : il a travaillé pour une compagnie et a conduit un camion. Il s’y connaît. En ce moment, il est en train de courir les filles. A seize ans, il n’y a que deux choses qui l’intéressent : les filles et les machines. Cela fait huit jours qu’il découche (117). Grand-père occupé à se boutonner dit que quand il était jeune, il était pire qu’Al (meeting à Sallisaw). Tom demande où sont oncle John, Rosaharn, Ruthie et Winfield. John est parti à Sallisaw avec Ruthie et Winfield pour vendre des choses en passant par Cowlington. Rosaharn est chez les parents de Connie. Elle est enceinte de quatre ou cinq mois. Surprise de Tom qui leur demande quand ils comptent partir. Ils doivent vendre leur matériel et ils partiront peut-être demain ou après-demain. Ils n’ont pas beaucoup d’argent et la Californie est à 2000 milles (3 200 km). 200$ à eux tous (Tom a 2 ou 3$). Le camion a coûté 75$. Ils auront dans les 150$ en partant. Pneus en mauvais état. Le camion sent l’huile, la toile cirée et la peinture. Poulets, cochons, chiens… Pa interroge Tom sur ses habits (119). On les lui a donnés à sa libération. Dès que le camion sera fini, ils pourront le charger. Tom a conduit des camions à Mac-Alester. Retour d’Al.

- Description d’ Al [1ère apparition dans le roman]. A Sallisaw on le montre du doigt comme le frère de celui qui a tué un type d’un coup de pelle. (120). D’abord intimidé, il se rapproche de lui. Ils parlent de camions. Pa le trouve éreinté. Lui aussi ne peut s’empêcher de poser la question : s’est-il évadé ? (121).

CHAPITRE IX : LES OBJETS QU’ON DOIT VENDRE OU LAISSER

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. Objets bradés (122- 124). Dans leurs maisons, les métayers trient leurs affaires et choisissent ce qu’ils emportent dans l’Ouest. Dans les granges et les hangars, souvenirs liés à la charrue, à la herse (une SearsRebuck, on pourra en tirer 18$). Harnais, charrettes, semoirs, paquets de houes, attelage à vendre. Tractations : 50$ pas assez pour une bonne charrue. Ce semoir m’a coûté 38$... prenez tout ça avec ma rancœur [parallèle avec le marchandage pour les voitures] (122). Bric-à-brac dans la cour. Plus moyen de vendre une charrue à notre époque (50 cts au poids du métal). 5$... vous achetez des vies de rebut, de la rancœur, une charrue pour ensevelir nos enfants, des bras et du courage qui auraient pu vous sauver. 5$, je peux pas les remporter. Prenez-les pour 4. Vous achetez ce qui enfuira vos propres enfants. Et pour l’attelage et la charrette ? Souvenir de deux beaux bais et d’une petite fille. 10$ pour les deux ? J’aimerais mieux leur foutre un coup de fusil. Prenez-les ! Vous achetez avec la petite fille, des années de travail (123), un chagrin inexprimable. Vous nous avez ruinés et bientôt ce sera votre tour. Les métayers s’en reviennent les mains dans les poches. Peut-être pourrons-nous recommencer sur une terre nouvelle. Mais non, seul un bébé peut recommencer ; nous nous sommes ce qui a été (un instant de colère, millier d’images, terre rouge, années d’inondations, de pluies de sable, de sécheresse. La rancœur « Et un jour, toutes les armées des cœurs amers marcheront dans le même sens. Et elles iront toutes ensemble et répandront une terreur mortelle. » Les métayers rentrent chez eux, traînant les pieds.
. Objets emportés ou abandonnés (124- 126). Tout ce qui était vendable a été vendu, il reste encore des tas d’objets que les femmes tournent dans (124) leurs mains en songeant au passé. Tu sais bien ce que nous pouvons emporter et ce que nous ne pouvons pas emporter : pots pour la cuisine et la toilette, matelas, couvre-pieds, lanternes, seaux, pièces de toile, bidons de pétrole, fourneau, vêtements, fusil, une bouteille d’eau, outils. Plus de place maintenant. Chamailleries d’enfants : si Mary emporte cette poupée, j’emporte mon arc indien et ce bâton. A quoi ça ressemble la Californie ? Les femmes assises parmi les objets condamnés. Un livre qui appartenait à mon père. Pilgrim’s Progress. Une image d’ange tant regardée. Un chien de porcelaine rapporté de l’Exposition de Saint-Louis par tante Sadie. Une lettre écrite (125) par mon frère la veille de sa mort. Un chapeau démodé. Plus de place. « Comment vivre sans nos vies ? Comment pourrons-nous savoir que c’est nous, sans notre passé ? Non il faut le laisser. » Quel effet ça fera de ne pas connaître la terre. Mary jalouse que Sam emporte deux choses veut prendre le coussin à duvet. Brusquement, ils s’énervent. Il faut partir. Les objets qui brûlent dans la cour. (126)

CHAPITRE X : RASSEMBLEMENT DE LA FAMILLE ET DEPART

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.Discussions entre Tom, Man, Grand-père et Casy (127- 134). Le camion chargé, Tom erre dans la propriété (grange, stalles vides, appentis), va revoir les endroits qu’il connaît (tertre, saule), revient s’asseoir devant la porte. Man s’affaire dans la cuisine à laver les vêtements. Elle parle à Tom : elle espère que tout se passera bien. Ca lui semble trop beau. Elle a vu les prospectus qui parlent du travail qu’il y a là-bas (127). Elle a lu le journal à propos des embauches pour la cueillette des fruits. Ce serait agréable. « Tout ça me paraît trop beau. Ca me fait peur. J’ai pas confiance. Je crains qu’il n’y ait une attrape quelque part. » « Ne laisse pas s’envoler trop haut tes espérances, pour n’avoir pas à ramper comme un ver de terre. » dit Tom. Il n’est pas sûr que ce soit dans l’Ecriture depuis qu’il a lu the Winning of Barbara Worth. Son grand-père s’emmêlait aussi avec l’ Almanach du docteur Miles. Man parle du voyage et demande combien de temps il leur faudra (10, 15 jours ?) (128). Tom dit à sa mère de pas se tourmenter. Il a appris en prison à ne pas penser trop loin. Il faut prendre chaque jour comme il vient. Man continue sa lessive et à parler de la Californie (fruits, climat, petite maison blanche). Tom parle d’ un gars qu’il a connu et qui venait de Californie « il disait que les gens qui cueillent les fruits vivent dans des campements très sales et qu’ils ont à peine de quoi manger. Il disait que les salaires sont bas, quand on a la chance d’en toucher » [1er témoignage de la réalité californienne qui tranche avec toute la propagande et les rêves des émigrants]. Man ne veut croire qu’à la vérité de la chose imprimée (129). Tom ne veut pas la contredire. Man sort avec le linge. Grand-père sort de la chambre et se plaint qu’on ne le laisse pas dormir. De retour, Man le reboutonne (130). Il grogne. En Californie, il s’assoira dans une bassine pleine de raisin, dit-il. Tom rit de ses facéties. Grand-père se dit prêt à partir. Son frère est déjà en Californie depuis 40 ans, il n’a plus de nouvelles. Il est parti avec son colt. Man dit qu’il travaillait encore il y a trois mois avant de se déboîter la hanche. Puis Man et Tom parlent de Casy et des grâces qu’il a dites (131) : « il a l’air baptisé ». Il est près de la porte et demande s’il peut partir dans l’Ouest avec eux. Man dit que les hommes se réuniront ce soir et en parleront mais elle est confiante. De toute façon, il ne peut plus rester dans ce pays vide. Il travaillera dans les champs, ne prêchera pas, ne baptisera pas (132). Il restera près des gens. « C’est tout cela qui est saint, tout cela que je ne comprenais pas. Toutes ces choses-là sont de bonnes choses. » Ils parlent de ce que c’est que prêcher. Tom évoque la visite de l’Armée du Salut à Mac-Alester. « Prêcher c’est faire du bien à un type qu’est mal en point. » (133). Grand-père, Tom et Casy s’adossent au mur, à l’extérieur.
. Retour du camion avec Pa, Oncle John, Al, Ruthie, Winfield, Rose de Saron et Connie (134- 140). Le camion revient en fin d’après-midi au coucher du soleil : Al au volant, Pa et John, à côté de lui, Ruthie, 12 ans et Winfield, 10 ans, debout à l’arrière.

- Description de Ruthie et de Winfield [1ère apparitions dans le roman] : elle, prend son rôle au sérieux, lui un morveux.

- A côté d’eux Rose de Saron- Description de Rose de Saron [1ère apparition dans le roman] toute orientée vers son bébé (134)

- et Connie, 19 ans, son mari, effrayé par le changement de Rose. Description de Connie [1ère apparition dans le roman] : jeune homme maigre et travailleur, il fera un bon mari.

- Oncle John. Description d’ Oncle John [1ère apparition dans le roman] : corps mince et vigoureux, solitaire, célibataire, sobre jusqu’à ce que ses appétits éclatent : alors il mange et boit avec excès, se vautre avec quelque putain de Sallisaw (un jour avec trois putains à Shawnee) (135). Une fois rassasié, il redevient triste, honteux et solitaire, évite les gens et fait des cadeaux. La mort de sa femme lui a donné un complexe de culpabilité. Il se doit cependant à ses obligations familiales.
Les trois hommes à l’avant sont moroses. Al regarde la route et le tableau de bord, préoccupé par l’état du camion. Il sent sa responsabilité engagée et prend ça très au sérieux (136). Tout le monde est fatigué. Les hommes sont furieux ; ils n’ont obtenu que 18$ pour tout le mobilier. Ils ont bien essayé de discuter mais ils ont été vaincus et ont même perdu 2$ de plus. Al évoque ces gars venus d’ailleurs et qui gagnent un argent fou sur le dos des fermiers qui sont obligés de vendre. Tom aurait pu mieux faire (137). John et Pa reviennent sur la situation. Al pose la question de la situation judiciaire de Tom qui l’empêche de sortir de l’Etat. Pa en parlera à Tom. Ils arrivent à la maison de John (138). Les freins grincent.
Ruthie et Winfield veulent voir Tom. Ils le regardent avec admiration. Connie descend pour aider Rose de Saron. Tom ne s’attendait pas à la voir. Elle lui présente Connie. L’enfant n’est pas prévu avant l’hiver (139). La famille se réunit autour du camion. Le gouvernement familial ouvre la session. Lumière du crépuscule.
. Le conseil de famille (140- 146). Famille réunie à l’endroit le plus important : le camion. Description du camion (140). Pa et oncle John accroupis près du camion. Grand-père sur le marchepied. Tom, Connie et Noah forment un demi-cercle autour de lui. Les trois femmes restent debout derrière les hommes. Ruthie et Winfield sautent d’un pied sur l’autre. Seul le pasteur est absent. Pa fait son rapport : 18$ seulement. Au total, ils ont 154$ (141). Al fait le point sur la voiture (1ère participation au conseil de famille) : les pneus, les raisons du choix de ce modèle (plus facile de trouver des pièces). On attend que Grand-père parle le premier. Il félicite Al qui en rougit (142). Pa dit qu’Al est le seul à s’y connaître en autos. Tom corrige mais félicite Al puis aborde la question de la participation du pasteur à leur voyage. Les arguments de Grand-père (porte bonheur ou porte-malheur) (143). Pa veut considérer le chargement : 12 personnes, les deux chiens. Noah ajoute les poulets et les deux cochons (on les fera saler). Est-ce qu’on peut tenir avec une bouche de plus à nourrir ? Man répond que ce n’est pas une question de possibilité mais plutôt de volonté et que les Joad ou les Hazlett n’ont jamais refusé l’hospitalité. Pa insiste sur le problème de place mais Man lui cloue le bec. Il en est ulcéré (144). Grand-mère se félicite d’avoir un pasteur avec eux. Tom va chercher Casy. Le pasteur a compris. Il se joint aux autres. Man est allée dans la maison pour vérifier sa cuisine. « Ils attendirent qu’elle revînt à travers la cour sombre, car Man était une puissance dans le groupe ». Pa aborde la question de leur départ. Il veut saler les cochons et partir le plus tôt possible (145). Ils décident de tuer les cochons immédiatement pour que la viande refroidisse pendant la nuit. Excitation des enfants.
. Le repas (146- 147). Les adultes s’éloignent vers la cuisine. Man leur sert des légumes verts et de la viande et met de l’eau à chauffer. La famille se hâte de manger et sort sur le seuil. (146). Man et Rose font la vaisselle.
. On tue les cochons (147- 148). Puis la famille se met au travail pour tuer les deux cochons. Tom abat les cochons avec la hache et Noah continue (147) avec son couteau. Le pasteur et l’oncle traînent le premier ; Tom et Noah l’autre. A la maison, Noah découpe les cochons. Tom et Man raclent les peaux. Al s’occupe des entrailles. Les grands-parents vont dormir. Le reste de la famille s’assoit devant la maison. Pa fait le point : ils saleront le porc demain matin, ils chargeront le camion et partiront après-demain. (148)
. Et si on partait demain ? (149- 154). Tom propose de filer à l’aube. Salons la viande tout de suite, dit Noah. Man a peur qu’ils oublient quelque chose. Noah se lève et se met à aiguiser un couteau (149). Ils ne tiennent plus en place maintenant qu’ils ont décidé. Tous s’y mettent : Man et Noah autour des carcasses, les hommes chargent le camion, Rose de Saron met les matelas et les couvertures sur une grande toile, les enfants se sont endormis (150). Casy propose de saler la viande pendant que Tom demande ce qu’on apporte de la cuisine (liste du matériel) (151). Man est fatiguée. Elle se reprend. Man ouvre une boîte avec des lettres, des coupures de journaux, une paire de boucles d’oreilles, une chevalière en or, une chaîne de montre (152) et un bouton de manchette en or. Elle met les bijoux dans une enveloppe puis met la boîte dans le fourneau.
Pa et Al chargent le camion dans le noir. Disposition dans le camion : outils à portée de main, caisses de vêtements et ustensiles de cuisine, matelas au sommet, bâche par-dessus, cordes tendues par Al qui voudrait se procurer un mât (153). Al demande à Pa s’il est content de partir : « On a eu la vie dure ici. Là-bas, naturellement, ça n’sera pas pareil… y a de l’ouvrage tant qu’on en veut, et tout est joli et vert, avec des petites maisons blanches et des orangers tout autour. » Première grisaille de l’aube. Le chargement est fini. Les adultes rongent des os de porc croustillants. Tom dit qu’il faudra bientôt réveiller les grands-parents, il va faire jour. Man a des scrupules. Ils pourront dormir en haut du chargement.
. Visite de Muley Graves (154- 155). Les chiens aboient. C’est Muley Graves (154). Il est venu leur dire adieu. Pa demande à Al d’aller réveiller les grands-parents pour qu’ils viennent manger. Pa propose à Muley de l’emmener mais il n’a pas envie de partir et demande de passer un message à sa famille (155).
. Grand-père ne veut plus partir (156- 159). Al revient avec Grand-père qui ne veut plus partir. « Y a rien du tout, fit-il. Y a seulement que j’ veux pas m’en aller […] J’vous dis pas de rester […] Allez-vous en. Moi… je reste. J’y ai bien réfléchi, toute la nuit, quasiment. C’est mon pays, ici. C’est ici ma place. Et j’me fous des oranges et des raisins quand bien même ça pousserait jusque dans mon lit. J’pars pas. Ce pays-ci n’est plus bon à rien, mais c’est mon pays. Non partez, vous autres. Moi j’resterai ici où est ma place. » Tous se pressent autour de lui. Pa lui rappelle que la terre va être défoncée par les tracteurs. Il ne peut pas rester seul. Grand-père s’obstine (156). Man, Pa et Tom se concertent. Il faut l’endormir avec un sédatif dans son café (2 ou 3 cuillères à soupe de sirop) (157). Il boit le café et… s’endort. Grand-mère demande ce qui se passe. Aube. Muley vient voir Tom (158) pour lui parler de sa liberté sur parole.
. Départ (159- 160). Mais Tom rappelle qu’il faut partir et demande de charger Grand-père sur le camion. Tom, Al, Pa et John le portent. Grand-mère et Man vont s’asseoir à côté d’Al pour commencer. Les autres s’empilent en haut des caisses. Noah siffle les chiens. Un seul arrive. Pa demande à Muley de s’occuper des autres. Le camion démarre et quitte la ferme (160).

CHAPITRE XI : MAISONS ET TERRES ABANDONNEES

. L’homme-machine et le tracteur mort (161- 162).Maisons et terres abandonnées. Seuls les hangars à tracteurs vivent dans ce désert. Une vie de métal, d’essence et d’huile. Pas de jour ou de nuit pour les tracteurs. Contrairement au cheval, le tracteur est mort quand il s’arrête. Le chauffeur rentre chez lui à 20 milles et peut rester des semaines sans rentrer. Le travail perd son caractère merveilleux. « Et chez l’homme au tracteur grandit le mépris qui s’empare de l’étranger, lequel n’a qu’une faible compréhension et pas de lien. » (161). Les nitrates, les phosphates, la longueur des fibres de coton, ce n’est pas la terre. Le carbone, le sel, l’eau, le calcium ne sont pas un homme. L’homme est plus que sa nature chimique qui fait tous les actes de l’agriculture et de la vie. Il est plus que les éléments dont il est formé. « Mais l’homme-machine qui conduit un tracteur mort sur une terre qu’il ne connaît pas, qu’il n’aime pas, ne comprend que la chimie, et il méprise la terre et se méprise lui-même. Quand les portes de tôle sont refermées il rentre chez lui, et son chez-lui n’est pas la terre. »
. Dégradation des maisons (162- 163). Les portes des maisons vides claquent dans le vent. Les gamins cassent les vitres et fouillent les détritus. Les insanités que Whitey a écrites sur le mur. Les chats dans les maisons abandonnées deviennent sauvages. Chauve-souris, souris (162), belettes et chouettes. Détérioration rapide des maisons abandonnées (163)

DEUXIEME PARTIE : LE VOYAGE VERS LA CALIFORNIE

CHAPITRE XII : LES GALERES DE LA ROUTE 66
. La 66 (164). « La Nationale 66 est la grande route des migrations. 66… le long ruban de ciment qui traverse tout le pays, ondule doucement sur la carte du Mississipi jusqu’à Bakersfield… à travers les terres rouges et les terres grises, serpente dans les montagnes, traverse la ligne de partage des eaux, descend dans le désert terrible et lumineux d’où il ressort pour de nouveau gravir les montagnes avant de pénétrer dans les riches vallées de Californie. La 66 est la route des réfugiés, de ceux qui fuient le sable et les terres réduites, le tonnerre des tracteurs, les propriétés rognées, la lente invasion du désert vers le nord, les tornades qui hurlent à travers le Texas, les inondations qui ne fertilisent pas la terre et détruisent le peu de richesses qu’on y pourrait trouver. C’est tout cela qui fait fuir les gens, et par le canal des routes adjacentes, les chemins tracés par les charrettes et les chemins vicinaux creusés d’ornières les déversent sur la 66. La 66 est la route-mère, la route de la fuite. »
[Voir document : LES RAISONS DE LA COLERE Cartes sur POT ETHIQUE A LENTS TICS.]
. Itinéraire du voyage des Joad (164-165). Sur la 62 : Clarksville, Ozark, Van Buren, et Fort Smith (fin de l’Arkansas). Toutes les routes qui mènent à Oklahoma City : la 66 de Tulsa, la 270 de Mac Alester, la 81 de Wichita Falls, au sud, Enid au nord. Edmond, Mac Loud, Purcell. La 66 à la sortie d’ Oklahoma City ; El Reno, 14. Hydro et Clinton sur la 66. Elk City et Texola (fin de l’Oklahoma). La 66 à travers l’enclave du Texas (164). Shamrock, Mac Lean, Conway, et Amarillo la jaune. Wildorado, Vega et Boise (fin du Texas). Tucumari, Santa Rosa, et l’arrivée des montagnes du New Mexico jusqu’à Albuquerque où aboutit la route qui descend de Santa Fe. Puis descente du Rio Grande jusqu’à Los Lunas et de nouveau vers l’Ouest jusqu’à Gallup (frontière du Nouveau Mexique). Hautes montagnes. Holbrook, Winslow et Flagstaff sous hautes cimes de l’Arizona. Grand plateau. Ashfork et Kingman. Et de nouveau des montagnes rocheuses. A la sortie des montagnes, le Colorado (fin de l’Arizona). La Californie de l’autre côté. Needles, sur le fleuve. Chaîne calcinée, désert effroyable. Puis Barstow, encore le désert, bonnes montagnes. Puis un col et en bas, la vallée, les vignobles, une ville, c’est terminé.
. Les vicissitudes de la route (165- 170). Les fugitifs se pressent sur la route en voitures isolées ou en petites caravanes. Roulent le jour, s’arrêtent la nuit près des points d’eau. Véhicules trop chargés et brinquebalants, conducteurs inquiets. Distance entre les villes. Et si on casse quelque chose : on campera et Jim ira à pied jusqu’à la ville à pied chercher des pièces (165). Ecoute le moteur. L’argent file vite. Pourquoi elle chauffe ? Si elle pouvait tenir jusqu’en Californie. Et les pneus. Ils demandent des prix fous. (166) A prendre ou à laisser. Hier on a vu passer 42 bagnoles dans votre genre. Pas de place pour les gens de votre espèce. On peut quand même aller où on veut ! Il y a des inspecteurs aux frontières… permis de conduire déchiré. « Eh bien tâchez d’en trouver de la liberté. Comme dit l’autre, ta liberté dépend du fric que t’as pour la payer. » Le prospectus qui parle de salaires élevés. Foutaises, on se moque de vous. Alors vous le voulez ce pneu ? (167) Vous m’aviez dit que l’enveloppe était bonne, elle est presque traversée. Pas vu. Vous vouliez me faire payer 4$ pour ça. Je vous le laisse pour 3,5$. On essaiera de tenir jusqu’à la prochaine ville. Les affaires. Réclames au bord de la route. Les affaires : qui se fait baiser ? Il faut mentir, tricher. Danny voudrait de l’eau. Faudra attendre. Bruit à l’arrière. (168). Merde ! Ca y est ! Eclaté ! Autos en panne sur le bord de la route. 250 000 personnes sur la route, 50 000 vieux tacots. Epaves abandonnées. Que sont-ils devenus ? Une belle histoire. Une roulotte avec une famille de 12 personnes (169) prise en remorque par une conduite intérieure. Le chauffeur les a nourris tout le trajet et conduit en Californie en un rien de temps. « Mais comment peut-on avoir un tel courage, une telle foi dans son prochain ? Il y a bien peu de choses qui pourraient enseigner une telle foi. » Les choses cruelles et belles qui arrivent à ceux qui fuient l’épouvante.

CHAPITRE XIII : LA PREMIERE JOURNEE DE VOYAGE : DE SALLISAW A BETHANY

. Sallisaw- Paden (171- 174). A Sallisaw, la vieille Hudson atteint la grand-route et prend la direction de l’ouest. Soleil aveuglant. Al prend de la vitesse. Sallisaw- Gore : 21 milles, 35 à l’heure ; Gore- Warner : 30 milles ; Warner- Checotah : 14 milles ; de Checotah à Henrietta, étape longue mais vraie ville au bout ; de Henrietta à Castle : 19 milles, soleil au zénith. Al écoute sa voiture avec tout son corps, il est devenu l’âme de la voiture Près de lui, Grand-mère somnole, Man regarde devant elle, les yeux vides (171). Al change de position sur son siège défoncé, s’inquiète des côtes, demande à Man s’il y a des collines d’ici la Californie. Al s’inquiète des montagnes et … de la présence du pasteur en surcharge. Il nous aidera, dit Man. Il lui demande si elle a peur d’aller dans ce pays nouveau. « Quand il arrivera quelque chose et qu’il faudra que j’agisse… je le ferai ». Il insiste : est-ce qu’elle n’a pas peur que ce ne soit pas aussi beau qu’on se le figure ? (172) Il faut que je suive la route sur laquelle je suis. « Si j’faisais plus que ça, les autres en seraient tout retournés. Ils se fient tous à moi pour que justement je ne pense pas plus loin que ça. » Grand-mère se réveille, veut descendre d’urgence. Al s’arrête au premier buisson et l’aide à descendre. Au sommet du camion, on réagit. Grand-père sort la tête, répète qu’il ne veut pas partir et se rendort, les autres descendent (173). Toute la famille grignote. On a oublié la bonbonne d’eau. Subitement, ils ressentent la soif, notamment Winfield. Al promet de trouver de l’eau au premier poste d’essence. Ils repartent. De Castle à Paden : 25 milles. Le soleil commence à redescendre. Le bouchon du radiateur commence à tressauter.
. Premier drame à la station-service de Paden (174- 184). Près de Paden, une cabane au bord de la route avec deux postes à essence, un robinet avec un tuyau près d’une palissade. Un gros homme s’approche d’eux. Description du pompiste de Paden (174). L’homme, suspicieux, leur demande s’ils ont l’intention d’acheter quelque chose, s’ils ont de l’argent. Puis, rassuré, évoque tous les gens qui viennent, prennent de l’eau, salissent les cabinets (et voleraient bien s’ils le pouvaient), mendient un gallon d’essence sans rien acheter. Tom furieux contre cet homme qui les prend pour des mendiants. Il leur propose de se servir des toilettes et de prendre de l’eau. Le pompiste parle maintenant des 50 à 60 voitures quotidiennes qui passent sur la route pour aller vers l’ouest. « Où vont-ils ? Qu’est-ce qu’ils vont faire ? » « - Ils font comme nous, dit Tom. Ils vont chercher un endroit pour y vivre » (175). Le pompiste se plaint que seuls s’arrêtent ici, que les grosses voitures ne s’arrêtent pas. Al dévisse le bouton du radiateur et le remplit avec le tuyau. Oncle John aide le chien à descendre. Le pompiste cite tout ce qu’on peut lui proposer en échange d’essence ou d’huile (liste), sous-entendus grivois. Jim Casy prend la défense de ces malheureux : ça vous plairez à vous de vendre votre lit pour faire un plein d’essence ? Ils ont tous de bonnes raisons, répond le pompiste (176) mais qu’est-ce qui va sortir de tout ça ? Tom mouille sa casquette. Man donne de l’eau à Grand-mère et Grand-père. Al demande 6 gallons d’essence. Lamentations du pompiste : « J’ sais vraiment pas où nous allons. Avec ces allocations de chômage et tout le reste. » Nous n’allons nulle part, répond Casy, on va, on est toujours en mouvement aujourd’hui. « Du moment qu’ils en veulent et qu’ils en ont besoin, ils iront le chercher. C’est à force de recevoir des coups que les gens sentent l’envie de se (177) battre ». Tom reproche au pompiste de répéter toujours la même plainte sans chercher à comprendre. Tom regarde la petite station-service et de la tenue minable du garagiste et lui dit : « J’ voulais pas m’en prendre à vous, mon vieux. C’est la (178) chaleur. Vous n’avez rien. D’ici peu de temps vous vous mettrez en route vous aussi. Et c’est pas les tracteurs qui vous feront foutre le camp. Ce sera les jolis dépôts d’essence jaunes autour des villes. Les gens se déplacent, dit-il, avec un peu de honte. Et vous vous déplacerez aussi. » Le gros homme surpris qu’ils aient deviné leurs projets. Le pasteur répond que c’est le sort de tout le monde (métaphore du gila monster qui s’accroche et dont le poison s’insinue).
Près de la prise d’eau, Connie et Rose de Saron discutent (179). Depuis le début de sa grossesse, Rose de Saron a pris un air de mystère auquel Connie essaie de s’initier. Ils regardent passer une Lincoln Zéphyr avec un air de complicité. S’il y a beaucoup de travail en Californie, ils auront une voiture ou une maison (180). Il s’inquiète de son état.
Le chien lape l’eau boueuse puis essaie de traverser la route. Il se fait écraser par une grosse voiture qui ralentit à peine. Rose crie et craint de s’en ressentir. Connie l’éloigne de la scène. Tom traîne le cadavre jusqu’au bord du fossé. Pa se rassure en disant qu’ils auraient eu du mal à le nourrir (181). Le gros homme dit qu’il a perdu trois chiens en l’espace d’un an et qu’il s’occupera de celui-là. Man rassure Rose de Saron. On cherche Grand-mère. Elle s’était endormie aux cabinets (182). Ruthie sort d’un champ de maïs avec une douzaine d’œufs de reptile quand elle voit le chien. Les deux enfants, impressionnés, montent dans le camion. Winfield vomit. Tom prend le volant. Al lui dit d’avoir l’œil (183). La famille s’entasse à nouveau au sommet du camion. Le camion quitte la station-service.
. Paden-Bethany (184- 186). Le soleil décline. Grand-mère dort. Man s’assoupit. Tom se protège du soleil rasant. Paden- Meeker : 30 milles ; Meeker- Harrah : 14 milles puis la grande ville d’Oklahoma City. Man regarde les rues, la famille écarquille les yeux à la vue des magasins, des grandes maisons, des édifices commerciaux. Les deux enfants absorbent tout. Puits de pétrole en bordure de la ville. Rose et Connie remarquent un homme vêtu d’un complet clair et rient (184). Longs faubourgs. Ils se retrouvent sur la voie 66 qu’ils suivront jusqu’au bout. Le soleil baisse. Man s’inquiète d’un coin où s’arrêter. Oklahoma City- Bethany : 14 milles. Man, de nouveau assoupie se relève brusquement et soudain s’inquiète pour Tom qui s’apprête à franchir les limites de l’Etat (185). Tom la rassure : s’il ne se fait pas pincer pour quelque chose, ils s’en foutent. Elle n’est pas rassurée. « Des fois on commet des délits sans même savoir que c’est mal. Peut-être bien qu’il y a des délits en Californie que nous ne connaissons pas. Tu feras peut-être quelque chose que tu croiras bien et en Californie il se trouvera que c’est mal » [voir Pascal : vérité en deçà des Pyrénées]. La liberté sur parole n’y change rien, dit Tom qui essaie de la rassurer. Il rajoute que ça vaut mieux que de rester crever de faim à Sallisaw.
. Le bivouac à Bethany (186- 208). Les Wilson. Dans un fossé à la sortie de la ville, il y a déjà une vieille voiture, capot ouvert, avec une petite tente à côté. Description de l’homme penché au-dessus de son moteur (186). Tom engage la conversation : de l’eau à 500 m au poste d’essence, autorisation de camper à côté d’eux. L’homme les présente à sa femme Sairy Wilson, femme chétive et tremblante. Description. (187) Tom rapproche le camion. Ils descendent. Man demande aux enfants d’aller chercher de l’eau pendant qu’elle se met à l’ouvrage. Ivy Wilson dit qu’ils viennent de Galena en Arkansas (les Joad près de Sallisaw). La question des accents d’Arkansas ou du Massachussetts. Noah, John et le pasteur entreprennent de décharger le camion, aident Grand-père à descendre.
La mort du grand-père. Il reste affaissé à terre (188). Noah lui demande s’il est malade. Sairy lui propose de s’étendre sous leur tente. Il se met à pleurer. Surprise, Man se précipite vers lui et demande à Casy d’aller le voir (189). Le corps du vieillard s’agite. C’est une attaque ! Par l’ouverture, Man signale que Grand-mère veut rentrer (190). Elle pense qu’il boude. Grand-mère demande à Casy de prier. Man raconte comment Ruthie priait quand elle était enfant. Grand-père semble lutter et soudain, Sairy crie : sa langue ! Casy a compris (191). Il force e sa mâchoire et dégage sa langue. Les râles reprennent puis la respiration s’arrête. Sairy fait sortir Grand-mère et la fait asseoir (192). « C’est un coup de sang, dit Casy. Une apoplexie foudroyante ».
L’enterrement du grand-père. Crépuscule, longue série de camions sur la route (un remplaçant dort sur une couchette). Les hommes s’accroupissent. Les enfants reviennent avec le seau. Pa fait le point sur la situation (194) et remercie les Wilson. Al propose de réparer leur voiture avec Tom. Le problème de l’enterrement : soit payer 40$ pour les croque-morts soit on l’enterre comme indigent. Ils ne veulent pas (194). Autrefois un fils pouvait enterrer son père. « Y a des cas où qu’y a pas moyen de suivre la loi, dit Pa. De la suivre en se comportant de façon convenable, tout au moins. C’est souvent qu’ ça arrive. Quand Floyd Beau- Gosse était en liberté et qu’il était déchaîné sur le pays, la loi disait qu’il fallait le livrer… ben, personne ne l’a fait. Y a des fois qu’il faut tourner la loi. Et je maintiens que j’ai le droit d’enterrer mon propre père. » Tom fait la remarque qu’on pourrait le déterrer et s’imaginer qu’il a été tué (195). Ils vont donc laisser un message pour expliquer de quelle façon il est mort. Man va lui faire sa toilette (une pièce d’argent sur chaque paupière pendant que Sairy et Rose feront le repas (196). Ils vont l’envelopper dans la couverture des Wilson qu’ils remplaceront. « Nous sommes trop contents de vous aider. Y a longtemps que je ne m’étais pas sentie… aussi… en sécurité. Les gens ont besoin de ça… de se rendre service. » Grand-mère ne s’est peut-être pas rendu compte. Nous autres, tâchons de ne pas nous laisser abattre (197). Rose s’inquiète pour son bébé. Man et Sairy la rassurent (198). Les hommes commencent à creuser. Tom écrit un mot : « Cet homme-si, c’est William James Joad, mort d’un cou de sand, très vieux. C’est les siain qui l’on enterré parce qu’ils n’avait pas d’argent pour l’enterment. Personne l’a tué. Juste un cou de sand et il est mort. » Man voudrait qu’on y rajoute quelque chose de l’Ecriture. Proposition de Sairy. (199) Finalement ils retiennent : « Heureux ceux à qui les iniquités sont pardonnés et dont les péchés sont remis » (verset des Psaumes) (papier dans un pot de confiture avec la couverture). Le corps au fond de la fosse. Grand-mère dort (200). Casy accepte de dire quelques mots : « Tout ce qui vit est saint. » (201). Le trou est rebouché. Les femmes s’affairent pour le dîner. Winfield pleure. Tom et John finissent de combler le trou. Mais il faut l’aplanir pour pas qu’on la remarque. « On le déterrera sans hésiter et on se fera pincer pour avoir pas suivi la loi. Tu sais ce qui m’attend si je ne suis pas la loi » (202)
Les Sairy et les Joad vont faire route ensemble. Les deux familles mangent. Les Wilson sont en route depuis trois semaines. Pessimisme de Pa. Tout le monde autour du feu. Grand-mère gémit. Noah surpris de ne pas être triste. (203). Al rappelle ce que Grand-père voulait en arrivant en Californie. « C’était pour blaguer. Je crois qu’il le savait. Et grand-père n’est pas mort ce soir. Il est mort à la minute que vous l’avez enlevé de chez lui » dit Casy. Pourquoi le pasteur n’a-t-il rien dit ? A quoi bon, ils n’auraient rien pu faire. Il reste avec sa terre. Wilson explique que lui a dû laisser son frère Will. Il possédait une propriété à côté de la sienne, a acheté une voiture. La veille de leur départ (204) Will et tante Minnie ont eu un accident. Les Wilson qui n’avaient plus que 88$, n’ont pas pu attendre. Dépenses pur réparer dent d’engrenage, bougie, pneu. Sairy est tombée malade : 10 jours d’arrêt et maintenant tacot en panne. Wilson n’y connaît rien. Al va regarder (205). Wilson évoque à son tour les prospectus qui parlent de main d’œuvre et de gros salaires. Pa sort un prospectus orange de son porte-monnaie : « On embauche pour la cueillette des pois en Californie. Gros salaires en toutes saisons. On demande 800 journaliers. » Wilson se demande s’ils auraient déjà les 800 journaliers. (206). Ils regarderont la voiture demain. Tom propose qu’ils restent ensemble après la réparation. Quelques uns iront dans la voiture des Wilson qui est moins chargée. Wilson a des scrupules à cause de leurs faibles moyens. Man insiste car Sairy les a aidés à enterrer Grand-père. « Leur parenté était établie ». (207). Ils tiendront à 6 dans la voiture (les Wilson, Al, Rosaharn, Connie et Grand-mère) avec quelques objets légers. Sairy ne veut pas être un embarras pour eux. Man ne la laissera pas tomber. Les familles vont se coucher. Seule Sairy lutte contre la douleur (208).

CHAPITRE XIV : LES ETATS DE L’OUEST INQUIETS DU CHANGEMENT.

. Ce qu’est l’homme 209- 210). Terres de l’Ouest et grands propriétaires inquiets aux premiers indices du changement sans en comprendre la nature. Ils s’en prennent aux effets immédiats (gouvernement, unité des groupements ouvriers, taxes, plans) qu’ils confondent avec les causes : la faim d’un million de personnes, faim de nourriture, de travail, de créer au-delà des nécessités individuelles. Voilà ce qu’est l’homme. Car l’homme, différent des autres créatures organiques, croît (209) par-delà son travail, domine ses propres accomplissements. Quand les grandes théories s’effondrent, l’homme va de l’avant. Chaque bombe qui tombe est la preuve que l’esprit n’est pas mort. Chaque grève réprimée est la preuve qu’un pas est en train de se faire. « … craignez le temps où l’Humanité refusera de souffrir, de mourir pour une idée, car cette seule qualité est le fondement de l’homme même, et cette qualité seule est l’homme, distinct dans tout l’univers. »
. Du « Je » au « Nous » ? (210- 212). Le père a emprunté de l’argent à la banque et la banque veut la terre. La Société immobilière veut des tracteurs sur les terres et non des familles. Si ce tracteur était à nous, il serait bon (210). Nous pourrions aimer ce tracteur comme nous avons aimé cette terre mais le tracteur retourne notre terre et nous en chasse (comparé à un tank). Famille dans une vieille auto sur la route. Campement au bord de la route, une autre famille s’approche ; les tentes se dressent.
« Tel est le nœud. Vous qui n’aimez pas les changements et craignez les révolutions, séparez ces deux hommes accroupis ; faites-les se haïr, se craindre, se soupçonner. Voilà le germe de ce que vous craignez. Voilà le zygote. Car le « j’ai perdu ma terre » a changé ; une cellule s’est partagée en deux et de ce partage naît la chose que vous haïssez : « Nous avons perdu notre terre. » C’est là qu’est le danger, car deux hommes ne sont pas si solitaires, si désemparés qu’un seul. Et de ce premier « nous » naît une chose encore plus redoutable : « J’ai encore un peu à manger » plus « Je n’ai rien ». Si ce problème se résout par « Nous avons assez à manger » la chose est en route, le mouvement a une direction. Une multiplication maintenant, et cette terre, ce tracteur sont à nous […] C’est le commencement … du « Je » au « Nous ». Si vous qui possédez les choses dont les autres manquent, si vous pouviez comprendre cela, vous pourriez peut-être échapper à votre destin. Si vous pouviez séparer les causes des effets, si vous pouviez savoir que Paine, Marx, Jefferson (211), Lénine furent des effets, non des causes, vous pourriez survivre. Mais cela, vous ne pouvez pas le savoir. Car le fait de posséder vous congèle pour toujours en « Je » et vous sépare toujours du « Nous ».
Le besoin est ce qui stimule la conception et pousse à l’action. Un ½ million d’hommes en mouvement, un autre million qui s’impatiente, dix millions qui ressentent les premiers symptômes. Et les tracteurs creusent les terres désertées.

CHAPITRE XV : PETITS BISTROTS DE FORTUNE SUR LA ROUTE 66.

. Serveuses et cuisiniers dans les bistrots (213- 215). Noms des bistrots (Chez Al et Suzy- Chez Carl, sur le pouce – Restaurant Joe et Minnie) : bicoques en planches, 2 pompes à essence… appareils à sous, phonographe automatique (Ti-pi-ti-pi-tin, Thanks for the Memory, Bing Crosby, Benny Goodman). Vitrine ouverte à un bout du comptoir… Long bar avec salières, poivrières, pots à moutarde, barils de bière, percolateurs, tartes dans cages en fil de fer, oranges en pyramides, gâteaux secs, flocons de maïs (213). Cartons-réclames : tartes maison, pas de crédit, les dames peuvent fumer, Isywybad… A un bout du comptoir, plaques chauffantes et plats préparés… Derrière le comptoir, une serveuse entre deux âges (Minnie, Suzy ou Mae) prend les commandes et les transmet au cuisinier, essuie le comptoir, astique le percolateur. Le cuisinier (Joe, Carl ou Al) a chaud. Lunatique et silencieux, fait la cuisine et racle ses plaques. Mae établit le contact. Soigne les camionneurs sur qui repose la boîte. Ils s’y connaissent, impossible de les rouler. Elle plaisante avec eux. Al ne dit rien (214), il continue à faire la cuisine (recette). Voitures qui filent sur la 66. Plaques des différents états. Discussion sur les différents modèles (Cord, La Salle, Cadillac, Zéphyr, Buick-Puick, Ford – ah non, pas Ford, j’ai un frère qui a travaillé chez lui.
. Un couple fortuné et snob (215- 217). Grosses voitures : belles dames languides épuisées de chaleur (216) avec un millier d’accessoires, sans compter les toilettes : emmerdeuses…. Petits hommes bedonnants en complets clairs, inquiets et avides de sécurité, insignes pour se rassurer : « ils peuvent se rassurer, se convaincre que les affaires sont une noble occupation et non la curieuse exploitation rituelle qu’elles sont ». Ces deux qui vont en Californie pour s’asseoir dans le hall de l’Hôtel Beverly-Wilshire et regarder passer les gens qu’ils envient (216) pour voir le Pacifique avant de retourner chez eux pour dire qui ils ont vus et en médire. Il n’est jamais calme, elle n’est jamais heureuse. Ils s’arrêtent pour boire. Mae qu’ils boiront un soda de 5cts en se plaignant qu’il n’est pas frais. Elle jettera sa serviette par terre, reniflera les odeurs et lui, avalera de travers puis ils s’en iront en disant que les gens de l’Ouest sont grincheux. Me les traite de merdeux.
. Les camionneurs, c’est autre chose (217- 221). Mae parle de son boulot dans un hôtel d’ Albuquerque (217) : plus ils étaient riches, plus ils volaient. A qui prennent-ils leurs bagnoles et tous leurs trucs ? Le camionneur et son remplaçant, en avance sur l’horaire, décident de s’arrêter pour boire un café. Mae salue Grand Bill Face de Rat : il a repris de parcours depuis huit jours, met une pièce dans le phono et chante pour faire rire Mae. Il présente son adjoint qui met des pièces dans la machine à sous. Bill demande un café et une part de tarte (218) à la crème de banane. Histoire de la génisse couverte par le taureau pour faire rire Mae. Al s’active. Il sait que chaque camionneur va laisser 25 cts (15 pour café et tarte, 10 pour Mae et ils n’essaient pas de la tomber). Bruits du percolateur, du compresseur de la glacière (219), d’un ventilo. Ils parlent des voitures de tous les états sur la 66. L’assistant a vu un accident ce matin : une Cadillac et une voiture transformée en camion : un gosse de tué, son père choqué. La route couverte de ces familles (220). J’en ai jamais vu autant. Ceux qui viennent acheter de l’essence ici. Mae a peur qu’ils volent (même s’ils ne l’ont jamais fait). En v’là qui s’amènent.
. Les migrants à la Nash 1926 (221- 225). Une Nash 1926 s’arrête. Chargée. Deux petits garçons blonds en bleus rapiécés. L’homme demande s’il peut prendre de l’eau. Méfiance de Mae (221). L’homme voudrait acheter une miche de pain. Mae leur propose d’acheter des sandwiches mais ils n’ont plus que 10cts. Les miches sont à 15cts. Al râle et dit à Mae de leur donner le pain. Mae dit qu’ils seront à court. Tant pis, dit Al. Mae prend les camionneurs à témoin de ses difficultés (222). Les deux enfants s’émerveillent devant les bonbons. L’homme voudrait qu’on coupe pour 0 cts dans la miche de 15cts, il ne veut pas être malhonnête. Al insiste pour qu’il la prenne. L’homme se croit obligé de se justifier : il faut tenir jusqu’en Californie. En sortant les 10 cts, il a un penny [1 cent]. Il voit les enfants (223) et demande à combien sont les sucres d’orge. 2 pour un sou. Il les prend et s’en vont. A l’intérieur Bill constate que c’était des bonbons à 5 cts pièce. Ils doivent partir à leur tour (224). Ils paient leur note sans prendre la monnaie et sortent. Mae constate qu’ils ont laissé 2 ½$.
. Retour à l’ordinaire du bar (225- 227). Mouvement continuel sur la 66. Activité du bistrot. Al prend une poignée de pièces de 5 cts dans la caisse (225) et met les pièces dans la machine à sous. La monnaie dégringole. Il la remet dans la caisse. Ils se demandent si les gens trouveront du travail en Californie. Un autre camion arrive. Le même rituel recommence : caoua, tarte (226) à la crème d’ananas.

CHAPITRE XVI : LA SUITE DU VOYAGE. LA PANNE

. De Bethany à après Santa Rosa (228- 229). Les Joad et les Wilson roulent en direction de l’Ouest : El Reno, Bridgeport, Clinton, Elk city, Sayre, Texola (frontière de l’Oklahoma). Les autos qui se traînent à travers la Queue de Poêle : Shamrock, Alanreed, Groom et Yarnell. Traversent Amarillo le soir. Longue étape qui les force à camper de nuit. Avec un pieu de clôture, Al fait un faîtage Ce soir, ils ne mangent que des galettes froides et dorment tout habillés. Métaphore des tortues terrestres fuyant dans la poussière [cf. ch. III]. Le 3e jour adopte un nouveau mode de vie. La grand-route devient leur foyer et (228) leur nouveau moyen d’expression. Les plus jeunes d’abord, puis les plus âgés. Wildorado, Vega, Boise, Glenrio (fin du Texas). Le Nouveau-Mexique et ses montagnes. Les moteurs chauffent. Ils se traînent jusqu’à la rivière Fecos, la traversent à Santa Rosa et continuent pendant encore 20 milles [32 km].
. Les rêves urbains de Rose de Saron (229- 231). Al conduit la voiture des Wilson. Près de lui Rose et Man. Devant eux, le camion peine. Rose se contracte à chaque secousse (229). Elle essaie de se rassurer sur ce que sera la Californie et annonce que Connie et elle ne veulent pas vivre à la campagne. Connie trouvera une place dans un magasin ou une usine, étudiera le soir pour devenir technicien et avoir son propre magasin. Ils iront au cinéma, feront venir le docteur ou iront à la maternité. Ils auront une auto. Connie va écrire pour qu’on lui envoie des cours. La TSF un métier d’avenir. Elle aura un fer électrique. Le bébé aura des affaires neuves. Un chez eux gentil pour le bébé (230). Ils pourraient s’installer tous en ville. Al travaillerait pour Connie. Al pas d’accord. Pourquoi pas l’inverse. « Ca ne vaut rien quand les familles se dispersent » dit Man qui subitement s’inquiète de Grand-mère.
. La panne de voiture (231- 235). Un bruit dans le moteur qui s’accentue. Klaxon. Il se gare sur le bord. Le camion s’arrête et recule. Trois voitures les dépassent en trombe. Le dernier chauffeur les insulte. Tom descend et demande ce qui se passe (231). Un coussinet de bielle a grillé, l’huile n’arrivait pas. Al se sent responsable. C’est compliqué à réparer et il faut trouver une autre bielle. Rassuré par la présence de Tom qui gare le camion à l’ombre (232). Al est nerveux. La famille se regroupe autour de la voiture. Tom fait le point du travail à faire : il y en a pour une bonne journée de travail. Albuquerque est à 75 milles plus loin [120 km] Il faut retourner à Santa Rosa chercher une pièce [70 km en arrière]. Demain c’est dimanche [ils sont partis le jeudi], ils n’auront probablement pas réparé avant mardi. Pa a peur de se trouver à court d’argent (233). Wilson veut qu’ils repartent sans eux avec leur camion mais Pa refuse. L’idée de Tom : que le camion parte devant, ils le rattraperont après la réparation (234). Ils n’ont qu’à suivre la même route jusqu’à Bakersfied. Ils pourront même commencer à travailler en les attendant. Casy accepte de rester avec Tom (235).
. Man refuse la séparation de la famille (236- 238). Pa s’apprête à donner le signal du départ mais Man refuse de partir. Elle tire un manche de cric qu’elle balance dans sa main. Pa dit qu’ils doivent partir, c’est ce qui a été décidé. Mais elle ne laissera pas faire même s’il lui tape dessus. « Parlez d’une effrontée, dit-il. J’l’ai jamais vue me répondre comme ça. » Man continue ses menaces. Tout le monde observe la révolte et guette la réaction de Pa (236). Au bout d’un instant le groupe comprend que Man a gagné. Tom demande à sa mère pourquoi elle a réagi comme ça. Elle ne veut pas que la famille s’éparpille. Tom et Oncle John essaient de discuter mais Man n’en démord pas. « La famille unie, c’est tout ce qui nous reste » (237). Ils iront donc camper au premier endroit où il y a de l’eau et de l’ombre et le camion reviendra les chercher, les conduira en ville chercher la pièce et les ramènera. Tom reconnaît que sa mère a gagné. Il lui conseille de laisser tomber sa barre de fer (que Tom remet dans l’auto). Tom parle à Pa (qui s’est fait remettre à sa place) et à Al (qui conduit le camion). Le pasteur et lui vont démonter le carter. Il veut récupérer quelques outils dans le camion (238).
. Début de la réparation - démontage (239- 243). Tom place un seau pour récupérer l’huile. Al installe tout le monde dans le camion et Tom lui dit de revenir vite. Tom démonte le carter pendant que le camion s’éloigne. Tom fait remarquer à Casy qu’il a été silencieux ces derniers jours. Celui-ci répond qu’il a assez parlé quand il était pasteur (240). Il pense qu’il devra se marier car il ressent les aiguillons de la chair. Tom dit qu’il a ressenti la même chose quand il est sorti de Mac Alester : il a couru après une poule qui croyait qu’il était fou. Il est arrivé la même chose à Casy. Le carter se détache, le vilebrequin est dégagé. Tom demande à Casy d’aller chercher la manivelle et de tourner (240). Tom secoue la bielle. La voiture fait la route depuis 30 ans (60 000 ou 160 000 milles). Tom met la clé sur un écrou de coussinet, la clé glisse et il se fait une longue coupure sur le dos de la main. Le sang coule. Il sort le piston, le met dans le carter avec la bielle. Pour arrêter l’hémorragie, il se fait un emplâtre à base de boue et d’urine (Casy évoque les toiles d’araignée) (241). Tom veut trouver une Dodge 25 et une bielle d’occasion. L’ombre s’allonge. Casy a remarqué que des centaines de familles comme eux vont vers l’Ouest mais pas une vers l’Est et craint de ne pas trouver de travail. Tom ne pense pas au lendemain (242), il est impatient du retour d’Al et il dit à Casy de faire son discours s’il en a envie. Y a des choses qui se passent dont on n’a pas idée, dit Casy. « Il va arriver quelque chose qui changera tout le pays ». Les barrières à passer (243).
. Retour d’Al et départ pour Santa Rosa (244- 248). Tom aperçoit Al, il enveloppe la bielle et les deux morceaux de coussinet dans un bout de serpillière. Al raconte les soucis : Grand’mère s’est mise à gueuler (elle a perdu la tête) et Rose de Saron aussi. Le camp : ½ $ par jour ; tout le monde fatigué. Casy reste à la voiture pour éviter les vols (244). Man a préparé du pain, de la viande et de l’eau pour eux. Le camion se met en marche dans l’après-midi finissant. Ils parlent du pasteur qui rumine des tas de trucs, de Pa qui râle de payer 50cts pour camper sous un arbre et qui a donné 20$ pour les réparations, de Man qui pense d’abord à l’eau pour Grand-mère mais qu’il n’a jamais vu se rebiffer ainsi, de Grand-mère qui gueule et cause à Grand-père (245). Tom n’imaginait pas sa sortie de prison comme ça. Les recommandations de Man : ne pas boire, ne pas discuter, ne pas se battre. Al a envie d’une bière. Il a 6$ (personne ne le sait). Tom lui demande de les garder pour s’amuser en Californie. Al veut savoir ce que Tom ressent après son meurtre (246), il l’interroge sur la prison. Tom ne veut pas en parler pour le moment. Plus tard peut-être (la taule rend les gens dingos). Al dit que Man a un faible pour Tom : « Quand t’as été parti elle se désolait. Pour elle toute seule. Comme si elle avait pleuré dans le fond de sa gorge. Seulement on comprenait bien ce qu’elle pensait. » (247).
. La casse-autos de Santa Rosa et le borgne (248- 253). Le camion arrive près des postes essence de Santa Rosa. Un cimetière d’autos. Description du lieu : ½ ha clôturé de barbelés, hangar, piles de pneus, hutte bâti de débris dans un champ, voitures abandonnées, moteurs rouillés…. Tom avance devant le baraquement. Un borgne apparaît. Description. Tom dit qu’ils cherchent une bielle de transmission (vieille Dodge 25) (248). Le patron n’est pas là. Il les laisse chercher et se plaint de son patron qu’il a envie de tuer parce qu’il lui parle sans arrêt de sa fille de 19 ans. Le soleil disparaît derrière les montagnes. Al a trouvé une Dodge 25 (249). Tom regarde sous la voiture : le carter a déjà été enlevé. Le borgne leur prête des outils et continue à parler de son patron, de ses frustrations. Agacé, Tom lui dit de quitter ce patron (250) et de se secouer, de se cesser de se plaindre et de se prendre en charge (cacher son œil, se laver). Il continue à se lamenter. Tom évoque une « putain unijambisse » et un bossu qui gagnaient bien leur vie avec leur handicap. Il desserre le coussinet et essaie de faire descendre le piston (251). Le borgne voudrait partir avec eux. Tom lui conseille plutôt de se rafistoler une voiture. Al passe à Tom la bielle, le piston et la ½ inférieure du coussinet. Pour maintenir les segments en place, il utilisera du fil de laiton ; il en demande au borgne et l’installe (252). Ils paient 35cts pour la lampe de poche, 25cts pour la clé à tube et 1$ pour les pièces. Ils disent au revoir au borgne. (253)
. Retour vers le lieu de la panne (254- 255). Pendant que le borgne pleure dans sa cahute, Tom se réjouit que cela se soit passé aussi vite. Ils parlent du borgne et de la réparation. Al se sent encore coupable. Tom lui dit de pas s’inquiéter (254). Al donne un coup de volant pour essayer d’écraser un chat et commente les projets d’étude de Connie. Tom a connu des gars qui ont commencé à Mac Alester. Pas un n’a terminé. Ils se souviennent qu’ils n’ont rien acheté à manger et se demandent combien de temps il leur faudra pour arriver en Californie.
. Retrouvailles avec Casy et réparation de la voiture –remontage (255- 259). Casy est surpris de les voir revenir aussi tôt. Tom va commencer à réparer. Al l’éclaire. Il introduit le piston dans le cylindre (255), lui fait franchir les segments en poussant, fait passer la bielle au-dessus de l’arbre et essaye la partie inférieure, met le coussinet en place (256), enfonce les goupilles et en tord les extrémités. Pendant que Casy tient la lampe, Al et Tom soulèvent le carter. Le temps qu’il boive un peu d’huile, Al met en marche le moteur et félicite Tom (a travaillé à l’atelier pendant un an). Ils mangent et boivent. Ils vont maintenant rejoindre la famille (257). Départ. Un lapin pris dans les phares et écrasé (258). La voiture a l’air de marcher.
. Arrivée au campement (259- 262). Description du campement petite maison de bois, lanterne à pétrole sous la véranda. ½ douzaine de tentes, autos garées, cuisine du soir fini, braises encore luisantes. Groupe d’hommes devant le porche, assis sur les marches, entoure le propriétaire assis sur le plancher de la véranda. Tom arrête la Dodge sur le bord de la route pendant qu’Al passe la grille avec le camion. Tom retrouve Pa (259). Man s’inquiétait et Grand-mère a perdu la boule. Le propriétaire veut qu’il paye ½$, il menace d’avertir l’adjoint du shérif qui fait sa ronde : « Y a une loi dans cet Etat qui défend de coucher dehors. Ya une loi contre le vagabondage ». « - L’adjoint du shérif serait pas vot’ beau-frère par hasard ? » dit Tom en colère. Le ton monte. Pa dit à Tom d’arrêter (260). Les hommes silencieux, un enfant gémit dans une tente calmé par sa mère, le propriétaire se gratte. Tom promet de ne pas faire de pétard mais ne veut pas être traité de vagabond. Dernières négociations sur le ½$ à lâcher (261). Tom va partir avec John. Ils les retrouveront le matin.
. L’homme qui revient de Californie (262- 267). Une première conversation s’engage avec un homme qui était propriétaire puis un homme en haillons intervient (262). Il dit à Pa qu’ils doivent avoir un bon petit magot. Ce à quoi Pa répond qu’ils n’ont pas d’argent mais qu’ils travailleront. L’homme se met à rire et dit qu’il revient de Californie. Il s’en retourne crever de faim (263). Pa parle des promesses des prospectus et des articles de journaux. L’homme ne veut pas les décourager : le prospectus dit vrai mais ils ne savent de quelle main d’œuvre il s’agit (264). L’homme explique le principe du prospectus : besoin de 800 hommes, impression de 5 000 tracts lus par 20 000 personnes, 2 à 3 000 personnes, que les embêtements ont rendues folles, se mettent en route. « - Attendez d’avoir vu le type qui fabrique des prospectus. Vous le verrez, ou bien vous verrez un gars qui travaille pour lui. Vous camperez dans un fossé, vous et cinquante autres familles. Et il viendra regarder dans votre tente pour voir si vous avez encore quelque chose à manger. Et si vous n’avez plus rien, il vous dira : « Vous avez du courage ? » et vous direz : « Ben certainement. Sûr que je vous serai bien obligé si vous me mettez à même de faire quelque chose. » Et il dira : « J’pourrais vous employer. » Et vous direz : « Alors quand c’est-il que je commence ? » Et il vous dira où c’est que faut que vous alliez, et à quelle heure, et puis il s’en ira. Il a peut-être besoin de deux cents hommes et il parle à cinq cents, et eux le disent à d’autres et quand vous vous présentez, vous en trouvez mille qui sont là à attendre. Et le gars vous dit : j’donne vingt cents de l’heure. » Alors y en a la moitié qui s’en vont, disons. Mais il en reste encore cinq cents qui crèvent tellement de faim qu’ils resteraient à travailler pour un quignon de pain. Ce gars-là, vous comprenez, il a un contrat qui l’autorise à faire cueillir les pêches ou… cueillir le coton. Vous comprenez maintenant ? Plus il se présente de gars et plus ils ont faim, moins il est obligé de les payer. Et s’il peut il embauchera un type avec des gosses parce que… Oh ! et puis nom de Dieu j’avais dit que je dirais rien pour vous inquiéter. » [1er avertissement direct pour les Joad sur la vérité californienne, en fait 2e avertissement cf. 129]. Il regrette et leur dit de continuer leur route (265). En se grattant, le propriétaire du campement se demande si l’homme en guenilles ne serait pas un agitateur venu faire du grabuge. Un de ces jours, il faudra pendre ces agitateurs. « - J’voulais juste vous dire ce qui en était, fit-il. M’a fallu un an pour voir clair. Fallu que je perde deux de mes gosses, que je perde ma femme pour que je finisse par comprendre. Mais j’peux pas vous dire. J’aurais dû le savoir. A moi non plus, personne n’aurait pu vous le dire. J’peux pas vous dire comment ils étaient là, ces deux pauvres petits, sous la tente, avec leurs ventres tout gonflés et rien que la peau sur les os, à trembler et à couiner comme des petits chiens, pendant que je courais à droite et à gauche pour tâcher de trouver du travail… pas pour de l’argent, pas pour un salaire ! hurla-t-il. Nom de Dieu, rien que pour une tasse de farine et une cuillerée de saindoux. Et puis le coroner s’amène et il m’a dit : Ces enfants sont morts d’un arrêt du cœur », qu’il dit. Et il écrit ça sur son papier. Ils (266) tremblaient que je vous dis, et leurs ventres étaient gonflés comme des vessies de cochon ! » Les hommes écoutent. L’homme en guenilles s’éloigne dans l’obscurité.
. Fin de soirée au campement (267- 269). Le propriétaire traite l’homme de feignant. Tom va voir Man avant de partir. Ils ne savent pas quoi penser du discours de cet homme. Man vient à leur rencontre (267) et ils font le point sur la situation. Man dit qu’elle a pu laver les enfants et Pa parle de Rosaharn qui devient « craintive et chichiteuse ». Man la défend. Tom et John traversent le camp endormi (268). Tom charrie le propriétaire qui lui dit qu’il est un agitateur. « Et comment, dit Tom. J’suis bolchevisse. » Depuis la Dodge, Tom jette une motte de terre sur la lanterne et reprend la route (269).

CHAPITRE XVII : VIE ET SOLIDARITE DES MIGRANTS DANS LES CAMPEMENTS

La course des voitures des émigrants vers l’Ouest : détalent à l’aube, se rassemblent le soir autour d’un abri ou d’un point d’eau. Perdus, humiliés, cherchant un pays commun et mystérieux, se regroupent instinctivement et partagent. Puis, puis deux… et bientôt 20 familles autour d’une même source qui ne forment plus qu’une. La perte du foyer devient moins sensible, le paradis de l’Ouest devient un rêve commun. Solidarité autour de la maladie d’un enfant, d’une naissance (270), on cherche à faire un cadeau. Une seule tribu autour du feu. Une guitare, des chansons (les hommes chantent, les femmes fredonnent). Chaque soir, un monde se crée avec toutes ses personnalités et ses sentiments et il se disloque le matin. Peu à peu les règles de construction de ce monde deviennent familières : des chefs, des lois, des règles. Les familles apprennent ce qu’elles doivent respecter (vie privée des tentes, droit d’enterrer le passé, de parler, d’écouter, de refuser ou d’accepter de l’aide, de l’offrir ou non, de courtiser, le droit à la nourriture pour les affamés, la priorité des femmes enceintes et des malades) et ce qu’elles doivent abolir (le droit de s’occuper de la vie d’autrui, de faire du bruit la nuit (271), de séduire ou de violenter, de tromper, de voler, de tuer) sous peine de ne pas maintenir ces petits mondes. A mesure que les mondes se déplacent vers l’Ouest, les règles deviennent lois (ne pas se soulager près du camp, ne pas souiller l’eau, ne pas manger devant une personne affamée à condition de partager). Avec ces lois, des châtiments : bagarre ou exclusion. Quiconque viole les lois est exclus de tous les camps. A l’intérieur des mondes, les conventions sociales adoptent des formes fixes, rigides (répondre à un salut, ne pas abandonner une femme que l’on a séduite). Des gouvernements se forment, des systèmes d’assurance (qui aide celui qui a faim sera aidé à son tour, cotisation pour enterrement des bébés) (272). Un décor naturel pour ce monde qui se crée (point d’eau, terrain plat, bois pour le feu, fosse à ordures). Les mondes se créent le soir et de défont le matin. Techniques de montage, de démontage et de rangement qui s’améliorent. Chacun sait ce qu’il a à faire sans que personne ne commande (273). Capacité d’adaptation de l’homme : fermiers devenus émigrants, nouvelles préoccupations. Emplacements fixes à une journée du suivant. Des familles inquiètes mais d’autres qui s’adaptent à cette nouvelle existence (274). Le rituel d’installation nocturne (retranscription des échanges) : arrêt, discussion avec le chef de groupe, aller avec les autres migrants venant d’Arkansas, se renseigner sur l’eau, monter le campement, chacun sa tâche, échanges avec les autres, on se découvre des amis ou des connaissances communes – comté de Cherokee en Oklahoma : connaissez-vous les Allen (275), les Willis, Simon Allen a eu des ennuis avec sa première femme, à ½ Cherokee, Simon le jeune a épousé une Rudolph, ils sont allés à Enid- les enfants font connaissance (276), les jeunes filles échangent des confidences, les femmes s’affairent autour du feu). Les familles riches mangent à part. Les enfants sont tristes en sentant les odeurs de cuisine. Après le dîner, les hommes s’accroupissent et parlent du pays qu’ils ont quitté, de ce qu’ils n’ont pas su faire (277), de leurs malheurs (un frère qui s’appelait Charley, une herse lui est passée sur le ventre), des espoirs californiens. Un homme avec une guitare qui chante Dix cents pour le coton et 40cts pour la viande (278), Pourquoi vous coupez-vous les cheveux fillettes ? Adieu mon vieux Texas, Mac-Alester Blues, Jésus me rappelle à lui. Puis ils vont se coucher. Nuit passe. Premières lueurs de l’aube. Les hommes s’entretiennent à voix basse des dangers de la route (ne pas tomber en panne dans le désert) (279). On passera de nuit. Rangement, départ. Les voitures sur la route.

CHAPITRE XVIII : LA FIN DU VOYAGE, LA CALIFORNIE ET LA MORT DE GRAND-MERE

. Le Nouveau-Mexique et l’Arizona (281-282). Suite du voyage des Joad à travers les montagnes du Nouveau-Mexique et les plateaux de l’Arizona. Un garde-frontière leur pose des questions (destination, durée du séjour en Arizona, transport de plantes), veut fouiller le camion et colle une étiquette sur le pare-brise. Holbrook, Joseph City, Winslow. Interminable montée. Flagstaff. Descente sur les hauts plateaux. L’eau de plus en plus rare et chère (5, 10, 15cts le bidon) (281). Mur occidental de l’Arizona. Ils fuient le soleil et la sécheresse, roulent toute la soirée et atteignent les montagnes de nuit, franchissent les sommets dans l’obscurité et s’engagent dans la descente vers la fin de la nuit, à travers Oatman. Au bas de la descente, le Colorado. Halte à Topak, un garde décolle l’étiquette. Ils sont en Californie ! Mais il y a encore le désert à passer.
. Arrêt à Needles (182- 285). Arrivent en fin de mâtinée à Needles. Petit campement près du fleuve. Winfield et Ruthie descendent vers les roseaux, comment la Californie et le désert (avec plein d’os). Tom demande comment va Grand-mère : elle a plus sa tête, dit Noah (283). Les hommes vont à la rivière. Noah a envie de rester (284). Tom regarde les montagnes et commence à douter de voir jamais les beaux paysages promis de Californie. Ils croisent deux hommes qui reviennent de Californie et qui s’installent dans l’eau.
. Deuxième témoignage négatif direct sur la Californie (285- 290). [en réalité le 3e pour Tom, cf. 129 et 265]. Ils retournent chez eux, du côté de Pampa au Texas parce qu’ils préfèrent crever de (285) faim avec des gens qu’ils connaissent plutôt qu’avec des gens qui les méprisent. Pa et Tom veulent en savoir plus : « - Eh ben ! si vous tenez vraiment à le savoir, je peux vous dire que vous avez affaire à quéqu ‘un qui s’est informé et qu’a réfléchi à la question. Pour un beau pays, c’est un beau pays ; seulement, il a été volé… y a longtemps de ça. Vous traversez le désert et vous arrivez par là, du côté de Bakersfield. Eh bien, vous n’avez jamais rien vu d’aussi beau de vot’ vie… rien que des vergers et de la vigne… le plus joli pays qu’il est possible de voir. Et partout où que vous passerez, c’est rien que de la bonne terre bien plate, avec de l’eau à moins de trente pieds en dessous, et tout ça est en friche. Mais vous pouvez vous fouiller pour en avoir, de cette terre. C’est à une Société de pâturages et d’élevage. Et s’ils ne veulent pas qu’on la travaille, elle ne sera pas travaillée. Si vous avez le malheur d’entrer là-dedans et d’y mettre un peu de maïs, vous allez en prison. » (286) […] « - C’est comme je vous le dis. De la bonne terre, et personne n’y touche. Il y déjà de quoi vous retourner les sangs. Mais attendez, c’est pas tout. Les gens vont vous regarder d’un drôle d’œil L’air de vous dire : « T’as une tête qui ne me revient pas, s’pèce d’enfant de cochon. » Puis il y aura des shérifs et des shérifs adjoints qui vont vous mener la vie dure. S’ils vous trouvent à camper sur le bord de la route, ils vous feront circuler. Vous verrez à la tête des gens combien ils peuvent vous détester. Eh bien, moi j’vais vous dire : s’ils vous détestent, c’est parce qu’ils ont peur. Ils savent qu’un homme qu’a faim, faut qu’il trouve à manger quand bien même il devrait le voler. Ils savent bien que toute cette terre en friche, quelqu’un viendra la prendre. Sacré bon Dieu ! On ne vous a pas encore traité d’ « Okie » ? » Tom ne sait pas de quoi il s’agit. « - Ben, dans le temps, c’était un surnom qu’on donnait à ceux de l’Oklahoma. Maintenant, ça revient à vous traiter d’enfant de putain. Etre un Okie, c’est être ce qu’il y a de plus bas su terre. En soi, ça ne veut rien dire. Mais ce que je vous dirai ou rien, c’est pareil. Faut y aller voir vous-mêmes. Paraît qu’il y a quéqu’chose comme 300 000 des nôtres, là-bas, et qu’ils vivent comme des bêtes, à cause que toute la Californie, c’est à des propriétaires. Il ne reste plus rien. Et les propriétaires se cramponnent tant qu’ils peuvent, et ils feraient plutôt massacrer tout le monde que de lâcher leur terre. Ils ont peur, et c’est ça qui les rend mauvais. Faut aller voir ça. Faut entendre ce qui se dit. Le plus beau pays qui se puisse voir, sacré nom de nom ! Mais ces gens-là, ils ont tellement la frousse qu’ils ne sont même pas polis entre eux. » Tom se demande si un homme qui aurait du travail ne pourrait pas trouver un coin de terre. L’homme se met à rire (287). « - Jamais vous n’aurez de travail à demeure. Faudra que vous alliez tous les jours chercher de quoi gagner vot’croûte. Et tout le temps avec des gens qui vous regarderont d’un sale œil. Cueillez du coton et vous serez sûr que la balance est faussée. Y en a qui le sont et y en a qui ne le sont pas. Mais, à votre idée, elles le seront toutes, et vous ne saurez pas lesquelles. De toute façon, vous ne pourrez rien y faire. » C’est beau là-bas, mais on n’a pas le droit d’y toucher. Il parle d’un propriétaire de journal qui a un million d’arpents à lui. Il a mis des gardes partout et se balade dans une voiture blindée. Un million d’arpents et la peur de mourir (288). Tom parle de Grand-père qui n’avait pas peur (la nuit où il est tombé sur une bande d’Indiens. Casy parlant du propriétaire dit qu’il doit se sentir pauvre en dedans. Il fait le parallèle avec Sairy Wilson qui a donné sa tente pour Grand-père.
Pa s’allonge dans l’eau et continue la conversation. Si quelqu’un travaille beaucoup, il ne s’en sortira pas ? (289) L’homme ne veut pas les décourager mais la plupart des gens qu’il a vus étaient misérables. Pa demande à Oncle John ce qu’il en pense. Rien, il faut aller jusqu’au bout. Tom va aller faire un somme. L’homme et son fils regardent les Joad s’en aller : « J’voudrais les voir dans six mois, misère de misère ! » L’homme regrette de leur avoir parlé ainsi.
. Noah s’en va (291- 292). Tom se glisse dans un creux d’ombre. Noah le suit : « Tom, j’vas pas plus loin. […] j’veux pas m’en aller de cette eau. Tel que tu me vois, j’m’en vas descendre tout le long de la rivière » dit Noah. Tom lui dit de penser à la famille «  je ne compte pas beaucoup pour eux. » Tom essaie de le retenir, en vain (291). Il se détourne précipitamment et descend le fleuve en suivant la berge. Tom veut le poursuivre mais se ravise. Il revient dans le bosquet d’arbres et s’endort.
. Man et Rose de Saron au chevet de Grand-mère (292- 294). Man et Rose au chevet de Grand-mère qui tourne sans arrêt sa tête marmonnant des mots sans suite. Elle appelle son mari en regardant autour d’elle. « J’ lui avais dit de venir tout de suite, fit-elle. Je l’attraperai le brigand. J’lui passerai un de ces savons. » Rose constate qu’elle est horriblement malade. Man l’évente (292) et explique à Rose : quand on est jeune, toute chose qui arrive est une chose pour soi seule puis on comprend que ce n’est qu’une partie d’un vaste ensemble. « Et à ce moment-là, on ne se sent plus toute seule. A ce moment-là, un mal est moins dur à supporter parce que ce n’est plus un mal à part, Rosaharn. » Larmes de Rose (293). Man lui dit de rester calme.
. Les Jéhovites (294- 298). Une grosse femme passe devant la tente (description) et parle « d’une âme qui s’apprête à retourner à Jésus ». Elle se penche sur Grand-mère et répète ses propos que Man refuse (294). Elle va aller chercher cinq autres Jéhovites en état de grâce comme elle pour dire des prières. Man ne veut pas. La femme s’insurge, dit qu’elles tiendront le meeting sous leur tente et s’en va (295). Rose s’étonne de la réaction de sa mère. « J’ai eu l’impression que je ne pourrais pas supporter… que ça me démolirait. » Au loin, murmure du meeting, exhortations, cri de bête, Man frissonne, Rose halète, clameurs aiguës qui deviennent démentes, ricanements de hyène, concert de grognements, de sanglots, de claques. Rose pleure d’énervement (296). Grand-mère gémit à son tour puis soupire. Fin du meeting. Rose pense que ça a fait du bien à Grand-mère Peut-être à cause de Casy que Man les a empêchés de rentrer. Rose se demande où est Connie, évoque tous ses projets (297) : ils auront l’électricité, de la glace, une glacière. Man s’allonge et entend des pas.
. Visite de la police (298- 299). Un policier (description) vient les interroger (où sont les hommes ? d’où ils viennent ? – de Sallisaw en Oklahoma) (298) et leur dit qu’ils ne peuvent pas rester ici « Nous ne voulons pas en voir de votre espèce s’installer ici ». Man se lève, la poêle en fer à la main et le menace. Il répond qu’il ne veut pas voir de damnés Okies s’installer ici et va cogner à la tente voisine. Man rentre sous la tente. Rose l’observe.
. Tom rejoint avec Man (299- 304). Tom se réveille et entre dans l’eau (299). Un petit garçon le voit et détale. Ruthie venue appeler Tom le voit nu. Il se rhabille et rejoint Man (300).Elle lui parle de la visite du policeman : Elle avait peur qu’il aille chercher Tom et que ça se passe mal. Tom s’étonne de son changement (la poêle après le cric). Elle cite le mot de « Okies ». Il en a entendu parler (301). Tom aurait frappé ce flic. Tom lui parle de Noah : Puis Tom dit que Noah est parti. Elle se plaint que la famille s’en aille à la débandade. Il essaie de la rassurer sur le sort de Noah. Tom voit les enfants devant la tente (302) et il demande à Ruthie de prévenir les autres de leur départ. Même commission à Winfield pour les Wilson. Il pose des questions sur Grand-mère, sur ce qu’il reste dans le saloir. Les hommes arrivent. Tom fait le point : départ, police, (303), Noah. Pa se sent coupable . Les Wilson s’arrêtent là (304- 305). Wilson vient leur dire que Sairy est à bout et qu’ils ne peuvent plus continuer. Tant pis s’ils doivent aller en prison. Pa leur propose d’attendre mais Ivy refuse (304). Man murmure quelque chose à Pa.
. Casy va voir Sairy (305- 307). Ivy demande à Casy d’aller voir Sairy. Le pasteur la trouve gisant sur un matelas. Elle voudrait une prière (305). Il la rassure. Elle évoque sa souffrance et sa jeunesse (elle chantait aussi bien que Jenny Lind). « Chanter et prier, c’est la (306) même chose ». Il lui dit au revoir.
. Préparatifs de départ (307- 308). Les hommes chargent le camion. Man vide le ¼ de baril de porc salé dans une marmite. Tom et Al vont nettoyer les deux saloirs et les remplir d’eau. Man leur donne à manger des pommes de terre bouillies. Man va voir les Wilson. Les hommes hissent Grand-mère endormie au sommet du camion. Pa tend deux billets à Wilson (307) avec du porc et des pommes de terre. Il refuse. Man les pose à terre. Wilson regagne sa tente. Il est pas loin de 4h. Ils partent. Tom, al et Pa à l’avant du camion, Winfield sur les genoux de Pa, les autres à l’arrière. Au revoir au Wilson, pas de réponse.
. Station-service de Needles (308- 310). A Needles, arrêt à la station-service : pression des pneus, plein d’essence, 2 bidons de 25l et un bidon de 10l d’huile, radiateur, carte de la région (308). L’employé (soulagé qu’ils aient payé) leur dit qu’ils ont du cran de traverser avec ce bahut. Pas besoin de cran faire quelque chose quand y a pas d’autre chose à faire, dit Tom. Il repart. Le collègue du pompiste : « Ces sacrés Okies de malheur, ils n’ont pas un sou de jugeote, et pas un grain de sentiment. C’est pas des êtres humains ces gens-là, moi j’te le dis. Jamais un être humain ne supporterait une crasse et une misère pareilles. Ils valent pas mieux que des chimpanzés. " (309) « Ils sont tellement abrutis qu’ils ne se rendent pas compte que c’est dangereux. Oh ! et puis, quoi, bon Dieu, ils sont peut-êt’ très contents de leur sort. Ils sont comme ils sont et ils n’en savent pas plus long. A quoi bon se tracasser ? ».
. Traversée du désert (310- 313). Le camion attaque la montée. Le moteur chauffe. Description du paysage. Tom s’arrête pour laisser refroidir le moteur et repart. Franchissent le col, contemplent le désert (description). Après la crête, Tom coupe le moteur, ils descendent silencieusement la grande courbe. Soleil en pleine figure. Impressionnés par ce pays (310). Ils parlent des Wilson (ils ne reverront pas Sairy). Pause-pipi pour Winfield. Pa lui demande de monter à l’arrière ; il se chamaille avec Ruthie. La nuit tombe (311) Connie entreprend Ruthie qui ne veut que faire des projets d’avenir (312). Elle lui dit d’arrêter. Le crépuscule se change en ténèbres. La chaleur change de nature.
. Discussion entre Casy et Oncle John (313- 315). Casy et John recroquevillés au milieu du camion distinguent Man et Grand-mère. John demande à Casy s’il porte malheur aux autres (313). Il raconte la mort de sa femme dont il se sent responsable et dit que, depuis ce jour-là, il essaie de se racheter, surtout auprès des gosses. Il essaye de bien se conduire mais il n’y arrive pas. Il parle de péché. Casy répond qu’il n’est pas bien sûr de savoir ce que c’est qu’un péché. John pense qu’il devrait partir. « Faut que les gens se trouvent eux-mêmes » dit Casy qui veut pas dire aux autres ce qu’ils ont à faire (314). Mais John insiste à parler de « son » péché. Pour n’importe qui, ce serait une erreur mais s’il insiste pour que ce soit un péché, alors c’est un péché. « On monte ses propres péchés soi-même, pièce par pièce ». Les heures de nuit s’écoulent. Connie tire une couverture sur Rose et ils s’étreignent puis il repousse la couverture. Man sent le corps de Grand-mère lutter (râle sanglotant).
. Daggett et Barstow (315- 317). Heures de la nuit. Des voitures les dépassent. Près de minuit : approchent de Daggett (bureau de contrôle) (315). Une enseigne lumineuse qui leur indique de s’arrêter. Des agents du contrôle agricole veulent voir leur chargement. Man dit qu’ils ont un malade qu’ils doivent emmener chez le médecin. Le policier projette le faisceau de sa lampe sur Grand-mère et constate que c’est vrai. Il les laisse partir en leur conseillant de voir un médecin à Barstow. Tom redémarre (316). L’agent confirme à son collègue que « c’était pas une blague ». A Barstow, Tom fait le plein et passe le volant à Al. Ils commentent l’attitude de Man, de plus en plus chatouilleuse. Quand elle était jeune, elle avait peur de rien d’après Pa. Al se sent encore coupable pour la voiture. Tom le rassure (317). Il a eu le nez fin pour le camion.
. La Californie ! (318- 319). Ils foncent dans les ténèbres. L’aurore se lève. Plein d’huile et d’eau à Mojave. Aube : ils s’attaquent aux montagnes. Tom réveille Al et Pa pour leur dire que le désert est passé. Traversée de Tehachapi. Le soleil se lève. Al freine et s’arrête.
« Nom de Dieu ! Regardez ! s’écria-t-il.
Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d’arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit :
Dieu Tout-Puissant !
Les villes dans le lointain, les petits villages nichés au creux des vergers et le soleil matinal qui dorait la vallée. Une voiture klaxonna derrière eux. Al se rangea au bord de la route.
Je veux voir ça.
Les champs de céréales, dorés à la lumière du matin, les rangées de saule et les rangées d’eucalyptus.
Pa soupira :
J’aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau. Les pêchers, les bosquets de noyers et les plaques vert foncé des orangeraies. Et les toits rouges parmi les arbres, et des granges, des granges opulentes. »

Pa descend (318) et dit à Man de venir voir. Winfield et Ruthie stupéfaits. Les autres descendent à leur tour et regardent (319).
. Grand-mère est morte (320). Visage pétrifié de Man qui leur apprend que Grand-mère est morte avant le contrôle de Daggett. Elle n’a rien dit parce qu’elle avait peur qu’ils ne puissent pas traverser. Elle en a parlé avec elle. Man dit qu’elle reposera en Californie. La famille regarde Man avec une stupéfaction mêlée de terreur, effarée devant tant de force. Elle ne veut pas que Tom la touche pour ne pas craquer (320).
. Ils repartent (321- 323). Man monte devant, Al à l’arrière. Les autres à l’arrière avec le corps. Commentaires de Ruthie et Winfield, d’Al (son heure était venue). Casy admiratif de Man « une femme qui a tant d’amour en elle qu’elle me fait peur. Je me sens si petit à côté d’elle. » (322) John demande si c’était un péché. Casy ne voit pas là de péché. Tom démarre dans la pente et parle de Grand-père et Grand-mère : ils n’auraient rien vu de ce qui est ici. Pa lui fait remarquer qu’il parle comme un pasteur. Ils dévalent la montagne. Tom écrase un serpent (322). Tom parle de l’enterrement. Il reste 40$. « On repart à zéro ! »

TROISIEME PARTIE : LA CALIFORNIE

CHAPITRE XIX : PROPRIETAIRES VS EMIGRANTS EN CALIFORNIE

. Des propriétaires devenus des commerçants (324- 327). Californie mexicaine envahie par horde d’Américains avides qui s’emparent des terres des Sutter et des Guerrero qu’ils morcèlent et se disputent. Gardent le fusil à la main ces terres qu’ils ont volées : construction de maisons, culture du sol, récoltes. Possession devient titre de propriété. Les Mexicains affaiblis par une vie facile pas en état de résister au désir insatiable des Américains. Les squatters deviennent propriétaires et ont des enfants et des petits-enfants. Ils cessent d’être tourmentés par la faim et finissent par ne plus voir tout ce qu’ils ont (324). Plus la rage d’y arriver. En perdant leur faim, ont perdu le sentiment des choses. Récoltes chiffrées en $, terre devenue un capital de production, moisons et récoltes vendues avant d’être semées. Mauvaises récoltes : pas la mort, une simple perte d’argent. L’amour se dessèche au contact de l’argent. Les fermiers se transforment en commerçants. Seuls les bons subsistent. Les fermes tombent aux mains des hommes d’affaires ; elles s’agrandissent et leur nombre diminue. L’agriculture devient une industrie. Comme dans la Rome antique, les propriétaires terriens importent des « esclaves » (Chinois, Japonais, Mexicains, Philippins) (discours de mépris) (325). Les fermes de plus en plus vastes. Une minorité de fermiers encore attachés à leur terre. Les serfs maltraités. Les cultures changent : les arbres fruitiers remplacent les céréales, légumes qu’on ne peut récolter que pliés en deux (laitues, choux-fleurs, artichauts, pommes de terre) (différence entre agriculture debout et agriculture à quatre pattes). Les grands propriétaires ne travaillent plus à leurs fermes. Extension tel qu’un seul homme ne peut plus suffire : armée de comptables, de chimistes, de surveillants. Le fermier tient boutique : il paye ses hommes et reprend leur argent en leur vendant des provisions puis ne les paye plus du tout. Les ouvriers vivent à crédit (326) et se retrouvent endettés vis-à-vis de la Compagnie. Un grand nombre de propriétaires n’ont même jamais vu leurs terres.
. Ces damnés Okies (327- 329). Arrivée de la masse des expatriés attirés par le mirage de l’Ouest. Jusqu’à 200 000 prêts à faire n’importe quoi pour survivre. Ils disent qu’ils ne sont pas des étrangers : Américains depuis 7 générations, descendants d’’Européens, un aïeul qui s’est battu pendant la Révolution, beaucoup ont fait la Guerre de Sécession. Des Américains. Affamés et enragés. Ne trouvent que de la haine où ils cherchaient un foyer. Des Okies. Les propriétaires qui se savent amollis par le bien-être détestent ces Okies endurcis par la faim (leurs grands-pères leur ont raconté qu’il est facile de s’emparer de la terre de l’homme indolent). Dans les villages les commerçants les détestent parce qu’ils n’ont pas d’argent. Citadins (327), petits banquiers, ouvriers détestent les Okies parce qu’ils font diminuer les salaires. 300 000 expropriés devenus émigrants arrivent en Californie, jetés à la rue par invasion des tracteurs. Alors que les Californiens ont envie d’une foule de choses secondaires (souhaits confus), les émigrants, nouveaux barbares ne demandent qu’une chose : la terre et à manger (souhaits précis et immédiats). L’objet de leur convoitise s’étale le long des routes : la terre. Plus d’un s’imagine cultiver ces terres en friche et considère cet abandon comme un péché (328). Obsédé par ces fossés d’irrigation. Dans le sud, ils voient les oranges et les gardes armés qui les empêchent d’en cueillir (oranges jetées à la 1ère baisse des cours). Tacots poussés jusqu’en ville. Où dormir ?
. Les Hooverville (329- 334). On leur indique un Hooverville [bidonville] : un à chaque proximité d’agglomération, au bord de l’eau. Description de la ville des zoniers. Amas de masures. L’homme conduit sa famille et installe sa tente ou monte cabane avec des bouts de carton pris au dépotoir. A la 1ère pluie, la maison part à la dérive. De là, il parcourt le pays pour chercher du travail. Réflexions des migrants : L’argent gagné s’en va en essence. 30 000 arpents en friche ! (329). Pas de légumes et d’animaux dans les fermes qui ne font qu’une seule chose (ici coton, là poules. Si j’avais deux cochons ! Qu’est-ce qu’on va faire ? Rumeur : du travail à Shafter. Tout le monde se presse à Shafter. Chacun rêve d’un petit coin à soi. De temps à autre, un homme tente le coup, en cachette (330). Et puis, un jour le shérif adjoint arrive et les chasse. Une récolte c’est déjà un titre de propriété. Réflexions de la police : « - T’as vu la gueule qu’y faisait quand on lui a démoli son carré de navets ? Une vraie tête d’assassins, moi je te le dis. Ces gars-là faut les dresser, sans ça ils prendraient tout le pays. Tout le pays ils prendraient. – Des gens qui n’sont pas d’ici. Des étrangers, tout ça. » Discussions entre squatters le soir. Un excité suggère de prendre une terre et de la défendre avec leurs fusils. Ils nous abattraient comme des chiens (331). Vous préférez que vos gosses meurent de faim ? (de la purée ‘orties et des beignets au pain pour une semaine). Les conversations bourdonnent dans les camps pendant que les adjoints les toisent : « Si on ne les avait pas à l’œil, ils seraient capables de tout, ces cochons-là ! Moi, j’te dis, ils sont aussi dangereux que ces salauds de nègres, dans le Sud ! Pour peu qu’on les laisse s’organiser, rien ne les arrêtera plus. » (L’exemple d’un garçon de 11 ans qui a abattu un shérif adjoint lors d’une expulsion de squatters à Lawrenceville). De vrais serpents. Il faut leur faire peur. Et s’ils résistaient ? Et si un beau jour toute une armée des leurs fondait sur le pays (parallèles historiques avec Byzance) (332). Comment faire peur à un homme affamé ? A Hooverville, les hommes discutent : les terres du Grand-père volées aux Indiens, bouteille de lait volée, fil de cuivre pour avoir de la viande, comment le vieux Fairfield s’est emparé de ses terres, celui qui a fait croire que sa terre était sous les eaux, ceux qui ont acheté les sénateurs et les membres du Congrès (ne sont pas allés en prison). Les langues vont bon train. Alors les rafles commencent : les shérifs adjoints fondent sur les campements de squatters (333). Dans ½ h on met le feu Les gens sur les routes à la recherche d’un autre Hooverville. De nouveaux émigrants chassés de chez eux par les tracteurs. 300 000 en Californie et d’autres qui arrivent. Toutes les routes de Californie bondées de forcenés prêts à travailler pour rien.
. La peur des grands propriétaires (334- 336). Les grands propriétaires qui connaissent les leçons de l’histoire se bouchent les oreilles pour ne pas entendre ces avertissements. Au contraire, ils accentuent la répression. On dépense de l’argent pour se protéger (334). Extension des machines et augmentation des migrants. Les grands propriétaires se liguent (Associations de Protection Mutuelle) pour discuter des moyens d’intimidation. Une menace effrayante au-dessus de leurs têtes : s’ils prennent conscience de leur force, le pays leur appartient. Les grands propriétaires courent à leur perte. Les squatters parlent d’un gosse de la 4e tente qui est mort (335) de pellagre [maladie due à la malnutrition]. On se cotise pour payer l’enterrement. Pour le moment, ils prient. Les Associations de Propriétaires savent qu’un jour les prières cesseront (336).

CHAPITRE XX : LES JOAD AU CAMPEMENT DE HOOVERVILLE

. Formalités auprès du coroner pour l’enterrement de Grand-mère à Bakersfield (337- 338). Pa et John font les formalités chez le coroner ; les autres attendent sur le camion. Attente en plein soleil, le temps de l’enquête et de la signature de l’acte de décès. Al et Tom déambulent dans les rues. Pa, Man et John ressortis accablés. John remonte au sommet tandis que Pa et Man remontent à l’avant. Amers (337) : ils n’avaient pas assez pour un bel enterrement. L’homme qui s’en est occupé était bien brave. Il faut trouver un coin où s’installer et du travail. Tom se dirige vers la campagne. Près du pont : un ensemble de bicoques. Tom va demander des renseignements (338).
. Le campement de Hooverville (339- 341). Description détaillée du campement et des baraques : 1ère demeure à l’aspect invraisemblable… antique Ford T près de la bicoque, tente délabrée mais soignée – roadster Ford série A et petite remorque, immense tente en lambeaux… en tout 40 tentes ou baraques et à proximité de chacune une automobile. Quelques enfants regardent l’arrivée du camion et s’approchent (339). Pa veut d’abord se renseigner pour le travail. Tout le monde descend. Par habitude les enfants vont chercher de l’eau. Une femme apparaît à l’entrée de la 1ère hutte (description) air abruti. Elle rentre dans sa tente sans répondre à la question de Pa sur le campement Un homme barbu sort à son tour. Pa pose ses questions. Il a l’air aussi paumé. Pa doit se répéter (340). L’homme finit par s’énerver. « Qu’est-ce que c’est que ce coco-là ? » dit Tom.
. Première discussion avec Floyd Knowles (341- 349). [ 3e témoignage direct sur la réalité californienne]. Pa regarde une vieille Buick dont la culasse est démontée devant une tente. Jeune homme [Floyd Knowles, cf. p. 358] occupé à rôder les soupapes (341). Il leur dit qu’ils ont fait la connaissance du maire, il est un peu dingo et qu’ils sont maintenant à Hooverville. Les enfants reviennent avec de l’eau. Pa et John déchargent le camion. Tom raccompagne le jeune homme jusqu’à sa voiture qui lui parle des shérifs et de leurs adjoints qui virent les gens (342) pour les empêcher de voter (selon certains), de s’organiser ou de toucher le chômage (selon d’autres). Tom dit qu’ils cherchent seulement du travail. Il se moque de lui : tout le monde en est là. Y a donc pas de travail ? demande Tom. Pour l’instant pas de moissons, les vendanges et le coton pour plus tard. Paraît qu’on embauche au Nord. On va aller du côté de Salinas. Tom voit les autres en train d’installer le campement, il parle des prospectus (343). On est 300 000 ici (à avoir vu ces prospectus). Pourquoi les avoir imprimés ? Une personne qui se présente pour un poste : on lui paie ce qu’il demande. S’ils s’en présentent 100 ! si ces gens ont des gosses affamés : vont s’entretuer pour 1 nickel (5cts). Dernière place qu’il a faite : 15cts de l’heure- 10h pour 1,5$ sans pouvoir se loger sur place. Essence à payer. Ils peuvent bien les imprimer les prospectus avec ce qu’ils économisent sur les salaires ! Tom incrédule. (344) Le jeune homme lui demande d’attendre quelques jours pour en juger. Dans la tente à côté un bébé pleure. Le jeune homme rentre dans la tente. Tom s’empare du vilebrequin et commence à rôder la soupape. Le jeune homme ressort et observe le travail de Tom. Un verger : 9 hommes pendant l’année. Quand les pêches sont mûres 3 000 hommes pendant 15 jours. Il leur faut 3 000 hommes, il y en a 6 000 qui arrivent avec les prospectus. Ils les embauchent au tarif qui leur plaît. Pas suffisant ? 1 000 qui attendent derrière, alors tu cueilles. Après ça, fini, à la porte (345). Tom regarde du côté de la tente des Joad. Un vieux bonhomme se joint aux enfants pour observer Man qui fait la cuisine. Tom continue : si les gens s’entendaient pour ne pas les cueillir, elles pourriraient sur place. Les propriétaires ont vu venir ceux qui ont essayé : dès qu’ils repèrent un leader, ils le foutent en taule. Si un autre se présente, ils en font autant. Lui, il mange en prison mais pas ses gosses. La liste noire de ceux qui l’ouvrent trop : ils trouvent plus de travail. Alors, il faut prendre ce qu’on nous donne et se taire. Tom ne veut pas se laisser faire. S’il tape sur un flic, il se fera ramasser : « T’es pas connu. T’as pas de bien. On te trouvera dans un fossé, le nez et la bouche pleins de sang caillé. Et t’auras juste une petite note dans le journal. Tu sais c’que ça dira ? « Mort d’un vagabond. » C’est tout. T’en verras des tas de petites notes comme ça : « Mort d’un vagabond. » Tom tuera peut-être un flic avant (347). Le jeune homme demande d’où ils viennent (de Sallisaw). Tom s’apprête à rejoindre sa tente. Le jeune homme lui donne un conseil : « Ben, quand les flics s’amèneront, et ils sont là tout le temps, tâche de lui ressembler. Prends l’ai crétin. Tu ne sais rien, tu ne comprends rien. C’est comme ça que les flics aiment qu’on soit. Ne t’avise pas de taper un flic. Autant te suicider. Fais l’abruti. » Tom n’est pas d’accord. Le jeune homme craint les mouchards (348). Si on fait quelque chose, on va pas le crier sous les toits.
. Tom va vers sa tente (349- 350). Tom regagne son camp et réfléchit à ce que l’homme lui a dit. Pa et John reviennent avec du bois. Pa est surpris de voir autant d’enfants. Man qui veut faire une fricassée demande à Pa d’aller chercher de la viande. Al examine le camion (pas de fuite d’huile) et il gratte les bougies.
. Discussion avec Casy (350- 353). Tom parle à Casy. Le pasteur écoute les gens et il sait ce qui se passe en eux (350). Il a remarqué tous ces gens qui avaient faim sur le bord des routes. La prière ne suffit plus et Dieu n’a pas augmenté les salaires. Tous ces gens ne demandent qu’à élever leurs gosses. Les jeunes ont besoin de vivre (351). Tom lui dit de cesser de réfléchir et commencer à travailler. Pa vient de payer 5$ pour la tombe de Grand-mère. Casy se dit qu’il doit partir pour ne pas être un parasite. Tom lui demande à Casy s’il a déjà été en prison (non) et lui dit de ne pas partir tout de suite (352). « Ecoutez, fit-il, ici c’est pas le pays où coulent le lait et le miel comme les pasteurs vous le racontent. Il se passe du vilain ici. Les gens ont peur de nous, peur de tout ce monde qu’ils voient s’amener dans l’Ouest. Alors ils s’arrangent pour que les flics nous foutent la frousse, de façon à nous faire repartir. » Casy demande à Tom pourquoi il lui a demandé s’il avait été en prison. En prison, on finit par flairer les choses (quand ça commence à barder… quand une évasion se prépare). Il demande à Casy de rester dans les passages. Il parle de sa conversation avec le jeune homme. Demain, ils iront chercher du travail avec le camion (353).
. Divergence entre Connie et Rose de Saron (354- 355). Rose allongée sur un matelas. Connie à côté d’elle, regrette d’être venu. Il aurait dû rester chez eux pour étudier. Il répète qu’il veut une maison pour l’enfant. Il sort de la tente et voit Man penchée au-dessus du feu (354). Rose se rallonge sur le dos et se met à pleurer.
. Man et les enfants autour du feu (355- 357). Man agenouillée près du feu. 15 enfants l’observent. Man parle à une fille plus âgée que les autres : elle a envie de se faire inviter à manger… elle n’a donc pas déjeuné… les autres n’ont pas déjeuné non plus… L’un d’eux pour crâner dit que lui et son frère ont mangé (355) ; il s’en va. La fille propose de remettre du bois. Regard jaloux de Ruthie. La fille dit que ce garçon n’a mangé que des beignets de gruau. Man pose des questions à la fille : ils sont là depuis 6 mois, ont été dans un camp du gouvernement puis dans le Nord et sont revenus. Elle dit du bien du camp de Weedpatch : cabinets, baignoires, bassines pour la lessive, musique le soir, bal le samedi (356), un coin pour les enfants, papier dans les cabinets, un chef humble. Elle voudrait y retourner. L’eau chaude dans les tuyaux. On peut travailler pour payer son séjour. Man voudrait y aller. Ruthie crie subitement : Grand-mère est morte tout en haut du camion pour se rendre intéressante. Winfield renchérit. Man leur dit de se tenir tranquilles.
. Al et Floyd Knowles (358- 361). Al engage la conversation avec le jeune homme qui rôde ses soupapes. Il lui demande s’il y a des filles dans le camp. Lui est marié. Il lui demande si « Tom » est avec lui. Il ajoute qu’il a déjà tué quelqu’un et propose au jeune homme de l’aider. Il accepte et dit qu’il s’appelle Floyd Knowles (358). Al parle de son goût pour les voitures. A Sallisaw, il a regardé sous le capot d’une 16 cylindres Cadillac. Le propriétaire l’a laissé conduire. Il a fait 8 fois le tour du pâté de maison. Floyd lui conseille de s’habituer à un tacot. (359). Deux femmes passent. Floyd est là depuis 6 mois à chercher du travail. Une vieille torpédo entre avec 4 hommes. Floyd leur demande s’ils ont trouvé du travail. Rien dans le coin. Al demande si ça marcherait pas mieux si un homme se présentait seul (360). Floyd lui parle du prix de l’essence (15cts le bidon). A 4, ils mettent chacun 10 cts. Winfield appelle Al. Il promet à Floyd de revenir.
. Man débordée par la foule des enfants (361- 363). Il y a foule autour du campement des Joad. Man ne sait plus quoi faire. Les enfants affamés regardent la marmite. John gêné propose son assiette à Pa (361). Celui-ci prétexte un mal d’estomac. Finalement, Tom leur dit de s’en aller. Man verse de la fricassée dans des assiettes de fer blanc qu’elle pose à terre et dit aux membres de sa famille de manger à l’intérieur. Elle donnera aux enfants ce qui reste (362). La famille à l’intérieur, entend les enfants piocher dans la marmite. Puis les enfants se dispersent. Man regarde les assiettes vides…Man demande aux enfants d’aller chercher de l’eau.
. La plainte d’une mère (363- 364). Une grosse femme vient (363) dire à Man de s’occuper de ses propres enfants. Elle lui reproche la fricassée. Son fils lui en réclamé. Man explique qu’elle n’y voyait pas de mal. Puis, elle s’éloigne.
. Al, Tom et Floyd (364- 368). Al vient chercher Tom (364) et le conduit chez Floyd. Le tuyau : un type a parlé de travail dans la vallée de Santa Clara (cueillette de pêches et travail dans conserverie) à 200 milles. Tom trouve que c’est trop loin et qu’il n’y a aucune certitude. Ici il n’y a pas de travail, dit Floyd (365). Ils ont encore des choses à apprendre s’ils veulent bien l’écouter. Une voiture passe : pas de boulot. Floyd dit à Tom qu’ils ne sont pas prêts de s’installer. Tom évoque Man qui ne veut plus bouger, qui est à bout (366). Tom va en parler à sa famille. Al est prêt à partir, même seul (Man et Pa ne vont pas aimer). Floyd explique que sa femme et lui sont arrivés avec leur famille. Ils sont tous restés dans le Nord et lui est descendu. Il ne sait plus où ils sont (367). Deux autos chargées d’hommes découragés rentrent au camp…
. L’entrepreneur et le shérif-adjoint viennent au camp (368- 373). Arrivée d’une Chevrolet deux places. Un homme descend. Floyd, Tom et Al s’avancent. Description de l’homme (368). Il parle de travail dans le comté de Tulare (besoin de main d’œuvre pour la cueillette des fruits) : c’est lui qui a affermé la récolte. Combien il paye ? Dans les 30cts probablement. Ils veulent des assurances. Floyd demande de signer un contrat d’embauche. L’homme s’énerve (369). Combien d’hommes ? Il ne sait pas. Floyd se tourne vers un groupe d’hommes. Il veut pas s’y faire prendre. Le gars fera venir 5 000 là-bas et paiera 15cts de l’heure. Il n’a pas le droit d’embaucher sans patente. L’entrepreneur appelle son compagnon (Joe) le shérif-adjoint (description) qui s’approche. Il désigne Floyd et lui demande s’il le connaît : « Il cause comme un rouge » (370). Floyd prend les autres à témoin. La présence du flic est la preuve de ce qu’il dit. Le flic soutient qu’il l’a vu vadrouiller dans les parages quand il y a eu un vol dans un parc d’autos d’occasion. Le flic dit à Floyd de monter dans la voiture. Floyd s’insurge. Il était pas dans le pays la semaine passée. Le flic lui dit qu’il est peut-être recherché ailleurs. L’entrepreneur dit de ne pas écouter « ces salauds de rouge » qui ne cherchent qu’à attirer des histoires. Le shérif-adjoint lui conseille de partir. « L’Office sanitaire nous a chargés de déblayer ce camp ». Ils doivent tous monter à Tulare « Il va s’amener toute une bande de gars… qui sont capables de vous vider à coups de manche de pioche, si vous n’êtes pas partis ». (371). L’entrepreneur et l’adjoint insistent. Tom regarde les mains de Floyd qui se tendent. L’entrepreneur monte dans la voiture et l’adjoint dit à Floyd de les suivre.
« La grosse main empoigna le bras gauche de Floyd. D’un seul mouvement, Floyd pivota et frappa. Son poing s’écrasa sur le large mufle, et dans le même élan, il avait filé, s’esquivant le long de la rangée de tentes. Le shérif adjoint chancela et Tom lui fit un croc-en-jambe. L’adjoint s’écroula pesamment et roula sur lui-même, sa main cherchant son revolver. Floyd courait en zigzag, apparaissant et disparaissant au hasard des tentes. Du sol, l’adjoint tira. Une femme plantée devant l’entrée d’une tente poussa un hurlement, puis elle regarda une main qui n’avait plus d’articulations. Les doigts pendaient au bout des fils de chair, et les tissus déchirés étaient blancs, exsangues. Floyd réapparut au loin, fonçant sur les fourrés. L’adjoint, assis sur le sol, leva de nouveau son revolver quand soudain, se détachant du groupe, le révérend Casy fit un pas en avant. D’un coup de pied, il atteignit l’adjoint à la nuque, puis il recula, tandis que le gros homme s’affaissait, évanoui. »
La Chevrolet disparaît (372). Devant sa tente, la femme contemple sa main déchiquetée : rire hystérique. Tom enlève le chargeur du revolver et le jette. Casy dit à Tom de se sauver : le flic n’a pas vu Casy le frapper mais a vu Tom lui faire un croc-en-jambe. Tom ne veut pas se sauver : « T’as manqué à ta parole. Ils te renverront en prison. » Casy sifflera pour l’avertir. Commentaire admiratif d’Al à Casy.
. Arrivé de la police et arrestation de Casy (373- 376). Au loin, une sirène. Les hommes inquiets s’agitent (373) puis ils s’éloignent. Casy dit à Al de partir. « - Faut bien un responsable. Moi, je n’ai pas de gosses. Ils ne pourront que me mettre en prison, et de toute façon, j’fais rien d’autre que de rester assis sur mes deux fesses. » Casy dit à Al que s’il se fait embarquer c’est toute sa famille qui aura des ennuis et ils sont capables de renvoyer Tom à Mac-Alester. La sirène se rapproche. Casy s’agenouille près du shérif adjoint et le retourne.
Soleil couchant. Une voiture arrive. 4 hommes armés descendent et demandent ce qui se passe (374). Casy se dénonce. L’un des hommes dit à Casy de monter dans la voiture. Deux hommes aident l’adjoint à se relever. Casy parle de la femme blessée. On demande à Mike [ ? p. 370 il s’appelle Joe] si c’est Casy qui l’a frappé. Il ne reconnaît pas. Le chef de groupe commente les dégâts faits avec le 45. Ils vont envoyer un médecin (375). La voiture sort du camp : sourire de triomphe de Casy.
. Discussion chez les Joad (376- 378). Les gens sortent de leurs tentes et vaquent à leurs occupations. Al va chercher Tom dans les fourrés. Tom et John regarde Man peler les pommes de terre. Pa se demande ce qui a poussé Casy à faire ça. Il s’y connaissait en matière de péchés, dit John. Man lui dit de ne pas ennuyer les autres (376) et d’aller à la rivière les murmurer à l’eau qui coule. John dit que ces péchés le rongent. Rose sort de la tente et demande où est Connie. Man lui dit de se secouer, de ne pas s’apitoyer sur elle-même et de se mettre à travailler (377). Man lui dit que son mari pourrait bien la rosser et qu’elle le mériterait : « tu n’arrêtes pas de pleurnicher et de te dorloter ».
. La culpabilité d’Oncle John (378- 380). Oncle John a un aveu à faire : il avait gardé 5$ pour se saouler et il s’en veut. Man ne comprend pas pourquoi il veut se saouler sous prétexte que Casy a sauvé Tom (378). Il se sent retourné. C’est lui qui aurait dû sauter sir l’occasion pour se racheter. Il demande 2$ en échange des 5$ qu’il va donner à Pa et leur demande de ne pas lui en vouloir. Il s’éloigne (379) et va jusqu’à l’épicerie. Il piétine son chapeau dans une crise de mortification et s’avance vers les rayons des bouteilles de whisky. Pa, Man et les enfants suivent John des yeux. Les deux enfants s’éloignent et imitent Oncle John.
. Retour d’Al et Tom (380- 382). Tom et Al traversent les fourrés et tombent sur les deux enfants (380) Tom leur demande s’ils ne sont pas malades et Al leur reproche leurs jeux idiots. Ils se moquent de lui mais n’ont plus de goût à reprendre leur imitation. Tom pense que Casy n’aurait pas dû faire ça mais ça ne l’étonne pas. A la hauteur de la tente de Floyd, celui-ci les appelle et leur demande s’ils ont décidé de partir (381). Tom n’en sait rien. Floyd, lui, va dans le Nord. Al lui demande où est le camp du gouvernement : prendre la 99 en direction du sud, pendant 12 à 15 milles [19 à 24 km] puis tourner et prendre la route de Weedpatch : pas de flics là-bas. Tom ne comprend pas pourquoi le shérif adjoint a été aussi cruel. Floyd parle de primes touchés par un shérif dans le Nord (75cts par jour et par prisonnier) ; un gars qui n’a embarqué personne en huit jours menacé de rendre son insigne. Ils se quittent.
. Tom avertit sa famille qu’ils doivent partir (383- 385). Ils regagnent la tente des Joad. Man contente de revoir Tom. Ils doivent s’en aller car le camp va être brûlé ce soir. Rose demande s’ils ont vu Connie. Al dit qu’il l’a vu du côté de la rivière descendant vers le sud. Man demande à Rose ce que Connie lui a dit : « L’a dit qu’il aurait bien dû rester chez lui étudier pour êt’ dans les tracteurs. » Pa ne l’aimait pas (383). Il se défoule maintenant qu’il n’est plus là : il parlait beaucoup mais ne faisait rien. Man lui dit de ne pas parler comme ça car l’enfant de Rose sera à ½ de Connie et c’est pas bon pour un gosse d’entendre dire du mal de son père. Rien ne dit qu’il soit parti, dit Tom. Tom dit qu’ils doivent partir et explique ce qui va se passer ; il ne peut pas risquer d’être pris. Man est d’abord surprise (384) puis donne le signal du départ. Pa parle d’Oncle John : il est allé se saouler. Tom va aller le chercher.
. Tom va chercher Oncle John (385- 389). Tom part chercher John. Tentes éclairées. Il gagne la petite épicerie. Se plantant devant le grillage d’entrée, il regarde dans la boutique. Le patron, penché sur son journal, lit son journal. Tom dit qu’il a « perdu » son oncle. Il laisse un message pour Connie (385). Il plaisante sur les gens qui viennent toujours chercher quelque chose qu’ils ont perdu. Le petit homme montre le chapeau de John. Il s’est fait servir deux ½ litres de whisky ; a bu la première au goulot. Il a vidé l’autre dehors. Il est parti du côté du Nord. Tom ressort et longe le rez-de-chaussée de l’autre côté. Une voix qui chante. Il s’assoit à côté de John (387) et commence à lui parler. John ne veut pas partir et se lamente (388). Tom est obligé de l’assommer de deux coups de poing. Il le porte sur les épaules.
. Retour au camp (389- 390). Arrivée au camp. Pendant son absence, le camp a été démonté. Tom s’excuse d’avoir eu à l’assommer pour le ramener. Il se réveille et vomit (389). Man propose des pommes de terre à Tom. Il n’en a pas envie. John s’est endormi.
. Derniers préparatifs (390- 391). Tom et Al le hissent sur le chargement. Winfield imite l’oncle et Ruthie glousse. Rase ne veut pas partir tant que Connie ne sera pas revenu. Trois voitures sortent du camp. Il les trouvera, dit Tom, il a laissé un message pour lui à l’épicerie. Man aide Rose à monter (390). Elle se convainc qu’il a été chercher des livres pour étudier. Elle disparaît sous la bâche. Arrivée du maire qui leur demande s’ils n’ont pas des affaires à lui laisser. Tom l’avertit qu’ils vont mettre le feu. Tom dit qu’il a été abruti par les flics à force de prendre des coups de matraque sur la tête. Une deuxième caravane sort du camp (391).
. Départ (392- 393). Tom dit à Man de s’installer devant avec Pa et à Al de monter derrière avec une clé anglaise pour éloigner les gêneurs. La voiture prend la direction du sud. Man reproche à Tom son attitude et lui rappelle ses promesses. « - J’sais bien, Man, j’essaie. Mais ces espèces d’adjoints… vous avez déjà vu un shérif adjoint qu’ait pas un cul de jument ? Et ils sont là à frétiller leur gros cul et à manipuler leur revolver. Ma, dit-il, si encore c’était vraiment pour faire respecter la loi, on le supporterait. Mais ils ne représentent pas la loi. Ils tâchent à nous démolir le moral. Ils voudraient nous voir ramper et faire le chien couchant. Ils voudraient nous réduire. Sacré bon Dieu ! mais voyons, Man, il arrive un moment où la seule façon pour un homme de garder sa dignité c’est de casser la gueule à un flic. C’est not’ dignité qu’ils veulent nous enlever. » Man fait le parallèle avec Pretty Boy Floyd (392). Tom dit qu’il ne veut pas traîner le ventre par terre comme un chien battu. Mais Man ne veut pas que la famille se disperse. Tom souligne que brûler le camp c’est pas légal.
. Le barrage (393- 394). Un barrage sur la route. Une foule d’hommes entoure la voiture. Bérets verts de l’American Legion. L’un d’eux lui demande où ils vont. Tom recherche la manivelle du cric. Man lui serre le bras. Tom répond qu’il va chercher du travail à Tulare. Il se trompe de chemin : «  Nous ne voulons pas voir de foutus Okies chez nous, vous m’entendez, sacré bon Dieu ? ». Le gars lui dit de ne pas revenir avant la cueillette du coton. Tom fait ½ tour.
. La famille prend la direction du sud (394- 395). Man lui lâche le bras et lui dit qu’il a bien fait. Tom essaie de réprimer ses sanglots, il s’engage dans un chemin, coupe le moteur et les phares. Il veut voir ce qui se passe. Incendie de Hooverville. Tom décidé à prendre la direction du Sud, veut trouver le camp du Gouvernement (394). Man lui recommande de rester calme : « Tom… nous et les nôtres, nous vivrons encore quand tous ceux-là seront morts depuis longtemps. Comprends donc, Tom. Nous sommes ceux qui vivront éternellement. On ne peut pas nous détruire. Nous sommes le peuple et le peuple vivra toujours. […] Les richards, ils viennent et ils passent et leurs enfants sont de bons à rien, et leur race s’éteint. Mais des nôtres, il en arrive tout le temps. Ne te tracasse, pas, Tom. Des temps meilleurs viendront. ». Tom dit à sa mère qu’il ne l’a jamais entendue causer autant. Il contourne la ville et prend la 99 en direction du Sud (395).

CHAPITRE XXI : PROPRIETAIRES ET AUTOCHTONES VS EMIGRANTS

Sédentaires dont toute l’existence s’est déroulée sur 40 arpents de terre devenus des nomades errant à la recherche de travail, flots d’émigrants déferlant sur les routes, stationnant dans les fossés, populations rurales qui n’ont pas connu l’industrialisation et qui ont gardé un jugement sain sur cette amérimécanisation. Et brusquement, les machines les chassent de chez eux. Avec les routes, les camps et la faim, une métamorphose s’opère en eux (396). L’hostilité qu’ils rencontrent les soude. Les habitants des petites villes se regroupent et s’arment contre eux comme s’il s’agissait d’une invasion. Le flot continuel des émigrants fait régner la panique dans l’Ouest. Les propriétaires craignent pour leurs biens. Ceux qui ne sont pas dans le besoin le voit briller dans le regard des nouveaux arrivants et les autochtones s’unissent en mettant le droit de leur côté. Ils disent : « ces damnés Okies sont crasseux et ignorants. Ce sont des dégénérés, des obsédés sexuels. Ces sacrés bon Dieu d’Okies sont des voleurs. Ils n’ont pas le sens de la propriété. » Ils ajoutent qu’ils apportent des maladies, qu’ils ne veulent pas d’eux dans leurs écoles, que ce sont des étrangers. Les indigènes se montent la tête jusqu’à n’être plus que haine et se forment en groupes armés. Ces hommes armés (petits employés et boutiquiers) qui ne sont pas propriétaires finissent par se persuader que le pays leur appartient (397). L’employé qui gagne 15$/ semaine craint que l’émigrant travaille pour 12$ et le boutiquier endetté redoute le nouveau venu qui ne l’est pas. Les émigrants affamés et désemparés n’ont pour eux que leur nombre. Quand il y a du travail pour un homme, ils se présentent à dix. Si ce gars accepte 30 ou 25, moi je suis prêt à travailler pour 25 ou 20 voire 15. Il faut bien manger et nourrir les gosses. Les salaires baissent. Les grands propriétaires se frottent les mains et multiplient les prospectus pour faire venir encore plus de monde. C’est le retour du servage. Là-dessus, un grand propriétaire achète une fabrique de conserves entraînant la chute des prix et la faillite des petites fermes au profit des Banques et des Sociétés propriétaires de fabriques (398). Les petits fermiers vont un temps habiter dans leur famille en ville et ils finissent par échouer sur la route. Et les Sociétés et les Banques travaillent inconsciemment à leur propre perte. Les verges regorgent de fruits, les granges de produits et les routes de miséreux. Les grandes compagnies ne savent pas que le fil qui sépare la faim de la colère est mince. Au lieu d’employer l’argent à augmenter les salaires, elles s’arment ou font des listes noires. La colère fermente sur les routes où les gens errent à la recherche de pain et de travail (399).

CHAPITRE XXII : AU CAMP DE WEEDPATCH

. Arrivée nocturne au camp de Weedpatch (400- 405). Il est tard, Tom s’engage sur un chemin à la recherche du camp de Weedpatch. Derrière eux Bakersfield. A un croisement, Tom demande son chemin et à quelques centaines de mètres, il trouve le camp (400). Il s’engage dans l’entrée. La voiture saute sur un dos d’âne. Le veilleur de nuit leur dit qu’ils l’ont pris trop vite. Il y a un campement de libre. Tom dit combien ils sont : «  suivez cette allée jusqu’au bout et tournez à droite. Vous serez au pavillon sanitaire n°4 » (cabinets, douches et lavabos). Man se réjouit qu’il y ait des lavabos avec de l’eau courante. Le veilleur de nuit les conduit au pavillon sanitaire (un emplacement vient juste de se libérer). Tom va aller s’inscrire pendant que les autres déchargent. L’employé leur dit que le (401) Comité du camp passera les voir le matin. Tom a peur que ce soit des flics. Ici, nous avons nos flics à nous. Au bureau, Tom remplit le formulaire (noms et prénoms, provenance, emploi, revenus, indigents ?). 1$ la semaine qui peut être payé en travaillant (poubelles, nettoyage) (402). Tom demande ce qu’est le Comité : 5 pavillons sanitaires. Chaque pavillon élit son délégué au Comité central, « et c’est le Comité qui fait loi. » Quand il décide quelque chose, il faut s’incliner. S’ils deviennent injustes on peut les renverser. Ex des prédicateurs de la Sainte-Roulotte qui ne sont plus revenus à cause de la règle : droit de prêcher dans le camp mais pas de faire la quête. Le Comité central assure l’ordre et fait les règlements et ça marche. Le Comité des dames viendra voir votre mère : il s’occupe des gosses et de la question sanitaire. Si votre mère ne travaille pas elle pourra s’occuper des enfants de celles qui ont du boulot. Une infirmière vient faire la classe. Tom revient sur la question des flics. Ils n’ont pas le droit d’entrer sans mandat d’arrestation (403). Tom demande ce qui se passe en cas de chambard : 1er avertissement : rappel à l’ordre, 2e : avertissement sérieux, 3e expulsion. Tom surpris évoque l’incendie du camp d’Hooverville. Les soirs de bal, des gars prennent la garde. Des bals ? C’est pas Dieu possible ! Le plus beau bal du pays, tous les samedis soirs. Tom se demande pourquoi il n’y a pas plus de camps comme celui-ci. A lui de le découvrir. Tom pense que Man va être contente.
Tom descend la rue entre les rangées de tentes bien alignées. Propreté. Description du pavillon sanitaire n°4. Accueilli au camion par Man (404). Il lui dit que ça va lui plaire. Elle s’inquiète de ce qu’il ne veut pas lui dire. Il sourit. Ils vont se coucher.
. Déjeuner avec les voisins (les Wallace) (405- 408). Tom réveillé par un bruit métallique. Le camp est encore endormi. Le jour se lève (405). Près d’une tente lueur orange filtrant à travers les fentes d’un vieux poêle, fumée grise. Une jeune femme qui s’affaire autour du feu et donne le sein à son bébé. Tom s’approche. Odeur de lard grillé et de pain cuit. Tom salue la jeune femme. Un jeune homme et un plus vieux sortent de la tente. Description (barbe, vêtements neufs). Ils saluent Tom et viennent se réchauffer près du poêle (406). La jeune femme prépare le déjeuner. Le plus vieux invite tom à déjeuner avec eux. Il n’a pas le courage de refuser. Le jeune lui demande s’il travaille par ici. Tom leur dit qu’ils viennent d’arriver. Eux, viennent de travailler 12 jours, ils ont pu s’acheter des affaires neuves (407). Plat de lard, gros biscuits, bol de jus de lard, café. Chacun mange. 12 jours qu’ils mangent bien. Le père et le fils s’arrêtent de manger.
. En chemin avec les Wallace (408- 412). Les Wallace doivent partir. Ils proposent à Tom de venir avec eux. Il pourra peut-être se faire embaucher. Il les remercie pour tout. Il veut aller prévenir sa famille (408). Seule Ruthie est réveillée. Il lui dit de prévenir la famille qu’il a peut-être trouvé du travail et qu’il a mangé avec les voisins. Il rejoint ses nouveaux amis. Le camp commence à s’animer. Un vieillard ratisse le sol. Il s’est saoulé au bal (409) du samedi soir et a chanté toute la nuit. Tom dit comment il s’appelle et qu’ils sont en Californie depuis trois jours. Timothy Wallace et son fils Wilkie Wallace, en Californie depuis 10 mois, depuis les inondations de l’année précédente. Un camion chargé d’hommes passe : les employés de la Compagnie du Gaz. Leur travail, à un mille (410). Ils ont été obligés de vendre leur voiture quand ils manquaient de tout : 10$ ! Wilkie l’a vue en vente pour 75$. Ils n’ont pas pu faire autrement. « Ou bien on les laissait nous voler notre auto ou bien c’était nous qu’on leur volait quéqu’chose. On n’a pas encore eu à voler, mais, nom de Dieu, s’en est pas fallu de beaucoup. » Les Wallace ont vu les prospectus, eux aussi. Ils disent qu’il n’y a beaucoup de travail et que les salaires diminuent. Ils travaillent pour un brave type dans une petite ferme mais ça ne durera pas longtemps. Tom demande pourquoi il le faut embaucher alors. Peut-être par bêtise (411). Ils gagnent 30cts de l’heure.
. A la ferme : discussion avec M. Thomas (412- 415). Arrivée à la ferme. Derrière grange, carré de vignes et champ de coton. Un homme sort (description). Timothy salue M. Thomas, il lui présente Tom. Thomas accepte de l’embaucher. Mais, il a quelque chose à leur dire. Il les a toujours payés 30cts. A partir de maintenant, ils n’auront plus que 25cts. Timothy rappelle qu’ils ont toujours bien travaillé (412). Thomas explique : il a 60 arpents. Hier soir, réunion de l’Association des Fermiers, dirigée par la Banque de l’Ouest (propriétaire de toute la vallée). C’est le délégué de la Banque qui a dit de payer 25cts pour ne pas créer le désordre. En balance, renouvellement du prêt pour la prochaine moisson. Timothy désemparé. Thomas dit qu’il fait pas le poids (3 employés contre 3 000 pour Mme la Grosse Banque). Il a des échéances à payer et ne voit pas de solution. Il revient avec un journal :
« La nuit dernière, un groupe de jeunes gens, exaspérés par les menées des semeurs de désordre, brûlèrent les tentes d’un camp de saisonniers de la (413) région et intimèrent l’ordre aux agitateurs extrémistes d’avoir à quitter le comté… »
Tom veut réagir mais il se retient. Thomas dit que c’est l’Association qui a envoyé ces hommes. Il n’est pas censé leur avoir dit. Timothy comprend que s’il y avait des agitateurs, ça les ait mis en colère Thomas constate qu’on parle toujours d’agitateurs rouges quand il y a des baisses de salaires. Timothy et Wilkie acceptent les 25cts. Tom a besoin de travailler. Thomas ne sait pas combien de temps ça va pouvoir tenir. Il leur demande de se remettre à travailler et leur demande s’ils viennent d’un camp du Gouvernement (414). Timothy fait partie du Comité central. Thomas leur dit d’ouvrir l’œil lors du prochain bal. Il y aura de la provocation pour que la police puisse intervenir. L’Association n’aime pas ces camps. Ils ne doivent pas dire que c’est lui qui le leur a dit. Tom ne comprend pas : ces gens-là ne font de mal à personne : « J’vais vous le dire pourquoi, répondit Thomas. Ces gens qui sont au camp, eh bien, ils commencent à s’habituer à être traités comme des êtres humains. Quand ils retourneront dans les autres camps, ils ne se laisseront plus faire. » Thomas a peur de perdre sa ferme mais il les aime bien. Timothy lui serre la main. . Les trois hommes creusent la tranchée et discutent (416- 418). Les trois hommes rejoignent une longue tranchée dans le champ. Le père Wallace leur passe deux pioches et une pelle. Tom est content de travailler. Il descend dans la tranchée et commence à piocher. Wilkie est impressionné par son énergie. Six pieds de long. Puis Wilkie le relaie (416). A la demande Tom, Timothy parle du Comité central : tout le monde fait son possible ; si seulement les gros fermiers cessaient de les empoisonner. Tom redescend dans la tranchée. Tom demande pourquoi ils veulent provoquer une bagarre : ils veulent les vider, ils ont peur qu’ils s’organisent. Les gens se gouvernent eux-mêmes : le meilleur orchestre à cordes de la région, un petit compte en magasin pour ceux qui n’ont pas de quoi (droit d’acheter jusqu’à 5$ de provisions), jamais d’histoires avec la police. « Ils se disent que si on est de taille à se gouverner nous-mêmes, peut-êt’ qu’on serait de taille à fait aut’chose. » Tom sort de la tranchée et évoque l’article de journal. Il explique qu’il n’y avait pas d’agitateurs et demande ce que c’est que ces « rouges » (417). Timothy parle d’un propriétaire de 30 000 arpents (Hines) obsédé par les rouges. Un nouvel arrivé lui a demandé ce que c’était qu’un « rouge » « Un rouge c’est n’importe quel enfant de garce qui demande 30cts de l’heure quand on en paie 25 ! » le gars a fini par dire que si c’était ça un rouge, il en était un. Tom s’esclaffe. Il veut bien en être un lui aussi ! La pioche, un fameux outil quand on ne se bat pas avec. Les hommes travaillent sans relâche à mesure que la mâtinée s’allonge.
. Ruthie et Winfield dans le pavillon sanitaire (418- 421). Après le départ de Tom, Ruthie reste un moment (418) dans le pavillon sanitaire. Le courage lui manque. Elle revient à la tente. Tout le monde dort. Winfield s’éveille. Elle lui dit de venir avec elle. Elle dit qu’elle n’a pas dormi. Il la traite de menteuse (histoire de l’homme tué avec un grand couteau, de l’ours qui a enlevé l’enfant). Winfield ne croit pas ses histoires (419). Suite de leurs histoires et mensonges. Dans le pavillon : WC, rangée de lavabos, 4 cabines de douche. Dans les cabinets, Winfield pousse le bouton de la chasse d’eau : l’eau jaillit. Les deux enfants croient avoir fait une bêtise. Ruthie accuse son frère. Il se met à pleurer (420). Elle lui dit qu’elle le dénoncera pas, que les toilettes étaient déjà cassées.
. Man dans les toilettes des… hommes (421- 423). Le camp s’éveille. Man aperçoit les enfants. Man demande où est Tom : il est parti travailler. Elle parle des cabinets blancs (421) et dénonce son frère. Il dit qu’elle a pissé dedans. Man leur explique comment ça marche. Honteux, les enfants sortent. Man inspecte le pavillon sanitaire. Un homme âgé derrière elle lui demande ce qu’elle fait là (422). Elle est dans les toilettes des hommes. L’homme s’adoucit et lui demande si elle vient d’arriver. Dans la nuit. Alors le Comité des dames ne lui a pas parlé. Elle ne comprend pas. Les toilettes des dames sont de l’autre côté. Man n’est pas rassurée par ce Comité. Elle regagne précipitamment sa tente.
. Man lance les préparatifs (423- 426). Man demande aux enfants de se laver. Oncle John paraît malade (423). Man annonce à Pa la venue du Comité des dames et dit que Tom a trouvé du travail. Elle prépare le déjeuner (bouillie de maïs avec lard). Elle dit à Rose d’aller se préparer et de mettre une robe propre et de se coiffer. Elle dit qu’elle ne sent pas bien : « Tu vas me faire le plaisir de te secouer. J’en ai assez de tes giries. » (424). Elle continue de se plaindre, dit qu’elle a envie de vomir. Pa revient du pavillon. Elle lui dit de se changer et de nettoyer les oreilles des enfants pour que la famille ait l’air convenable. Il conduit les enfants au pavillon sanitaire. Oncle John au pavillon (425). Man s’assoit sur la cuvette.
. Visite de Jim Rawley, directeur du camp (426- 428). Man a terminé de préparer le repas. Arrivée d’un homme vêtu de blanc, Jim Rawley, directeur du camp, venu voir si tout va bien, s’ils ont tout ce qui leur faut. Man vante les lavabos. Il évoque le chœur des femmes qui font la lessive. Elle lui demande si c’est lui le patron. Non, les gens font tout ici (426). Il parle des gens qui fabriquent des vêtements et des jouets. Il a déjà mangé mais accepte une tasse de café. Man ne voit que gentillesse sur son visage (bords effilochés de son veston blanc). Il évoque la visite du Comité des dames. Man dit qu’ils ne sont pas prêts (427). Il lui dit de ne pas s’inquiéter pour ça. Les Comités savent de quoi il retourne. Il doit partir.
. Suite des discussions et préparatifs familiaux (428- 432). Pa revient avec les enfants. Man leur dit de se dépêcher et de mettre un peu d’ordre. Al revient et parle d’un gars qui construit sa roulotte. Man aimerait mieux une petite maison (428). Après le repas, Pa, John et Al iront chercher du travail. Al aimerait travailler dans un garage, se dégoter une Ford et aller faire des virées. Il a déjà repéré une fille. Pa lui dit de trouver d’abord du travail. Oncle John ressort des cabinets. Man veut lui dire qu’il ne s’est pas lavé mais en le voyant mal en point, elle n’insiste pas : « J’ai péché et je dois expier ». Man évoque la venue du directeur. Pa demande de quoi il se mêle. Man dit qu’elle est aussi capable qu’une autre de repérer un fouineur quand elle en voit un (429). Pa, John et Al s’en vont avec le camion. Man va chercher de l’eau. Elle est occupée à laver la vaisselle quand Rose revient, peignée, lavée et changée. Elle a pris une douche et une dame qui a remarqué qu’elle était enceinte (430) lui a parlé d’une infirmière. La semaine passée, il y a eu une grande fête et des cadeaux à l’occasion de la naissance d’un bébé. Man heureuse d’avoir trouvé des gens bien. Elle repense au policier de Needles. Maintenant, elle n’a plus honte. Elle parle de la simplicité et de la gentillesse du directeur : « Je t’assure, je me sens redevenir un être humain. » Après avoir posé la dernière assiette, elle cherche ses souliers, une robe propre et ses boucles d’oreilles (431). Elle demande à Rose de faire patienter les dames du Comité si elles arrivent.
. Lisbeth Sandry, l’intégriste fanatique effraie Rose de Saron (432- 435). Rose frotte le bout de ses escarpins. Arrivée d’une femme corpulente portant au lavoir une caisse de linge sale (description). Elle demande à Rose si elle attend un garçon ou une fille : « t’as attrapé une tumeur vivante ? ». Elle lui pose des questions sur leur arrivée. Rose parle de son frère qui a trouvé du travail. La femme commence par dire qu’il ne faut pas se fier au bonheur et menace Rose : il se passe des choses scandaleuses dans le camp : ces danses sensuelles et ces gens qui font du théâtre ! (433). Rose, naïve, parle d’une représentation de la Nativité à l’école. Mais la femme surenchérit dans sa condamnation du spectacle théâtral et dans le châtiment qui attend les mécréants. Puis elle parle de deux femmes qui ont perdu un enfant mort : la première qui a accouché d’un enfant mort, a été punie parce qu’elle faisait du théâtre (434), pour la seconde, elle pense que le directeur l’a aidée à se débarrasser de l’enfant. Il ne croit pas au péché ! Elle évoque une conversation avec le directeur où, selon elle, elle a eu le dessus. Avant de partir, elle lance cette imprécation à Rose : « Gare à toi, je t’ai prévenue. Attention à c’pauvre enfant que t’as dans ton ventre et tâche de te garder du péché. »
. Jim Rawley rassure Rose de Saron (435- 436). Rose commence à gémir quand arrive le directeur du camp. Il lui dit de ne pas s’inquiéter mais elle s’accuse d’avoir dansé comme il ne faut pas avec Connie, à Sallisaw (435). « Elle dit que je perdrai l’enfant ». Rawley dit que c’est une brave femme mais qu’elle rend les gens malheureux. Les deux filles qui ont perdu leur bébé ? La fatigue, la faim, le travail, le voyage en camion, la maladie : pas de leur faute. Elle a dit qu’il était le diable. Il le sait. C’est parce qu’il l’empêche de rendre les gens malheureux. Il s’en va.
. Une discussion entre Rose et Man (436- 438). Retour de Man avec une robe imprimée. Elle parle de la douche, demande si les dames sont passées, lui dit de s’activer (436). Rose est inquiète pour Connie et demande à Man si c’est un péché de danser et de jouer du théâtre, si elle pourrait perdre son enfant. Qu’est-ce qu’elle raconte ? Rose parle de la visite de la femme et de ce que lui a dit le directeur. Man lui dit de ne pas tout ramener à elle et que personne n’a fait autant de chichis dans la famille (437). Connie lui a mis ces idées dans la tête. Elle doit se tenir à sa place : « Tu n’es ni assez importante ni assez mauvaise pour que le Seigneur se tourmente à cause de toi. Et si tu n’arrêtes pas de te torturer la cervelle, tu vas prendre ma main sur ta figure. »
. Arrivée des dames du Comité (438- 445). Arrivée des trois membres du Comité des dames du pavillon sanitaire 4 (description). Elles saluent Man par son nom qui s’excuse de ne pas être présentable (438). Man les invite à s’asseoir : Annie Littlefield, Ella Summers, Jessie Bullitt, la volumineuse présidente. Elles sont juste venues leur souhaiter la bienvenue. Jessie qui n’aime pas que les deux autres parlent à sa place veut la mettre au courant du fonctionnement du pavillon sanitaire et l’inscrire à leur club où on lui donnera un emploi. Man s’inquiète du prix (que du travail). Elle fera peut-être un jour partie du Comité. Jessie fait partie du Comité central du camp (439). Man leur présente Rose. Jessie les conduit au pavillon : 20 lavoirs (il faut les laisser propres- Jessie les présente aux femmes présentes), les douches et les WC. Chaque semaine un nouveau comité chargé du nettoyage (440). Jessie ne veut pas qu’Ella l’interrompe (elle était présidente la semaine dernière). L’anecdote de la femme qui faisait tremper le pantalon de son mari dans la cuvette des WC et qui trouvait que c’était trop petit et trop bas. Le pavillon 4 consomme plus de papier que les autres ; on en a parlé en réunion (441). Le mystère du papier disparu.
Une femme vient annoncer qu’elle a cinq filles... (442) qui ont la diarrhée parce qu’elles mangent du raisin pas mûr. Il faut s’inscrire au Secours madame Joyce. Elle ne veut pas l’aumône. Pas d’aumône ni de charité dans le camp dit Jessie. Elle lui dit d’aller à l’épicerie, de faire des provisions et d’apporter la facture. Elle remboursera quand elle pourra. Prendre du fromage pour ses filles.
Une fois partie, Jessie mécontente de Mme Joyce. Annie la défend, elle a peut-être eu à accepter l’aumône. Ca laisse des traces. Annie en a l’expérience l’hiver dernier à l’Armée du Salut (perte de dignité). (444). Son mari en a été démoli. Elles veulent conduire Man à la lingerie (couvertures raccommodées, robes).
. Ruthie et Winfield et le jeu de croquets (445- 447). Ruthie et Winfield s’éclipsent. Grossièreté de Ruthie sur les dames que Winfield menace de rapporter. Déambulation le long de l’allée. A l’extrémité du pavillon : ½ douzaine d’enfants jouent au croquet. Une femme âgée sur un banc. Ruthie et Winfield demandent à entrer dans le jeu. Une fillette aux cheveux tressés (445) lui demande d’attendre la partie suivante. Ruthie la gifle et lui arrache son maillet. La dame dit à la fillette de la laisser jouer comme elle a fait pour Ralph la semaine dernière. Les enfants lâchent leurs maillets et s’écartent. Ruthie invite Winfield à jouer mais il reste dans le public ; elle dit aux enfants de venir jouer. Ils reculent à son approche. Elle lance le maillet et s’enfuit en pleurant. La femme dit à Amy qu’elle n’a pas été gentille (446). Le jeu reprend mais Ruthie pleure sous la tente des Joad.
. La quête de travail infructueuse des hommes (447- 448). Le camion sur les routes bordées de vergers (pêches, raisins, noyers). Devant chaque entrée : « Pas d’embauche. Entrée interdite. » Ils croisent un homme en salopette sur le bord de la route. Il court depuis huit jours sans avoir trouvé de travail. Ils lui proposent de monter avec eux. Oncle John ne se sent pas bien, voudrait foutre le camp (447). Pa dit ne pas le faire : grand-père et Grand-mère morts, Noah et Connie partis, le pasteur en prison. Al propose de retourner au camp pour demander où il y a du travail. Pa pense que Man sera mécontente. Retour au camp.
. Man à ses pensées (448- 449). Man requinquée après la visite des dames du Comité. Rose va travailler à la crèche (448), on lui montrera ce qu’il faut faire. Man espère que les hommes vont trouver du travail. Si elle a de l’argent, elle achètera un petit poêle et des sommiers d’occasion. Samedi, ils iront au bal.
. Retour de Lisbeth Sandry (449- 451). Lisbeth Sandry, la fanatique, se présente à Man. Elle recommence son prêche : un mauvais lieu où les pécheurs sont nombreux (449), des gens qui dansent de manière indécente, âme perdue dans ce camp de perdition. Le pasteur de Weedpatch a dit la même chose. Mme Sandry devient agressive, traite des Joad de créatures du péché et renouvelle sa malédiction pour le bébé de Rose : « Et je vois cette petite âme innocente qui est là dans le ventre de vot’fille en train de brûler aussi. » Plainte rauque de Rose. Man ramasse un bâton et la chasse. La femme se met à hurler (450) et s’effondre. Elle est possédée, dit un homme.
. Nouvelle visite du directeur (451- 452). Le directeur passe et demande à quelqu’un de raccompagner Lisbeth à sa tente. Rose se cache sous une couverture. Le directeur demande à Man si elle l’a frappée. Il voudrait bien qu’elle parte. A elle seule, elle cause plus de tracas dans le camp que tous les autres (451). Man ne veut plus qu’elle tourmente sa fille. Le directeur dit qu’elle n’a plus toute sa tête et s’éloigne.
. Man repense à tout ce qui s’est passé (452- 456). Man essaie de consoler sa fille puis va s’asseoir à l’entrée de sa tente. Retour de Pa : sans travail. Man dit qu’elle se trouve bien ici, que quand ils étaient sur la route, elle ne pensait à rien mais que, maintenant, elle repense à tous les malheurs (enterrement de Grand-père et Grand-mère, départ de Noah, de Connie) (453) : maintenant que ça fait mal. Pa parle des canards des merles et des pigeons qu’il a vus. Ca leur rappelle des souvenirs : l’hiver qui s’annonce tôt (454). Man voudrait bien ne plus penser à leur maison et à Noah. Pa se sent coupable. Oncle John se joint à eux. Il dit qu’Al doit acheter un autre pneu. Pa s’éloigne (455). John dit que Tom est peut-être parti comme Noah. Man n’y croit pas, c’est un brave garçon. Elle demande à John d’aller chercher Pa et d’aller à l’épicerie (haricots, sucre, viande, carottes, quelque chose de bon) (456).

CHAPITRE XXIII : LES DISTRACTIONS DES EMIGRANTS

. Les conteurs : un Indien courageux (457- 459). Les émigrants à l’affût de distractions dans leur chasse au travail. Fabriquent des amusements. Plaisanteries qui aident à oublier. Talents de conteurs qui se révèlent et se répandent. Rassemblement autour du feu pour écouter le conteur : « dans l’armée, me suis battu contre Géronimo le Rouge… les Indiens qui savent se déplacer en silence (auditoire attentif)… les bourdes des soldats (457) 3 régiments pour abattre 100 hommes courageux (le conteur ménage ses effets)… un brave debout sur une crête, bras écartés, bien en évidence. A 400 yards. Nos hommes ne peuvent pas tirer. Capitaine en colère donne jusqu’à 5. J’ai visé. Il est tombé… il était tout petit… on a détruit quelque chose qui valait mieux que soi (458) (signes d’approbation)… bras en croix, il avait l’air d’un Dieu. »
. Le cinéma : l’histoire de riches qui se faisaient passer pour pauvres (459- 460). Un homme qui décide de consacrer ses 20cts à une séance de cinéma à Tulare, Marysville, Cérès ou Mountain-View. En rentrant au campement, il raconte : « un richard qui se fait passer pour pauvre rencontre une petite (riche elle aussi et se faisant passer pour pauvre) chez un marchand de frites (les émigrants ne comprennent pas pourquoi… commentaires). Ils se font arrêter dans une rafle lors d’une réunion de Rouges… par hasard. Prison. Ils s’arrangent pour en sortir. Le gardien est vache parce qu’il pense qu’ils sont pauvres (459). Ils voulaient qu’on les aime pour ce qu’ils étaient. Ils se sont mariés et tout le monde a découvert la vérité. Après des actualités où on montrait des Allemands marcher au pas de l’oie. »
. Ivresse (460- 461). Quand un homme a un peu d’argent, il peut se saouler. Chaleur, bien-être, oubli de la solitude. Plus de désespoir, de faim. Le monde devient agréable et compréhensif et le ciel doux, la mort une amie. Souvenirs reviennent à la mémoire : une jeune fille venue danser à la maison, un cheval et une selle. Trouver une fille pour bavarder et… coucher avec elle. Il fait bon ici (460). Etoiles tellement proches… comme la tristesse et le plaisir. Je voudrais être tout le temps saoul. Qui a dit que c’était mal ? Les pasteurs ? Ils me saoulent. Ces femmes aigries ? Elles ne peuvent pas savoir. Les redresseurs de tort ?, les chasseurs de péchés ? Ils ne connaissent pas la vie. Près des étoiles, je m’incorpore à la fraternité des mondes. Toit est sacré – même moi.
. Musique (461- 462). Harmonica (461) : facile à transporter. Le sortir de sa poche et le tapoter pour le nettoyer et le voilà prêt. Les sons qu’on peut tirer de l’harmonica (son mince de la clarinette, des accords compliqués ou mélodie avec des accords. Mouler de la musique dans le creux de sa main, le faire gémir et pleurer comme une cornemuse, en tirer le son de l’orgue ou les notes d’un chalumeau de montagnards). Toujours sur soi. On apprend de nouveaux trucs. On s’exerce, parfois seuls. Inconsciemment, on bat la mesure. Si on le perd ou si on le casse, on peut en racheter un pour ¼$. Guitare (461- 462) : plus de valeur, ça s’apprend. Faut avoir des callosités aux doigts de la main gauche et le pouce droit dur, les doigts gauches écartés (461). La guitare de mon père. Très petit la 1ère fois. Quand j’ai su en jouer aussi bien que lui, il n’y a plus joué. Il m’écoutait et battait la mesure. Se crispait avec moi quand je cherchais une mesure. Usée par les millions de chansons qu’on a jouées dessus. Faut pas essayer de la réparer. Je vais en jouer ce soir avec un type qui joue de l’harmonica. Violons (462). Pas beaucoup. Dur à apprendre. Ecoute un vieux pour apprendre. Jamais il te dira ces secrets. Ca chante comme le vent le violon. Celui-là n’est pas fameux. Je l’ai payé 2$. Des violons qui ont 400 ans, prennent du moelleux, comme le whisky… dans les 50, 60 000$. Une blague ? Sacré crincrin. Vous voulez danser ? J’vas frotter l’archet avec du collodion.
. Danses (462- 463). Dans la soirée les 3 : harmonica, violon et (462) guitare : une scottish…. La Danse des Poules… (description des danses). Regardez-moi ce garçon du Texas qui fait voltiger sa cavalière, la petite Indienne cherokee
. Souvenirs du pays (463- 464). Chez moi, au pays, on a fait un bout de chemin ensemble et on est allés couchés dans la meule de foin. C’est de voir ce jeune gars du Texas se faufiler dehors avec la petite qui m’a rappelé ça ; ils s’imaginent que personne ne (463) les a vus sortir. Le père de la petite se lève, non il se ravise. On ne peut pas empêcher l’automne de venir après l’été. Jouez-nous En me promenant dans les rues de Laredo. Le feu est tombé.
. Parodie de baptême (464- 465). Au fond d’un fossé d’irrigation, un prédicateur se démène et les gens pleurent. Parodie de cérémonie de baptême (464). « J’voudrais bien savoir c’que c’était tous ces péchés, pour pouvoir les essayer au moins une fois. »
« Les émigrants cherchaient humblement à se distraire sur les routes. »

CHAPITRE XXIV : LE BAL DU SAMEDI SOIR

. Les préparatifs du samedi (466- 467). Samedi matin grande presse au lavoir. Début de l’après-midi, agitation fiévreuse (enfants plus turbulents). Milieu de l’après-midi : bain collectif des enfants : le vacarme s’apaise sur les terrains de jeux. Avant 5h, les enfants sont lavés et menacés s’ils se salissent de nouveau. Ils errent, mal à l’aise dans leurs vêtements propres. Sur le vaste estrade du bal en plein air, le Comité s’affaire : ce soir bal illuminé pour la 1ère fois. Vers 6h, les hommes rentrent du travail (ou de la recherche de travail) : une nouvelle vague déferle vers les douches. A 7h (466), tout le monde a diné, tout le monde est prêt. Sur l’estrade, l’orchestre à cordes répète, entouré d’une double haie d’enfants. Agitation.
. Réunion du Comité central (467). Réunion des 5 membres du Comité central sous la tente du président, Ezra Huston (description) qui s’adresse au Comité (chaque membre représente un pavillon sanitaire) : ils ont été prévenus de la tentative de déstabilisation du bal. Le délégué du pavillon 3 (petit gros) propose une « trempe soignée ». Huston ne veut pas entrer dans leur jeu pour ne pas justifier l’intervention de la police. Il demande au représentant du pavillon 2 (jeune homme à l’air mélancolique) s’il a rassemblé les gars qui doivent monter la garde autour de la clôture. Oui, 12, avec la consigne de ne pas les frapper. Huston veut qu’on aille chercher Willie Eaton, président du Comité des Fêtes.
. Consignes à Willie Eaton (467- 469). Arrivée d’Eaton (467), originaire du Texas. Description. Exposé de ses préparatifs : d’habitude 5 au Comité des Fêtes, 20 costauds engagés pour avoir l’œil pendant le bal et entourer quiconque commence à se chamailler (sans brutalité), 5 à la grille pour inspecter les gens qui rentrent et les repérer avant qu’ils agissent. Aucune violence pour empêcher intervention des shérifs adjoints. Les emmener par derrière (468). Ne pas se servir de bâtons ou de couteaux, pas de sang. Huston sera à droite de l’estrade. Willie sort.
. Discussion au sein du Comité (469- 471). Huston craint que ça tourne mal. Pourquoi les shérifs adjoints ne les laissent-ils pas tranquilles ? Jérémie, le représentant du pavillon 2 dit que quand il était au camp de la Société d’Agriculture et d’Elevage, il y avait 1 flic pour 10 personnes et 1 robinet pour 200 personnes. Le délégué du 3 confirme. Il y était (un lot de baraques par rangées de 35, sur 15 de profondeur, odeur pestilentiel : 10 latrines). Un des shérifs adjoints lui a dit qu’on habituait trop les résidents des camps du gouvernement au confort – eau, cabinets à chasse d’eau- (469), que c’était plein de rouges qui tiennent des réunions extrémistes et qui veulent se faire inscrire au Secours. Transcription d’un échange entre un petit homme et le shérif adjoint : l’adjoint se plaint de payer des impôts pour le Secours qui bénéficie aux Okies, l’homme dit qu’ils payent la taxe d’Etat, l’impôt sur l’essence et le tabac, que les fermiers touchent une prime du gouvernement, les compagnies de navigation et de chemins de fer des subventions et qu’heureusement qu’ils sont là pour cueillir les fruits ; l’adjoint le traite de rouge et l’embarque : 60 jours de prison pour vagabondage ! Timothy Wallace s’étonne : cet homme avait du travail. Le petit homme : « - T’as encore des illusions, fit-il. Tu sais bien qu’il suffit qu’un flic t’ait dans le nez pour que tu sois un vagabond. Et c’est pourquoi ils ne peuvent pas sentir notre camp. Les flics (470) n’ont pas le droit d’y mettre les pieds. Ici, on est aux Etats-Unis, pas en Californie. » Huston voudrait bien pouvoir y rester. Les gens s’entendent bien ici. Pourquoi ne peuvent-ils pas les laisser tranquilles ? Il faut conserver la paix. Pas toujours tout rose ici. Le petit homme évoque une bagarre entre femmes de son pavillon.
. Début du bal (471- 476). Crépuscule. Exercices de l’orchestre plus sonores. Les ampoules s’allument. Enfants se groupent devant les musiciens. Jeune guitariste chante le Down Home Blues ; au 2e refrain, 3 harmonicas et un violon se mettent de la partie (471). Les gens déferlent vers l’estrade et attendent. Camp délimité par haute clôture en fil de fer, tous les 20m une sentinelle assise dans l’herbe. Voitures des invités qui arrivent : petits fermiers des environs, émigrants venus des autres camps. En passant la grille, chacun donne le nom de l’habitant du camp qui l’a invité.
L’orchestre à cordes attaque un air connu. Devant leurs tentes, les Adorateurs de Jésus se tiennent aux aguets, guettant le péché. Ruthie et Winfield pressés d’aller écouter la musique, filent vers l’estrade. Al termine son repas se rase, se douche, se prépare (brassards rouges), se dirige vers l’estrade, aperçoit une jolie blonde près de l’estrade (472). Il l’invite à danser mais la mère de la jeune fille lui dit de s’éloigner car elle est déjà fiancée. Pa demande à John de venir avec lui à la maison du directeur. Tom va aller au bal, on l’a mis dans un Comité. Il remarque que Rose a grossi (473) et embelli. Il plaisante (une brouette bientôt nécessaire). Man lui dit de ne pas la tourmenter. Ils parlent de Connie (probablement en train d’étudier pour devenir président des Etats-Unis). Arrivée de Willie Eaton qui dit à Tom qu’ils ont besoin de lui, d’abord à la grille puis dans le bal pour repérer les agitateurs. Man s’inquiète qu’il y ait des histoires (474). Ils s’éloignent en direction de la grille. Man dit à Rosaharn de sortir. Celle-ci ne veut pas que les gens la regardent. Est-ce qu’elle va au bal ? Elle voudrait que Connie soit là. Man lui dit de ne pas faire honte à la famille et que c’est qu’une bonne fille. Elle prendra soin d’elle. Elles iront ensemble au bal pour la protéger (475). Rose a peur. Man l’entraîne au pavillon sanitaire.
. Discussion de Pa avec un homme au chapeau noir (476- 478). Pa et Oncle John accroupis au milieu d’un groupe d’hommes contre la véranda du bureau. Pa évoque une opportunité de travail perdue à 2mn près. Le contremaître leur a dit de faire passer le message qu’ils embauchaient pour 25cts. Un homme dont le visage est caché par son chapeau noir réagit : ils en trouveront des hommes qu’ont faim mais on ne peut pas nourrir sa famille avec 25cts. Quand on a faim, on accepte n’importe quoi. Il faudra bientôt payer pour travailler (476). Pa a été refroidi par l’allure du gars. Le gars au chapeau noir parle d’un type pour lequel il travaillait : la cueillette lui coûte plus chère que le bénéfice qu’il pourra en tirer. Pa rêve d’une une terre pour cultiver des haricots et élever des cochons et des poules. Les gosses iraient à l’école. L’homme au chapeau raconte que son fils se faisait traiter d’Okie et se battait tous les jours. Pa se demande ce qu’il va faire. Seul son fils a trouvé du travail, ça ne suffit pas. Il va accepter les 25cts (477). « C’est ça, fit-il, d’un ton amer. Allez-y. et moi j’suis un homme à vingt-cinq cents. Vous allez me prendre ma place pour vingt-cinq cents. Après ça, j’aurai le ventre creux et je la reprendrai pour quinze. Allez-y. Faites-le. » Gêne de Pa : il ne peut pas crever de faim. Le gars au chapeau noir ne sait pas non plus quoi penser, il doit nourrir son gosse.
. Tom à l’entrée avec Jules Vitela (478- 479). A l’entrée, Tom inspecte les arrivants. Un projecteur éclaire les visages. Eaton lui envoie Jules Vitela, brave garçon à ½ cherokee. Arrivée de Jules : il aimerait bien être un pur Indien pour avoir sa terre dans la réserve (478). Commentaire de Jules sur les bals : le seul fait de pouvoir inviter des gens rend fiers les émigrants du camp. Il a lui-même invité le propriétaire d’une petite ferme où il travaillait. Il repère quelques personnes.
. Trois suspects (479- 480). Trois jeunes ouvriers en cotte bleue. Ils se prétendent invités par Jackson du pavillon 4. Jules pense que c’est eux. Il demande à Tom de les suivre, de dire à Willie de les examiner et de vérifier auprès de Jackson. Tom les suit. Ils s’avancent près de l’estrade et se postent au 1er rang. Tom les signale à Willie qui informe Huston (479). Huston revient avec Jackson qui nie avoir invité ces types mais dit qu’il les a déjà vus : il a travaillé chez Gregorio avec eux. Huston lui recommande de ne pas s’approcher d’eux et remercie Tom (c’est Jules qui les a repérés).
. Deux autos (480). Un garçon vient prévenir Huston : une auto avec 6 hommes sous le grand eucalyptus et un autre avec 4 hommes dans le chemin. Ils ont des revolvers. Huston fait le point auprès de Willie.
. Le premier quadrille (481- 483). Willie lance le premier quadrille. Les danseurs se mettent en place, au loin les Adorateurs de Jésus observent. L’orchestre attaque La Danse des poules : violon, harmonica, guitare… l’aboyeur annonce les figures (description de la danse) (481). Man évoque ses souvenirs de danse avec Pa. Souvenirs divers : un aveugle qui jouait du violon du côté de Musgokee, il y a 20 ans, un gars qui s’est tapé 4 fois les talons en sautant, les Suédois qui mettent du poivre sur le plancher dans le Dakota. Commentaires des Adorateurs de Jésus : droit en enfer ! Les filles ont chaud et les garçons se pavanent (482). Soudain, tout s’arrête. Les enfants envahissent la piste, les musiciens se dégourdissent les jambes. Willie demande de changer de partenaire.
. Tentative de provocation (483- 486). Tom voit les trois jeunes gens avancer vers un des carrés. L’un d’entre eux veut prendre la cavalière d’un petit blond : « Dis donc, enfant de salaud ». Au loin, coup de sifflet. Les 3 jeunes gens sont déjà emmenés. Willie crie de lancer la danse. Une voiture de police s’arrête devant la grille et parle d’une émeute (483). Le gardien dit qu’il n’y a pas d’émeute. La voiture est obligée de repartir. Les 3 gars empêchés de crier. Huston vient les voir et leur demande qui leur a demandé de faire ça. Ils nient avoir voulu faire quelque chose (484). Tom confirme le passage des flics à la grille. Huston désolé que ce soit trois des leurs qui aient fait ça : faut bien manger ! Il donne des ordres pour qu’on les fasse passer de l’autre côté de la clôture : « Ils n’ savent pas c’ qu’ils font. » Huston ne veut pas qu’on les touche (485). Willie les menace. Ils escaladent la clôture et disparaissent dans la nuit.
. Reprise de la danse. L’exemple des montagnards d’Akron (486- 487). Toute l’équipe regagne le bal. L’orchestre joue Vieux Dan Tucker. Près du bureau les hommes parlent. Il va se produire du nouveau. L’homme au chapeau noir raconte : à Akron dans l’Ohio, des gars qu’on avait fait venir des montagnes pour les payer moins cher ont formé un syndicat. Ca a fait un chambard. La Compagnie a commencé à armer les gens (486). Ca se passait en mars dernier. Les montagnards se sont inscrits à un concours de tir et ont défilé dans la ville avec leurs fusils. Les gens sont rentrés chez eux et ont rendu leurs armes. L’homme au chapeau suggère de faire pareil par ici.

CHAPITRE XXV : LE PRINTEMPS CALIFORNIEN : DE L’ECLOSION A LA DECOMPOSITION

. Printemps merveilleux en Californie (488- 490). Vallées, mers odorantes d’arbres en fleurs. Premières vrilles dans les vignes. Riches collines verdoyantes, sur terrains plats s’alignent à l’infini les légumes (laitues, choux-fleurs, artichauts). Subitement feuilles sur les branches, les pétales tombent. Le cœur du bourgeon prend forme : cerises, pommes, pêches, poires et figues. Toute la Californie éclate d’une splendeur prolifique, les branches ploient sous le poids. Toute cette richesse est due à des hommes de savoir qui perfectionnent les cultures pour que les plantes soient plus résistantes. Amélioration des semences. Les chimistes aspergent les arbres pour les protéger, sulfatent la vigne. Les docteurs en médecine préventive postés aux frontières pour empêcher l’entrée de plantes infectées et d’insectes nuisibles. D’autres savants qui font les greffes : les plus adroits de tous. Tout au long des rangées d’arbres, extirpateurs et herses arrachent les herbes et retournent la terre pour la rendre plus fertile. Les fruits grossissent et s’épanouissent, les feuilles tournent au vert foncé. Les prunes, les poires, les pêches commencent à prendre forme et consistance. Les grains de raisins se forment. Propriétaires et employés des vergers surveillent. La récolte sera bonne. Le blé est devenu lourd. Les pommes et le raisin grossissent (centaines de variétés) (489). Nouvelles espèces créées (nectarines, prunes, noix).
. Les récoltes (490- 491). Les cerises mûrissent les premières : 1,5ct/livre, à ½ mangées par les oiseaux, guêpes, noyaux qui tombent et sèchent. Les prunes : on ne peut pas les faire cueillir, sécher et soufrer, pas moyen de payer des salaires, les prunes tapissent le sol, myriades de mouches, la récolte se racornit. Les poires jaunissent. 5$/tonne, 5$ pour 40 caisses de 20kg, 40 caisses pour 5$ nous n’y arrivons pas. Les poires s’écrasent par terre : guêpes et mauvaises odeurs. Le raisin : les gens n’ont pas les moyens d’acheter du bon vin, on arrache les grappes, tout est bon pour le pressoir. De l’acide formique et du mildiou dans les cuves (490) : on met du soufre et du tanin. Cela sent la décomposition et la pharmacie. Tant pis, ils pourront quand même se saouler.
. Décomposition et gâchis (491- 492). Augmentation des dettes des petits fermiers et spectre de la faillite. Ils soignent leurs cultures mais ne vendent pas. Les fruits pourrissent sur le sol et le moût en décomposition dans les cuves empeste l’air. Un vin sans goût de raisin (tanin, soufre et alcool). Seuls les grands propriétaires pourront survivre car ils possèdent en même temps des fabriques de conserves (poires). L’odeur de décomposition envahit toute la Californie. Des hommes capables de faire aussi beaux fruits sont incapables de trouver un moyen pour que les affamés puissent en manger. Cet échec plane comme une catastrophe sur le pays. Tout le travail de la nature et de l’homme doit être détruit pour que se maintiennent les cours (une abomination au-dessus des autres) (491). Chargements d’oranges jetés, aspergés de pétrole. Odeur de pourriture. On brûle le café, le maïs, on jette les pommes de terre à la rivière et on empêche les malheureux de les prendre. On saigne les cochons et on les enterre.
« Il y a là un crime si monstrueux qu’il dépasse l’entendement.
Il y a là une souffrance telle qu’elle ne saurait être symbolisée par des larmes.
Il y a là une faillite si retentissante qu’elle annihile toutes les réussites antérieures.
 »

Un sol fertile, des fruits mûrs et des enfants atteints de pellagre qui doivent mourir parce que chaque orange doit rapporter un bénéfice. Les gens essaient de prendre les pommes de terre dans la rivière. Les gardes les repoussent Oranges arrosés de pétrole. Cochons égorgés. La consternation se lit dans les visages et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim.

« Dans l’âme des gens, LES RAISINS DE LA COLERE se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines. »

CHAPITRE XXVI : LA FERME HOOPER.

. Il faut partir (493- 496). Bilan au bout d’un mois : Tom a travaillé 5 jours, les hommes ont cherché en pure perte, ils n’ont plus d’argent. Il faut se décider, dit Man. Rosaharn va bientôt accoucher, elle a mauvaise mine. Il reste de la graisse et de la farine pour un jour. Les hommes ne savent pas quoi dire (493). Tom assure à Man qu’ils ont cherché. Elle leur dit qu’ils n’ont pas le droit de se décourager, que la famille est en train de couler. Pa pense qu’ils doivent partir même s’ils n’en ont pas envie. Al a de quoi faire le plein d’essence. Tom évoque un gars qui cherchait des hommes pour aller cueillir des fruits à Marysville mais il trouve la proposition douteuse et ajoute que c’est trop loin (494). Oncle John a entendu parler de la récolte du coton du côté de Tulare. Man dit qu’il faut y aller même si c’est agréable ici. Elle part chercher de l’eau. Pa remarque que Man est devenue pas commode mais qu’au moins elle prend en charge la situation. Man revient. Ils vont monter vers le Nord (495). Ils partiront demain matin. Pa se lamente sur le fait qu’aujourd’hui ce sont les femmes qui portent la culotte. Elle lui rétorque que s’il assumait son rôle, elle lui redonnerait volontiers sa place. Il est vexé qu’elle lui parle ainsi devant les enfants. Qu’ils les nourrissent d’abord.
. Sortie de Pa et John (496- 497). Pa et John sortent. Man discute avec John (496). Elle a dit cela à Pa pour l’obliger à réagir : « tu comprends, un homme, c’est capable de se tourmenter, de se tracasser et de se ronger les sangs jusqu’à ce qu’un beau jour il finisse par se coucher et mourir, quand le cœur lui manque. Mais si on l’entreprend et si on le met en colère, eh ben, il s’en sort. Tu vois, Pa il n’a rien dit, mais en ce moment, il est dans une colère bleue. »
. Sortie d’Al (497- 498). Al se lève pour aller faire un tour. Tom lui demande de s’assurer que le camion est prêt. Tom voudrait que sa mère le mette en colère. Elle n’a pas besoin de ça, elle sait qu’elle peut compter sur lui. Il dit qu’il voudrait bien s’amuser. Elle confirme qu’il n’est pas fait pour ça, il n’agit pas que pour lui (497). « Tu es un élu Tom. » Il lui dit de ne pas dire de bêtises. Elle demande à Rose d’essuyer et de ranger les couverts. Tom la taquine. Il sort.
. Rose et Man : les boucles d’oreille (498- 500). Man demande où sont passés Winfield et Ruthie. Rose se déplace difficilement ; elle dit qu’elle n’a pas de lait. Elle parle encore de tout ce qu’elle aurait avec Connie. Elle mastique un bout de craie (498). Man qui mâchait du charbon quand elle était enceinte, lui dit de ne pas dire de bêtises. Man sen va puis revient et donne à Rose ses petites boucles d’oreille en or. Rose n’a pas les oreilles percées. Man les lui perce avec une aiguille (499) et lui dit de finir la vaisselle.
. Al compte fleurette (500- 501). Al passe devant une tente et siffle puis va s’asseoir dans l’herbe. Au bout de quelques minutes, une petite blonde s’approche. Il lui dit qu’il va partir. « Mais on va se marier, non ? » (500). D’ici quelque temps, dit-il. Elle se fâche. Il la fait trébucher et ils s’ébattent dans l’herbe. Il lui promet de revenir… dans un mois et de l’amener à Hollywood voir des films (501).
. Pa et Oncle John discutent près du bureau du directeur avec les chefs de famille (501- 503). Huston conseille au directeur d’aller dormir. La nuit dernière, il y a eu une naissance au pavillon 3. Pa annonce qu’ils s’en vont dans le nord. Huston va essayer de rester jusqu’à la prochaine récolte du coton. Pa regrette de quitter le camp (gens gentils, eau courante, cabinets). Lui qui ne se lavait qu’une fois par semaine, a pris un bain tous les jours (502). Il va y avoir encore une naissance la nuit prochaine. Pa parle de l’accouchement prochain de Rose.
. Tom, Willie et Jules discutent de la situation (quoi faire ?) (503- 505).Tom, Willie et Jules discutent au bord de l’estrade de danse. Jules propose du tabac à Tom qui accepte (il n’a pas fumé depuis longtemps). Tom voudrait bien s’installer quelque part et espère ne pas tomber sur un Hooverville. Willie lui demande s’il a déjà été dans une grève. Non (503). D’après lui si la police ne les ennuie pas ici c’est parce qu’ils sont solidaires. Un organisateur de Syndicats lui en a parlé et lui a dit qu’on pouvait faire ça partout. Pour Jules, si on monte un syndicat, il faut des chefs et ils s’en prendront aux chefs. Il faut bien faire quelque chose, dit Willie. Depuis un an qu’il est là, les salaires n’arrêtent pas de baisser. Les chevaux sont mieux traités que les hommes. Jules parle de sa fille : elle est mignonne mais n’aura bientôt plus que la peau sur les eaux. Que fera-t-il ? Il ne sait pas (504). Tom regrettera les bals.
. Man, Ruthie et Winfield qui a frappé un enfant (505- 506). Ruthie et Winfield étendus sur leur matelas, près de Man. Ruthie demande s’il y aura un jeu de croquets là où ils vont. Man lui dit de dormir. Ruthie dénonce son frère : il a tapé un enfant d’Oregon qui le traitait d’Okie. Man lui dit qu’il n’aurait pas dû. Man donne une chiquenaude à Ruthie (505) qui se met à pleurer.
. Pa, Oncle John, les cabinets et le péché (506). Pa et John dans deux cabinets voisins : en profiter une dernière fois. La peur des enfants la 1ère fois. Oncle John dit que le péché recommence à le tracasser. Pa lui répond qu’il na pas les moyens de commettre des péchés. John précise qu’il a des pensées de péché. C’est plus économique. John lui reproche de ne pas le prendre au sérieux.
. Départ réel du camp de Weedpatch (506- 508). Encore nuit. Man réveille le campement (506). Tout le monde se prépare. On charge le camion. Plus que quelques galettes froides. Al a laissé décharger la batterie ; Tom le taquine (507). Al démarre avec la manivelle. Pa et John vont dormir en haut.
. Ils reprennent le même chemin qu’à l’aller (508- 510). Ils dépassent Weedpatch en direction de l’Ouest jusqu’à la 99 et de là reprennent vers le Nord sur la grand route jusqu’à Bakersfield. Il fait jour quand ils atteignent les faubourgs. Tom regarde avec envie tous les restaurants et rêve de café. Al lui dit de se taire. Tom le fait râler avec sa petite amie (509). Al, mécontent, menace de s’en aller tout seul. Il veut trouver une place dans un garage. Man dit à Tom de ne pas les embêter avec son café (509). La route de l’aller. Le soleil se lève.
. Ils repassent devant Hooverville (510). Ils accélèrent en passant devant Hooverville qui a été reconstruit. Certains ont vu leurs affaires brûler vingt fois. Ils vont se cacher dans les fourrés et reviennent. Tom remarque qu’il commence à faire froid ; l’hiver s’annonce. Il faut ramasser de l’argent avant. Man dit que Winfield n’est pas solide et qu’il pleut beaucoup l’hiver (510).
. Crevaison (511- 512). Sifflement à l’avant : un clou énorme. Il n’y a pas de rustines. Tom prend une feuille de caoutchouc et le tube de dissolution dans la boîte de réparation. Tom et Al bloquent les roues arrière, mettent le cric et réparent (511). Fin de la réparation. Al voudrait un pneu de rechange. Les voitures passent en vrombissant.
. Un homme leur propose d’aller à la ferme de Hooper (512- 513). Tom est occupé à gonfler un pneu quand un roadster venu du Nord s’arrête de l’autre côté de la route. Un homme en descend (description) (512). Il leur demande s’ils cherchent du travail et leur propose d’aller jusqu’à Pixley puis de tourner à droite et de continuer vers l’Est jusqu’à la ferme Hooper. L’homme remonte dans son roadster et repart en direction du Sud. Tom continue à pomper (513) relayé par Al, Pa et Oncle John.
. Impatience dans le camion (514- 515). Ils repartent. Man entre Tom et Al. Al au volant accélère inconsciemment l’allure. Tom lui demande de ralentir. Man commence à penser à tout ce qu’elle achètera (café, farine, levure, viande, savon, lait. Al écrase un serpent-ratier. Circulation plus dense (voyageurs de commerce, camions-citernes, (514) camions de maisons d’alimentation en gros). Man continue de rêver à une maison. Al parle de ses projets. Le radiateur crache de la vapeur.
. Souvenirs de Mac-Alester (515-516). A Mac-Alester, Tom pensait à tout ce qu’il ferait un jour. Tout ça lui paraît loin. Un gardien lui menait la vie dure : pour cela qu’il ne peut pas sentir les flics Il ressemblait à un porc. Il envoyait les gars en liberté provisoire chez son frère qui les obligeait à travailler pour rien. En cas de protestation on les renvoyait en taule pour avoir manqué à leur parole. Man lui dit de penser à autre chose (515), à toutes les provisions qu’elle va ramener. Un personnage surnommé Guignol : combinait toujours tout pour s’évader mais incapable de tenir sa langue, tout le monde était au courant, on le laissait s’évader et on le ramenait, six gardiens avec un sac, il l’a mal pris et il a fini par se suicider. Man évoque encore Pretty Boy Floyd : pas un mauvais garçon, on l’a poussé à bout.
. Arrivée près de la ferme (516- 518). Ils arrivent à Pixley (516), pénètrent dans la ville et s’engagent sur une petite route en direction de l’Est. Man espère qu’il y aura une petite boutique où on lui fera crédit. Un encombrement barre la route : file de motocyclettes blanches le long de la chaussée. Un homme de la police locale leur demande où ils vont. Il y a du grabuge là-haut, ils doivent attendre dans la file. Pétarade de motos en marche. La file des voitures démarre, le camion des Joad en queue de cortège encadré par des motos. Inquiétude de Tom (517). Les motos accélèrent. Le policier de tête s’engage dans une large entrée. Tom voit toute une rangée d’hommes debout dans le fossé « bouches ouvertes comme pour hurler, leurs poings levés et leurs visages contractés par la fureur. » Une grosse femme accourt vers les voitures. Une moto lui barre le passage. La barrière s’ouvre. Les six voitures s’engagent dans l’entrée et la barrière se referme. Les quatre motos repartent. On entend les cris des gens dans le fossé. Deux hommes armés de fusils de chaque côté de l’allée. L’un d’eux crie de continuer. Les voitures repartent et se trouvent devant le camp de l’entreprise agricole : 50 petites huttes carrées munies d’une porte et d’une fenêtre, citerne, épicerie. Deux hommes armés montent la garde à l’extrémité de chaque rangée (518).
. Installation au camp (519- 521). Les voitures s’arrêtent. Deux comptables vont de l’une à l’autre en demandant si les gens veulent du travail. Tom veut savoir ce qui se passe. On lui dit que ça ne le regarde pas. On leur demande leurs noms, combien d’hommes, de femmes, d’enfants peuvent travailler. Pavillon 63, 5cts la caisse, pas de fruits tachés, début immédiat. Al range le camion contre la porte du pavillon 63. La famille descend. Deux shérifs adjoints dévisagent tout le monde, demandent le nom de Tom, leur dit de se tenir tranquilles en consultant une longue liste. Ils s’éloignent (519) jusqu’au bout de l’allée pour en surveiller toute la longueur. Découverte du pavillon : plancher maculé de graisse, poêle rouillé dans unique pièce empeste la sueur et la graisse. Rose et découragée mais Man dit qu’ils vont nettoyer. Les hommes déchargent. Une sorte de peur s’est emparée d’eux. Une femme en haillons passe dans la rue. Winfield et Ruthie restent près du camion. Winfield fait une petite manivelle avec du fil de fer d’emballage. Tom et Pa transportent les matelas quand un commis arrive (description) (520). Il vient des inscrire : 4 hommes vont travailler… 5cts la boîte de pêches… les gosses peuvent travailler s’ils font attention… Man voudrait être payée tout de suite : non, mais on leur fera crédit. Tom a faim.
. Au travail (521- 522). Ils vont dans le verger : caisses vides entre les pêchers. Les cueilleurs s’affairent. Pas de fruits détériorés, tombés, tachés (pas pris en compte). Des seaux (521). Tom prend un seau de 15l : des trous au fond… pour pas qu’on les vole. Les Joad s’avancent dans le verger. Al se plaint. Il préfèrerait travailler dans un garage. Tom lui dit d’arrêter de rouspéter puis il lui parle plus calmement.
. A refaire ! (522- 523). Ils cueillent des fruits et les jettent dans les seaux. Tom se rue à la besogne : 1 seau, 2 seaux, 3 seaux : 1 nickel ! Il prend la caisse et la porte au contrôle. Le contrôleur refuse car il y a des pêches abîmées. Tom va voir les autres (522). Ils doivent tout recommencer et faire attention : les poser, pas les jeter.
. Reprise de la cueillette (523- 525). Les caisses se remplissent plus lentement. Tom suggère que Ruthie, Winfield et Rosaharn les arrangent dans les caisses. Ils portent une deuxième caisse qui est acceptée. Travail tout l’après-midi ; enfants mobilisés. 8 caisses : 40cts… de viande. Ruthie essaie de s’esquiver, rattrapée par Man. John travaille 2 fois moins vite que Tom (523). Milieu de l’après-midi : Man arrive en retard, Rose s’est trouvée mal. Elle dit aux enfants de faire attention aux coliques (mangent trop de pêches). Le soir : 20 caisses = 1$. Décidés à travailler jusqu’à la nuit. Bon de caisse pour 1$. Tom le donne à Man. Ruthie dit qu’ils sont fatigués, les deux enfants rentrent avec Man (524). Winfield s’inquiète d’avoir à travailler tous les jours. Man lui parle d’école. Il ne veut pas y aller pour ne pas être traité d’Okie. Elle lui répond de ne pas leur causer d’ennuis. Ruthie a mangé 6 pêches.
. Le magasin de la Compagnie (525- 530). Grande baraque. Pas de vitrine. Un petit homme chauve derrière le comptoir (description) (525). Discussion sur la viande : hachis ? 20cts/livre (le vendeur se justifie en disant qu’il faut payer l’essence pour aller la chercher), tous nerfs et toute graisse ! des os pour la soupe ? 10cts/livre, rien que de l’os ! Pot au feu ? 25cts/livre. Man prête à se passer de viande (526) mais les autres en veulent. Rôti ? 35cts/livre. Elle prendra du hachis. Le pain : 15cts pour un pain de 12cts ? Allez le chercher en ville. Pommes de terre ? 5cts/livre. Man est énervée et demande au vendeur si la boutique est à lui (seulement employé). Elle lui reproche de se moquer des gens (527). Le magasin appartient à la Société des fermes Hooper, c’est eux qui fixent les prix. Tous ceux qui viennent là se plaignent. Finalement : 40cts de viande, 15cts de pain, 25 cts de pommes de terre, 20 cts de café. Tout le travail d’une journée de 7 personnes y passe. Man lui demande comment il a eu cette place : il faut bien manger. Elle lui tend son bon tandis qu’il note sa dette sur son livre de caisse (528). Elle demande une avance pour du sucre il ne peut pas. Elle insiste. Il met 10cts de sa poche dans la caisse en attendant qu’elle le rembourse. Elle le remercie. « - On en apprend tous les jours, dit-elle, mais il y a une chose que je sais bien, à force. Quand on est dans le besoin, ou qu’on a des ennuis – ou de la misère- c’est aux pauvres (529) gens qu’il faut s’adresser. C’est eux qui vous viendront en aide – eux seuls. » Elle sort de la boutique.
. Retour nocturne du verger (530- 531).Tom, Pa, Oncle John et Al longent le verger à la nuit tombante, les pieds lourds. Pa a mal aux reins. Tom veut se renseigner sur le raffut à l’entrée après le repas. Pa veut se reposer et lui dit de ne pas en parler à Man (530). Ils sortent du verger. Au bout de la ruelle séparant les rangées de bicoques, un gardien armé. Tom lui demande s’il y a moyen de prendre un bain avec de l’eau chaude. A la citerne… tu te prends pour Rockefeller ? Les Joad s’éloignent.
. Les deux gardiens (531- 532). Mack, le gardien se plaint des Okies qui prennent des goûts de luxe. L’autre gardien évoque les camps du gouvernement et dit qu’il faut les brûler (531). Mack demande des nouvelles de l’agitation. La police a maintenu l’ordre. « A ce qui paraît que c’est une espèce de grand maigre d’enfant de putain qui pousse les autres. Quelqu’un m’a dit qu’ils vont le poisser cette nuit, après quoi tout se tassera. » Ca leur donne du boulot. Pas de souci : si ça devient trop calme, y a qu’à les secouer. Ca va faire du vilain quand ils vont baisser les salaires.
. Repas du soir (532- 533). Chez les Joad, on prépare des steaks hachés et des pommes de terre. Man leur dit d’aller se laver à la citerne (532). L’odeur de cuisine tourne le cœur à Rose. Repas en silence. Tom demande s’il reste de l’argent. Non. Man dit qu’il faudra aller en ville (533)
. Virée nocturne de Tom (534- 536). Al veut aller faire un tour mais ne veut pas que Tom l’accompagne. Tom sort : ruelle, sentier à travers champs, vers l’entrée principale, escalade le talus, grande route devant lui, haute barrière devant lui. Un homme avec un revolver lui demande où il va (53’) et lui dit de retourner d’où il vient. Tom ne veut pas d’histoires. L’homme lui dit qu’il risque de se faire harponner par les « sacrés piquets de grève » de ces « damnés de rouges ». Tom repart, fait une centaine de pas puis s’arrête pour écouter. Il se relève, traverse le sentier et s’engage dans la chaume (535). Il passe sous la clôture. Un groupe d’hommes passe. Il les suit. Un ruisseau. Tom descend dans le ravin : un homme assis sur une caisse.
. Retrouvailles avec Jim Casy (536- 541). Un homme lui demande qui il est puis une tête sort de la tente : « Casy ! s’écria Tom. Casy ! Qu’est-ce que vous fabriquez là, bon Dieu ! » L’homme devant la tente surpris qu’ils se connaissent. Casy dit à Tom d’entrer dans sa tente. 3 hommes assis à l’intérieur. L’un d’eux demande si c’est celui dont il parlait (536). Tom explique comment il est arrivé là et pose la même question à Casy. Casy explique que c’est en prison qu’il a trouvé ce qu’il cherchait, évoque ses discussions avec les prisonniers. Tom remarque qu’il ne peut s’empêcher de causer ce qui fait rire les autres. « … j’ai étudié le fond des choses. Quelques uns des gars qui étaient en cabane, là-bas, étaient des ivrognes, mais la plupart étaient là parce qu’ils avaient volé ; et presque toujours des choses de première nécessité, qu’ils ne pouvaient pas se procurer autrement. Tu comprends ? demanda-t-il. » (537). Non, répondit Tom. « Eh ben, c’étaient des braves types, tu comprends. Ce qui les rendait mauvais, c’est simplement qu’ils avaient besoin de choses. C’est là que j’ai commencé à saisir. C’est la misère qu’est cause de tout. J’ai pas encore tiré toute la question au clair. Toujours est-il qu’un jour on nous donne des fèves qu’étaient suries. Un type a commencé à rouspéter ; ça n’a rien donné. Il braillait comme un possédé. Le mouton s’amène, jette un coup d’œil et passe son chemin. Alors, un aut’ type a commencé à gueuler. Après ça, on s’y est tous mis. Tous sur le même ton, un raffut à faire crouler les murs de la cabane. Dieu de Dieu ! Alors là, ça a donné quéqu’ chose. Ils se sont amenés à fond de train et ils nous ont apporté aut’ chose à manger… ». Casy lui demande des nouvelles de sa sœur : elle est grosse comme une vache, plaisante Tom qui lui demande ce qu’il fait là. « La grève. On est en grève. » Tom dit que 5cts, c’est pas beaucoup mais ça permet de manger. « - … Coute voir, tom, dit-il. Nous sommes venus ici pour travailler. Ils avaient dit qu’ils nous donneraient cinq cents. On était des quantités, tu penses. Une fois arrivés, ils (538) nous annoncent qu’ils nous paieront que deux cents et demi. Un homme ne peut même pas se nourrir avec ça, et pour peu qu’il ait des gosses… On a répondu qu’on ne marchait pas. Alors ils nous ont foutus à la porte. Et toute la flicaille du monde nous est tombée dessus. Maintenant, ils vous paient cinq cents. Quand ils auront brisé notre grève, tu t’imagines qu’ils continueront à payer cinq cents ? » […] « - Coute voir, dit Casy. Nous avons voulu camper tous ensemble et ils nous ont pourchassés comme si on était des cochons. Nous ne pourrons plus tenir longtemps. Y en a qu’ont rien mangé depuis dix jours. Tu retournes là-bas ce soir ? » Casy demande à Tom de dire à tous ce qui se passe, qu’ils se font du tort à eux-mêmes parce que, dès que les flics les auront vidés, les salaires retomberont à 2,5cts. Tom dit qu’il ne sait pas comment il parlera et qu’il n’a jamais vu autant de revolvers et de fusils. « - Tâche de leur dire, Tom. Ils ne toucheront plus que deux cents et demi, aussitôt que nous ne serons plus là. Tu sais que ça représente, deux cents et demi : une tonne de pêches cueillies et vendues pour un dollar. » Casy lui demande des nouvelles de sa mère. Elle se plaisait dans le camp du gouvernement (539). Tom parle de l’absence de flics dans le camp. « - Vous voyez, s’écria [Casy]. Qu’est-ce que je vous disais ? Les flics causent plus de grabuge qu’ils n’en empêchent. Ecoute, Tom. Tu vas voir tous ces gens-là. Eh bien, essaie de les amener à se mettre avec nous. Ca peut-être fait en quarante-huit heures. Ces pêches sont mûres. Dis-leur. » Tom pense qu’ils refuseront, qu’ils préfèrent toucher leurs 5cts. « Mais dès qu’ils cesseront d’être des briseurs de grève, ils pourront toujours se fouiller pour avoir cinq cents. ». Tom dit que les gens, que Pa, ne le feront pas. « Tant qu’il n’aura pas pris un bon coup sur la tête, il ne se rendra pas compte. » Tom parle de la faim, des besoins de Rose, de Man qui ne voudra pas prendre de risques pour la famille. Casy voudrait qu’ils ouvrent les yeux (540) et parle d’un gars qui avait réussi à mettre sur pied un syndicat et qui a été foutu dehors par les gens qu’il voulait aider, de la Révolution française (on a coupé la tête à ceux qui l’avaient déclenchée), de Washington et de Lincoln qui ont été lâchés. « Il me disait, le gars en question : « L’important, c’est de faire son possible. » Et aussi, il disait : « La seule chose qu’il faut voir, c’est que chaque fois qu’il y a un pas de fait en avant, il se peut que ça recule un brin, mais jamais d’autant. C’est facile à prouver, qu’il disait, et c’est ce qui montre que ça rime à quelque chose. Ca montre qu’il n’y a rien de gaspillé, en fin de compte, malgré que des fois on pourrait croire le contraire. » Tom parle de son frère qui, au lieu de causer comme Casy, court les filles. Casy répond qu’il fait ce qu’il a à faire (541)

. Le double assassinat (542- 544). L’homme dehors a l’impression d’entendre quelque chose. Un gros nuage noir s’amène. « Les flics ont été crier sur les toits qu’ils allaient nous passer à tabac et nous chasser du payer. Ils me prennent pour un meneur, à cause que je parle tant. » L’homme dit à Casy d’éteindre la lampe et de venir voir. Bruits de pas étouffés (542). Tom pense que ce sont des types qui viennent de tous les côtés et qu’ils feraient bien de déguerpir. Le petit homme ridé leur conseille de se cacher sous l’arche du pont. Ils suivent le bord du ruisseau, passent sous l’arche, font une dizaine de mètres. Ils tombent sur des hommes qui les aveuglent avec des lampes. « Ecoutez, les amis, fit-il. Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites. Vous aidez à affamer des petits enfants. – Ta gueule, sale rouge ! » Un homme s’avance avec un manche de pioche. « Vous ne vous rendez pas compte de ce que vois faites. » George frappe sur le crâne de Cay qui s’écroule (543). George demande aux hommes de l’éclairer.
Tom bondit, arrache le gourdin et frappe. La 1ère fois manque son coup, la 2de il frappe sur une tête. Trois autres coups. Bruits de pas. Tom, penché sur la forme prostrée, reçoit un coup sur la tête. Il court le long du ruisseau, s’enfonce au cœur d’un fourré. Les pas se rapprochent. Tom gagne le haut de la berge, débouche sur un verger, entend les cris des poursuivants qui le cherchent au fond du ravin, court à travers la terre labourée, passe sous la clôture. Nez écrasé. Du sang coule sur son menton. Il reste étendu à terre jusqu’à ce qu’il reprenne conscience, baigne son visage dans l’eau fraîche, arrache un pan de sa chemise et l’applique sur son nez et ses joues tuméfiées (544).

. Retour de Tom à la hutte (545- 546). Nuage noir dans le ciel. Nuit redevenue silencieuse. Il traverse le fossé, va sur l’autre berge, avance à travers le chaume, s’avance vers la maison, évite un garde. Man lui dit qu’Al n’est pas rentré. Tom se déshabille et se glisse sous la couverture. Douleur au visage. Al ne rentre qu’une heure après. Al demande à Tom pourquoi il est tout mouillé. Il lui expliquera demain (545). Il n’arrive pas à dormir : pommettes et nez douloureux.
. Le lendemain, Tom explique la situation (546- 551). Man se lève et demande à Pa s’il reste de l’argent : 60cts (546). Elle lui demande d’aller chercher de la farine et du saindoux. Si le magasin est fermé, il n’a qu’à le faire ouvrir. Les enfants s’éveillent. John réveillé. Al dort. Man regarde Tom et lui demande ce qu’il a. Il explique qu’il a été mêlé à une bagarre, qu’il ne peut pas aller travailler. Les enfants veulent savoir. Man leur dit d’aller se laver (pas de savon !) (547). Ils s’accroupissent dans un coin. Pa revient. Tom va raconter son histoire une fois pour toutes et à tout le monde : retrouvailles et mort de Casy (548), réaction de Tom. Il ne sait pas si le gars est mort mais pense qu’on l’a vu. Man demande à Pa de casser du bois, aux enfants de ne surtout rien dire, à John de les surveiller et ce que Casy faisait dans cette histoire. Tom explique qu’ils sont des briseurs de grève sans le savoir, qu’à eux, on ne donnait que 2,5cts. Pour ça qu’ils ont fait la grève (549). Tom ne peut pas se sortir de la tête l’image de Casy sanguinolent. Tom doit partir et dit à Al qui veut s’en aller aussi de rester pour s’occuper du camion. Al n’est pas content. Tom lui dit qu’il doit aider la famille. Pa veut savoir s’il a vraiment tué le gars. Tom ne sait pas mais il espère. Man lui dit de ne pas parler comme ça (550). Bruit de voitures dans la rue : des nouveaux qui arrivent. C’est donc qu’ils ont liquidé la grève et qu’ils vont payer 2,5cts. Man dit qu’elle va faire une bouillie de maïs et dès qu’ils auront de quoi acheter de l’essence, ils partiront. Ils sont en danger tant qu’il est là, explique Tom. Mais pour Man, ils feront ça et pas autrement. « C’est mon péché qui est cause de tout » dit John. Pa le rabroue : c’est pas le moment.
. Man parle avec Tom (551- 553). Après leur départ, Tom porte une assiette et une tasse à Tom : il peut pas (551). Man veut tout savoir : que faisait Casy ? Pourquoi on l’a tué ? Il était simplement planté là avec toutes leurs lampes braquées sur lui. Qu’est-ce qu’il a dit ? « Vous n’avez pas le droit d’affamer le monde » Alors, y a ce gros type qui l’a traité de salaud de rouge. Et Casy a répondu : « Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites. » Et alors ce type lui a cassé la tête. » « Dommage que Grand-mère n’ait pas été là pour l’entendre, fit Man. » Tom ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait." « - Ne te tourmente pas. Je souhaiterais que tu ne l’aies pas fait. Je souhaiterais que tu ne sois pas allé là-bas. Mais tu as fait ce que tu devais faire. J’ peux pas y trouver à redire. » Elle lui donne un linge chaud pour qu’il se l’applique sur le visage. Il va partir. Son départ va leur démolir le moral, dit Man. « Il y avait un temps où qu’on avait not’ terre. A ce moment-là, il y avait quéqu’chose pour nous tenir ensemble : (552) les vieux mouraient, les jeunes les replaçaient, et on ne faisait qu’un à nous tous. C’était la famille. Ca paraissait tout clair et tout bête. Mais maintenant, ce n’est plus clair. J’arrive pas à m’y retrouver. Il n’y plus rien pour nous montrer le chemin. Prends là… il n’arrête pas de rouspéter et de pleurer pour qu’on le laisse travailler dans un garage. Et l’oncle John, il se laisse traîner, c’est tout. Ca craque de partout, Tom. Il n’y a plus de famille. Et Rosaharn… […] Elle va mettre un enfant au monde et il n’y aura plus de famille. Je ne sais plus. J’ai fait mon possible pour qu’elle ne s’en aille pas à la débandade. » Elle s’inquiète aussi pour Winfield et Ruthie et veut que Tom reste pour les aider. Il accepte. Elle lave les assiettes, met ses affaires à sécher et va sortir pour la cueillette. Instructions à Rosaharn : si quelqu’un vient, dire que tom est malade. Elle demande à Tom de ne pas partir.
. Tom seul avec Rose (554- 555). « T’as tué quelqu’un. » dit Rose. Il lui demande de parler moins fort. Ca lui est égal, elle est en colère. Evocation la malédiction de Lisbeth Sandry : elle ne pourra pas avoir un bel enfant, Connie est parti, elle ne mange pas ce qu’il faudrait, elle n’a pas de lait à boire, son enfant ne sera pas normal et pourtant elle n’a pas dansé ! Ce n’est pas le premier qu’il ait tué en plus. Elle ne veut plus le voir. Elle se cache sous la couverture et pleure. Tom va vers le lit de Pa, prend la Winchester 38 automatique de Pa à côté de lui (554) et se recouche. Dehors, des voitures passent. 3 hommes, pavillon 25, On paye 2,5cts, les gens se plaignent, si ça ne vous plaît pas, y a 200 hommes qui arrivent du sud et qui les prendront. Tom somnole. Un glissement furtif le réveille. Rose lui dit de se reposer, elle surveille la porte.
. Retour de Man (555- 557)…. à la tombée du soir, un sac à la main. Tom s’éveille (555) : blessure rétrécie, œil gauche presque fermé. Tom est au courant que le tarif a baissé. Il évoque le bruit fait par Rose. Man dit à sa fille de se taire et à Tom de ne pas lui en vouloir. Ils vont partir. Il casse une caisse pour faire du feu (556). Dans le temps, dit Man on racontait des blagues, aujourd’hui plus personne ne blague ou alors avec amertume (l’histoire du lièvre qu’on veut traire, la fois où Oncle Tom ( ?) a ramené un Sioux qu’il avait converti et qui s’est déconverti en buvant du whisky). Elle demande à Rose de tourner la bouillie.
. Le malaise de Winfield (557- 560). Cri de Ruthie : Winfield a eu une attaque, il est devenu tout blanc et il est tombé. Il a mangé tellement de pêches qu’il a eu la colique toute la journée. Man sort (557). Trois hommes viennent à sa rencontre ; l’un d’eux porte Winfield. Man le prend et les remercie. De retour à la maison, elle lui demande ce qui s’est passé. Tom dit qu’il faudra lui prendre une boîte de lait. La tête lui tourne. Retour de Pa, Oncle John et Al, les bras chargés de bois et d’herbes sèches. Pa demande ce qui se passe (558). Aujourd’hui : 1,42$. Man dit à Pa d’aller chercher une boîte de lait. Pa râle. Ils doivent économiser pour l’essence : il reste ¼ de réservoir. Pa revient avec le lait (11cts). Man le donne à Winfield (559) qui, écœuré, ne peut pas boire. Rose se plaint de ne pas avoir eu de lait. Plus de caisses pour s’asseoir. Winfield boit son lait.
. Le point sur la situation (560- 563). Pa voudrait qu’on fasse sortir les enfants. Man veut qu’ils se conduisent comme des grandes personnes (560). Elle leur dit de ne jamais répéter ce qu’ils vont entendre. Pa raconte qu’ils ont diminué les salaires, que de nouveaux ouvriers sont arrivés prêts à cueillir pour rien. Ils ont été en chercher jusqu’à El Centro. Quand Pa a dit au contrôleur qu’il ne pouvait pas travailler pour 2,5cts, il a lui a répondu qu’il n’avait qu’à partir, que d’autres prendront sa place (et quand ceux-ci réaliseront, la récolte sera finie). John ajoute qu’on en attend encore 200 ce soir. Pour répondre à Tom, Pa ajoute que Tom a eu le gars. On ne parle que de ça. Ils ont envoyé des escouades de police et de (561) volontaires. Certains veulent lyncher le gars qu’a fait ça. Tom dit de manière indirecte que le gars qui a fait ça n’a agi qu’après la mort de Casy. Les flics disent le contraire. Ils sont en train de monter tout le pays contre les émigrants. Ils vont lui régler son compte. Paraît que le gars a reçu un coup. Man dit à Tom de ne pas s’énerver : « Ils savent ce qu’ils font. Tout ce que ces salauds de cagoulards disent, c’est toujours la vérité, du moment que c’est contre nous. » Tom dit que le gars ferait mieux de se sauver, il n’a rien fait de mal, il ne sent pas plus fautif que s’il avait écrasé un putois. Ruthie intervient pour dire qu’ils savent très bien de quoi ils parlent (562). Tom continue néanmoins à parler de façon indirecte : le gars referait la même chose mais il ne veut pas causer d’ennuis à sa famille. « Man, il faut que je parte ». Elle lui dit qu’il ne trouvera pas à se cacher et qu’il n’aura personne à qui se fier alors qu’il peut compter sur eux. Ils le cacheront en attendant que sa figure guérisse. Elle a pensé à tout : il se cachera derrière un matelas dans le fond du camion. Pas de discussion. « - M’est avis que l’homme n’a même plus son mot à dire, dans la maison. Elle a le diable au corps, ma parole. Le jour qu’on sera installés quèqu’part, je m’en vas lui allonger une calotte. » dit Pa. Man concède que ce jour-là, elle le lui permettra.
. On charge le camion (563- 564). Al amène le camion devant la porte. Pa et John balancent les matelas à l’intérieur. Tom monte dans le camion et se cache. Pa, John et Al chargent rapidement (563) : couvertures, seaux, derniers matelas, vaisselle, vêtements en désordre.
. Visite d’un garde et départ de la ferme (564- 565). Un garde leur demande ce qu’ils font. On leur a proposé du travail bien payé du côté de Weedpatch. Il leur demande s’il n’y avait pas un autre type avec eux. Il est parti ce matin quand il a su qu’on baissait le tarif. Al demande jusqu’à quelle heure la pompe à essence est ouverte (8h) et dit qu’ils doivent partir. Rose devant avec Al et John. Le garde les observe jusqu’à ce qu’ils aient descendu la rue et tourné en direction du poste à essence. Discussion d’Al pour avoir la monnaie sur son bon (deux bidons d’essence).
. On the road again (565- 568). Du chemin de terre à la route. Tout est secoué. Rose se plaint (565). A la barrière, ils disent au garde qu’ils vont dans le nord. Le camion prend à gauche et se dirige vers l’autoroute 101, la grande route Nord-Sud. Al ne sait pas où il va et il en a marre. Rose bougonne. Air froid de la nuit. Feuilles mortes. Man dit à Tom d’être prudent. Pa parle d’hiver précoce (566) (prédictions contradictoires). Tom suggère qu’ils prennent des petits chemins pour ne pas tomber sur les flics. Ils font arrêter Al pour lui dire. Al voudrait faire une pause pour dormir. Pas encore. Winfield va mieux (567). Man : « Ca fait un drôle d’effet de se sentir traqués, comme qui dirait. J’ai idée que je deviens mauvaise comme une gale. » Pa ajoute que tout le monde devient mauvais. Ce n’était pas le cas au camp du Gouvernement.
. Arrivée dans un nouvel endroit (568- 570). Al s’engage dans un chemin empierré : le coton a remplacé les arbres fruitiers. Une vingtaine de mille entre deux haies de cotonniers, traversent un pont et suivent un cours d’eau. En haut de la berge, une longue file de wagons de marchandise sans roues et un grand panneau au bord de la route :

ON DEMANDE DES JOURNALIERS POUR LA CUEILLETTE DU COTON

A ¼ de mille des wagons, Tom dit à Al de monter derrière : il se peut qu’il y ait du travail là-bas. Lui va se cacher dans les buissons (568). Le soir, Man pourrait lui apporter à manger. Réflexions sur la conduite à tenir. Il sortira dès que son visage sera guéri. Pa a déjà cueilli 400 livres de coton. Ils vont dormir dans le camion jusqu’au matin et se feront embaucher. Tom donne ses instructions : un gros tuyau où ils pourront apporter à manger. Il prend une couverture (569). Tom descend vers la berge. Al refait le chemin en arrière jusqu’à la file des wagons. Al dit à Rose de monter à l’arrière, il va dormir sur la banquette. Dans les wagons, pleurs d’enfants. Un chien vient renifler le camion (570).

CHAPITRE XXVII : LA CUEILLETTE DU COTON.

. Les sacs (570- 571). Ecriteaux sur les routes, prospectus orange :
ON DEMANDE DES JOURNALIERS POUR LA CUEILLETTE DU COTON
Flocons blancs de coton sur les arbres, capsules dans les mains. Ca me connaît ce travail. Voilà l’homme en question. Vous avez un sac ? Ca vous coûtera 1$ le sac. On le retiendra sur vos 1ères 150 livres. 80cts/100 livres pour la 1ère sélection. 90cts pour la 2de. Prenez un sac (571). Oui, c’est régulier. Un bon sac vous fera toute la saison. Quand il sera usé, le retourner dans l’autre sens et se servir de l’autre bout, quand les deux bouts sont usés, ça fait de la bonne étoffe pour les caleçons d’été ou les chemises de nuit. Il faut se l’accrocher à la ceinture, bien l’étirer et le traîner entre ses jambes. Au début, on le sent presque pas. Pas de sac pour les gosses qui viennent par derrière.
. La cueillette (571- 572). Puis ça commence à tirer. Les capsules se détachent toutes seules. On avance en bavardant ou en sentant. Les doigts trouvent tout seuls le coton. Bavardages entre les rangées de cotonniers. Une femme a accouché d’un négrillon ; on ne l’a jamais retrouvé, ce sacré nègre. Après ça, elle s’est cachée. Y en avait pas deux comme elle pour cueillir le coton. A présent le sac est lourd, on le traîne à coups de reins. Les gosses aident à remplir le sac du père. Le coton est moins du et plus rêche. Le plus beau coton. Mais la terre sera vite épuisée. Pour cultiver le coton, faut pas acheter la terre (572), faut la louer : une fois qu’elle a rendu tout ce qu’elle pouvait, on déménage. Files de gens à travers champs. Des experts. Gestes automatiques faits sans réfléchir et même sans regarder. Le tout cueilli proprement et complètement.
. La pesée et la paie (572). Sac plein : faut le faire peser. Le préposé à la bascule dit qu’on met des cailloux dedans pour faire plus de poids. D’autres fois, c’est lui qui truque la bascule. Il arrive qu’on ait raison tous les deux. Toujours discuter De retour avec le sac vide. Chacun a son carnet. On inscrit le poids (ils n’osent pas tricher avec ça). Ca au moins c’est du travail. Si les machines à cueillir le coton viennent, ce sera la fin du travail à la main. Tombée de la nuit. Tout le monde est fatigué. 3$ (moi, ma femme et mes gosses).
. La concurrence (572- 575). Les autres arrivent dans le champ de coton. Campements de journaliers. Le coton s’accroche aux clôtures (573). Le coton blanc est emmené à l’égreneuse. Les grandes balles informes passent à la presse. Du coton partout. Encore un coup de collier. On recommence. Si seulement ça pouvait durer. Tacots embouteillent l’entrée de la ferme. Si on n’était que 50, on aurait du travail pour longtemps mais on est 500. L’hiver sera bientôt là. Pas de travail l’hiver en Californie. Remplir les sacs avant qu’il fasse nuit. Un gars, là-bas, a mis deux mottes de terre dans son sac. C’est de bonne guerre. C’est marqué dans mon carnet : 312 livres. Il discute pas ? Une bonne journée.
Plus de mille qui sont en route pour trouver du travail ici. Demain, faudra se battre pour avoir une rangée. Et faudra se grouiller de cueillir. On rentre au campement. Du lard ce soir ! (574) Le petit n’en peut plus. La vieille va nous faire des petits pains chauds (575).

CHAPITRE XXVIII : LES WAGONS DES CHAMPS DE COTON

. Les wagons (576). 12 wagons de marchandises alignés sur un petit terrain plat bordant le ruisseau, chemin de caillebotis menant aux grandes portes coulissantes. Bons logements à l’abri de l’eau et des courants d’air, peuvent abriter 24 familles (2 par wagon, une à chaque bout), pas de fenêtres mais larges portes toujours ouvertes. Rideau de toile tendu au milieu de certains wagons ou simple séparation par la porte. Les Joad : extrémité d’un wagon de queue, leurs prédécesseurs ont installé un poêle de fortune. Obscurité aux deux bouts. Man tend la bâche au milieu du wagon. Mieux que ce qu’ils ont eu jusqu’ici, à part camp du Gouvernement (Man).
. La vie un peu plus facile (576- 579). Chaque soir, étendent les matelas roulés le matin. Tous les jours dans les champs cueillir le coton. Tous les soirs de la viande. Un samedi, vont à Tulare en camion, pour acheter petit poêle et salopettes neuves (Al, Pa, John, Winfield) et une robe pour Man (qui donne sa meilleure robe à Rose) (576). Rose trop grosse pour lui acheter une nouvelle robe maintenant. Joad ont eu de la chance : arrivés assez tôt pour trouver de la place dans un wagon (des anciens, des aristocrates en un sens) ; depuis, tentes accumulées sur le terrain plat. Courant étroit parmi les roseaux. Sentier descendant de chaque wagon vers la rivière. Cordes à linge tendues entre les wagons. Rentrent le soir des champs, les sacs roulés sous les bras, vont à la boutique se dressant au carrefour et discutent avec les journaliers : aujourd’hui 3,5$, si ça pouvait durer, les enfants commencent à cueillir – Man leur a fabriqué des petits sacs avec de vieilles chemises qu’ils vident dans les nôtres. Man à la boucherie : mettez-moi 3 livres de côtelettes de porc (30cts/livre) et un morceau de pot-au-feu, plus une bouteille de lait pour ma fille qui va accoucher. Pa prend une boite de sirop d’érable. Il voudrait des crêpes (577). D’accord. Elle accepte aussi que Ruthie achète deux boîtes de biscuits secs. John essaie des gants et les repose. Il s’approche du rayon des alcools. Pa lui dit d’attendre la fin du coton pour prendre une cuite. John dit qu’il a envie d’acheter des trucs dont il n’a pas besoin (578) comme un rasoir mécanique. Ils sortent avec les paquets. Les enfants mangent les biscuits. Les gens affluent dans les tentes et les wagons. Les Joad dans leur wagon. Rose demande du lait. Man prépare les pommes de terre et les côtes de porc et demande aux hommes de ramener un seau d’eau. Où sont passés les enfants ? Il faut qu’ils se lavent. Les hommes vont se laver à la rivière. Rose aide Man.
. Les voisins (579- 580). La bâche écartée : une grosse figure se montre (579) : Madame Wainwright. Elle leur demande si ça a bien marché : 3,54$, les Wainwright 4$ (plus de monde chez eux). Jonas commence à pousser. Les deux femmes parlent cuisine. Madame Wainwright se retire pour aller surveiller son feu.
. Ruthie n’a pas tenu sa langue (580- 582). Arrivée de Winfield. Ruthie a raconté… sur Tom ! Dispute à propos de biscuits (580). Man demande à Rose d’aller occuper Mme Wainwright. Elle veut que Winfield lui raconte ce qui s’est passé : Ruthie s’est battue avec des enfants, à cause des biscuits. Une grande fille a collé un marron à Ruthie qui a pleuré et qui a dit qu’elle irait chercher son grand frère et qu’il la tuerait. La fille l’en a défié : son frère à elle pourrait tuer le frère de Ruthie. Alors Ruthie a dit que son frère avait déjà tué deux types. La fille l’a traité de menteuse. Ruthie a précisé qu’il se cachait parce qu’il avait tué un type et qu’il était capable de les tuer tous les deux (581). Insultes, jet de cailloux, poursuite. Winfield est rentré. Stupeur de Man. Odeur de brûlé dans la poêle. Man demande à Rose de surveiller le souper et à Winfield d’aller chercher Ruthie. « - Tu vas la corriger Man ? demanda Winfield avec une lueur d’espoir dans les yeux. – Non, ça n’avancerait à rien. Ce qui est fait est fait. »
. Retour de Pa, des hommes et des enfants (582-583). Winfield s’élance par la porte au moment où les trois hommes arrivent. Man annonce la nouvelle à Pa. Réaction de Pa : « - La sale petite garce ! » Man : « - Non, elle ne savait pas ce qu’elle faisait. » Man va aller prévenir Tom pour qu’il fasse attention. Elle lui dit de ne pas parler à Ruthie de ce qu’elle a fait.
Retour de Ruthie …. et de Winfield, triomphant. Man lui dit de se taire. Ruthie s’enfuit dans le tablier de Man. Ruthie dit qu’on lui a volé ses biscuits et qu’on l’a frappée à coups de ceinture. Winfield, déçu qu’on ne lui donne pas de raclée, se retire dans une position stratégique. Man sort (583).
. Man va voir Tom (584- 585). Tentes dressées toutes proches les unes des autres, entre wagons et ruisseau. Conversations devant les tentes. Man s’avance, on la salue, on discute avec elle : elle apporte du pain de maïs à une amie. Dernière tente. S’assoit et se retourne, se fraye un chemin parmi les roseaux et les saules, s’écarte du sentier, s’immobilise, craignant d’avoir été suivie. Un homme passe sans la voir. 5 minutes après, elle reprend le sentier, reconnaît la berge et le trou noir, en retire l’assiette et regagne le taillis. Elle s’assoit et attend. Animaux, brise, feuilles, nuage noir, grosses gouttes de pluie. Retour au calme. Elle entend des pas furtifs, voit une forme sombre se couler vers l’entrée du tuyau.
. Retrouvailles avec Tom (585- 588). Tom lui dit qu’elle n’aurait pas dû venir (585). Elle le suit. Il faut qu’elle se mette à quatre pattes. Obscurité complète de la caverne. Tom contente des côtes de porc et des frites chaudes. Man raconte enfin ce qu’a fait Ruthie : ce n’était pas sa faute (586). Tom dit que ce n’est pas grave (des histoires de gosses). Si, les gamins vont en parler et ça viendra aux oreilles des gens. Ils enverront des hommes pour vérifier. Il faut que tu partes. C’est ce qu’il pensait depuis le début. Man voulait l’avoir près de lui. Elle ne peut pas le voir dans l’obscurité et lui demande comment va sa figure. En tâtonnant, elle passe ses mains sur son visage : profonde cicatrice, nez de travers (587). Elle lui donne 7$. Il faut qu’il s’en aille, à 3 ou 400 milles d’ici, à Los Angeles.
. Tom va reprendre le flambeau de Casy (588- 591). Tom a réfléchi à ce que disait Casy : est allé dans le désert pour trouver son âme, a découvert qu’il n’avait pas d’âme à lui tout seul, a découvert que tout ce qu’il avait, c’était un petit bout d’une grande âme. Le désert et la solitude inutiles : il doit former un tout avec la grande âme. Tom ne se rendait pas compte qu’il l’écoutait. « Maintenant, je sais qu’on ne peut arriver à rien tout seul. » Il a cité des trucs de l’Ecriture, tirés du « Prédicateur ». « - Ca dit : « Deux valent mieux qu’un, car ils sont mieux payés de leur peines. Car s’ils tombent, l’un aidera l’autre à (588) se relever. Mais malheur à qui est seul. S’il tombe, il n’a personne pour le relever. » […] « Si deux sont couchés côte à côte, ils se réchauffent, mais comment se réchauffer lorsqu’on est seul ? Et si un l’emporte sur lui, deux le soutiendront, et une corde à trois brins ne se rompt pas aisément. » Presque tous les sermons : sur la pauvreté qu’il faut accepter. Le Prédicateur parle de solidarité. Man demande à tom ce qu’il compte faire. Il a réfléchi à la solidarité et à l’organisation dans le camp du gouvernement et s’est demandé si on ne pourrait pas faire la même chose. Man lui demande ce qu’il va faire. « - Ce qu’a fait Casy, répondit-il. – Mais ils l’ont tué ! » (589). Un type qui a peut-être bien un million d’arpents pendant que plus de 100 000 bons fermiers crèvent de faim. « Et je me suis dit que si tous les nôtres s’unissaient tous ensemble et commençaient à gueuler comme les autres à la grille l’aut’ jour – et ils n’étaient que quèqu’zuns, note bien, à la ferme Hooper. » Man lui dit qu’il sera pourchassé comme le garçon des Floyd et lui demande s’il n’a pas dans l’idée de tuer quelqu’un. Il sera pourchassé de toute façon. Comment aura-t-elle de ses nouvelles ?
« - Ben, peut- êt’ que, comme disait Casy, un homme n’a pas d’âme en soi tout seul, mais seulement un morceau de l’âme unique ; à ce moment-là… […] A ce moment-là, ça n’a plus d’importance. Je serai toujours là, partout, dans l’ombre. Partout où tu porteras les yeux. Partout où y aura une bagarre pour que les gens puissent avoir à manger, je serai là. Partout où y aura un flic en train de passer un type à tabac, je serai là. Si c’est comme Casy le sentait, eh ben dans les cris des gens qui se mettent en colère parce qu’ils n’ont rien dans le ventre, je serai là, et dans les rires des mioches qu’ont faim et qui savent que la soupe les attend, je serai là. Et quand les nôtres auront sur leurs tables ce qu’ils auront planté et récolté, quand ils habiteront dans les maisons qu’ils auront construites… eh ben, je serais là. Comprends-tu ? »
(590). Il réalise qu’il parle comme Casy. Il a l’impression qu’il est là. Man doit rentrer. Il finit par accepter l’argent. Il reviendra quand tout sera fini. Il l’accompagne vers l’entrée, lui indique le chemin. Séparation.
. Retour de Man au camp (591). Man s’éloigne rapidement. Les yeux humides. S’avance à travers les broussailles. La pluie se met à tomber. Elle s’arrête et se tient immobile au cœur d’un fourré, fait ½ tour, fait trois pas, se retourne et se remet en marche vers le camp, grimpe sur la route. La pluie a cessé.
. Rencontre avec un fermier (591- 592). Des pas derrière elle. Un homme la rattrape. Il parle de la pluie (591). Il a 20 arpents de coton et vient chercher du monde dans le camp. Sa ferme est un peu plus haut, à un mille. Il mettra une pancarte. Man promet de venir avec sa famille. 90cts (Man a entendu parler de 75cts ou 60cts pour l’année prochaine). Le petit fermier dit qu’il doit obéir à l’association qui fixe les prix. Ils arrivent au camp.
. Les projets avec les Wainwright (592-594). A la hauteur du dernier wagon, elle s’engage sur le caillebotis. Pa et John (592) accroupis contre la paroi. Elle salue M. Wainwright (portrait), parle de la proposition du fermier. Ils proposent à Wainwright de les amener dans leur camion (cotisation pour l’essence). Pa dit à Man que M. Wainwright est venu pour parler de quelque chose : Aggie, leur fille (16 ans) sort tous les soirs avec Al (593). Les parents voudraient que la situation soit régularisée. Man promet que Pa en parlera à Al, sinon elle le fera. Le père va rentre compte de sa mission.
. Discussion de Man avec Pa et John (594- 596). Man demande où sont les enfants (594). Ruthie a sauté sur Winfield et l’a mordu. Ils sont couchés. Rose est avec une voisine. Man raconte sa rencontre avec de Tom et s’excuse auprès de Pa d’avoir dit qu’elle parlerait à Al. Pa reconnaît qu’il n’est plus bon à grand-chose. Il vit dans la nostalgie du pays. Elle lui dit que le pays n’est pas si mal : « - J’sais bien. Je ne le vois même pas ; j’suis toujours à penser que le peuplier doit êt’ en train de perd’ ses feuilles… ou bien des fois à me dire que j’devrais bien boucher le trou de la haie derrière la maison. C’est drôle ! La femme prend le commandement de la famille. La femme dit : « On fera ci, on ira là. » Et ça ne me touche même plus. – Une femme, ça se fait plus vite aux changements qu’un homme, dit Man pour le consoler. Une femme, toute sa vie est dans ses bras. Chez l’homme, c’est tout dans sa tête. Ne te fais donc pas de tourments. Peut- êt’… enfin peut- êt’ que nous aurons un chez- nous l’année qui vient. » Pour le moment, ils n’ont rien et Rosaharn ne va pas tarder à accoucher. Pa n’ose même plus penser (595). « J’ai idée que not’ vie est finie et bien finie. – Tu te trompes, dit Man. Elle n’est pas finie, Pa. Et ça c’est encore une chose que les femmes savent. Je l’ai remarqué. Chez l’homme, tout marche par sauts – un enfant vient au monde, un gomme meurt, ça fait un saut. Il prend une ferme, il perd sa femme, un autre saut. Chez la femme, ça coule comme une rivière, avec des petits remous, de petites cascades, mais la rivière, elle coule sans jamais s’arrêter. c’est comme ça que la femme voit les choses. Nous ne mourrons pas, n’aie crainte, Pa. Les nôtres continueront à vivre – possib’ qu’ils changent un petit peu – mais ils continueront sans se laisser arrêter. » John demande pourquoi ça ne s’arrêterait pas. « - Difficile à dire, répondit-elle. Tout ce que nous faisons – à mon idée, c’est toujours dans le sens de la vie. C’est comme ça que je vois les choses. Même la faim, même la maladie ; y en a qui meurent, mais les autres n’en sont que plus résistants. Faut simplement essayer de vivre jusqu’au lendemain, passer seulement la journée. » John pense à sa femme. On lui demande de vivre dans le présent. Pa parle de la récolte au pays qui sera peut-être bonne.
. Retour d’Al (596- 598). Il les croyait endormis. Ils veulent lui parler. Lui aussi : il veut partir (596), veut se marier avec Aggie, trouver une place dans un garage et louer une petite maison. Man lui dit qu’ils sont contents mais il ne doit pas partir tout de suite. Qu’il attende au moins jusqu’au printemps pour conduire le camion. Arrivée de Mme Wainwright qui voudrait fêter la nouvelle avec un gâteau. Man propose des crêpes. Ruthie et Winfield sortent de leur lit, d’abord prudents puis ils s’enhardissent (597). Retour de Rose. On lui annonce la nouvelle du mariage. Elle ressort et prend le chemin des fourrés puis se couche sur le dos.
. Le lendemain matin (598- 601). Dans l’obscurité du wagon, Man se lève, regarde dehors, rentre, allume la lanterne, prépare le feu (598). Rose se lève et dit qu’elle veut aller cueillir du coton. Man le lui déconseille mais elle insiste. Man dit à Pa de se lever. (599). Les habitants du wagon se lèvent et se préparent (les Wainwright aussi). Rose tient absolument à venir (600). Elle n’a pas de sac : elle cueillera avec celui de Man. Ils montent dans le camion. L’aube se lève.
. A la ferme (601- 602). En route. D’autres véhicules derrière eux. Le panneau :
ON DEMANDE DES JOURNALIERS POUR LA CUEILLETTE DU COTON
Al s’engage dans l’entrée et conduit le camion dans la cour de la grange : groupes d’hommes et de femmes près des balances avec leurs sacs (601). Al range le camion. Les deux familles vont rejoindre un groupe qui attend. Le fermier inscrit les arrivants : Hawley (4), Will, Benton, Amélia, Claire, Carpenter (6). Les sacs à 1$. Les voitures continuent à affluer. Le propriétaire remonte le col de sa canadienne. Les enfants grimpent dans la remorque qui ramène le coton aux balances. Le propriétaire les fait déguerpir.
. Début du travail sous la menace de la pluie (602- 604). Dans les champs de coton, sacs attachés aux ceintures (602). Aurore. Arrivée d’autres voitures : cour pleine. Le propriétaire s’étonne. Longue chaîne à travers le champ. Vent d’ouest violent. Pa parle avec un voisin qui est là depuis près d’un an des signes qui annoncent la pluie. Course contre le temps (603). A 11h le champ est cueilli. Les remorques portent le coton aux égreneuses. Queue pour se faire payer.
. Fin du chantier et retour. (604- 605). James Hume (22cts), Ralph Hume (30cts), Thomas Joad (82cts), Winfield Joad (15cts), Agnès Wainwright (34 cts), Tobin Wainwright (63 cts). Rose pas plus de 10 à 15 livres 604). Les familles regagnent leurs autos et prennent le chemin du retour. Les Wainwright et les Joad attendent que le chemin se dégage. Premières gouttes de pluie. Rose frissonne. Man lui couvre les épaules. L’entrée se dégage. Al monte sur la route. Fracas de la pluie. Les Joad et les Wainwright se couvrent avec leurs sacs. Rose grelotte. Arrivée au camp.
. Retour au camp. Malaise de Rose de Saron (605- 607). Man demande aux hommes d’aller chercher du bois pour le feu. Les genoux de Rose se dérobent. Les deux femmes l’aident à se lever (605) et à regagner son matelas. Elle se sent retournée. Elle a froid. Les ramasseurs de bois rentrent, trempés (606). Retour des enfants. Les hommes font plusieurs voyages pour le bois puis Man leur dit de se changer. Le soir tombe. Les familles écoutent la pluie tomber (607).

CHAPITRE XXIX : LE DELUGE

. Pluies et inondations (608- 609). Nuages venus de l’Océan au-dessus des montagnes côtières et des vallées. Vent violent. Nuages qui arrivent en débandade. Brusquement le vent tombe et la masse lourde s’immobilise. La pluie se met à tomber : d’abord par petites rafales intermittentes, puis averses torrentielles, pluie fine pénétrante, brume grise (plein jour devient crépuscule). Au début, la terre absorbe l’humidité (elle boit deux jours durant), puis des mares se forment, des petits lacs recouvrent les champs en contrebas qui montent d’heure en heure. Ruisselets se forment sur les flans des montagnes, se déversent dans les rivières et les transforment en torrents. L’eau déferle dans les vallées. La pluie tombe sans arrêt. Ruisseaux et petites rivières montent à l’assaut des berges, attaquant saules et (608) et racines, déracinant les arbres. Eau franchit les berges et se déverse dans les champs, les vergers, les plantations. Les champs plats deviennent de grands lacs. L’eau submerge les autoroutes. Les voitures n’avancent plus qu’au ralenti. Torrents.
. Détresse et colère des émigrants (609- 611). Au début, les émigrants patients. Quand les mares commencent à se former, ils construisent des digues autour des tentes. La pluie battante finit par imprégner les tentes et par ruisseler le long des parois. L’eau balaye les digues, envahit les tentes, baigne lits et couvertures. Ils posent des planches sur les caisses et s’assoient par-dessus. Véhicules détériorés par l’eau. Tentes comme des îlots au milieu d’un lac. Finalement, ils doivent s’en aller mais les véhicules refusent de démarrer, puis s’enlisent. Ils se réfugient dans des granges. Certains d’entre eux vont au Bureau de Bienfaisance (609). Règlement : être dans le pays depuis plus d’un an pour bénéficier de l’assistance. Une terreur s’insinue : ne plus avoir de travail pendant 3 mois. Epouvante des gens massés dans les granges. Pleurs des enfants. Faim. Maladies : pneumonies, rougeole. Pluie continuelle. Les hommes sortent des granges, gagnent les villes, envahissent les boutiques, les bureaux de secours, mendiant un peu de nourriture. La pitié se mue en colère et en crainte contre ces affamés. La population s’arme. Médecins, coroners trop occupés par les cadavres (610). La faim et la peur engendrent la colère. Des hommes sortent non pour mendier mais pour voler. Les shérifs engagent de nouveaux adjoints et commandent d’autres armes. Haine des gens bien au chaud pour les immigrants. Dans les granges, des femmes poitrinaires accouchent, des vieillards meurent, les coroners ne peuvent plus redresser les cadavres. La nuit, les hommes pillent les poulaillers. Quand on leur tire dessus, ils ne courent pas.
. Après la pluie (611- 612). La pluie cesse. L’eau se retire. Les hommes sortent des hangars. Pas de travail avant le printemps : pas d’argent et pas de pain. « Quelqu’un qui a un couple de chevaux et qui leur fait tirer la charrue ou la herse ou le rouleau, il ne lui viendrait pas à l’idée de les chasser et de les envoyer crever de faim parce qu’il n’a plus de travail. Mais ça c’est des chevaux ; nous on est des hommes. » Les femmes observent les réactions des hommes. La colère remplace la peur sur leurs visages. Les hommes n’ont pas flanché (611). L’herbe recommence à pousser (612).

CHAPITRE XXX : INONDATION DU CAMP

. Inondation du camp (613- 616). Camp parsemé de flaques d’eau. Le petit ruisseau menace de submerger la berge et d’envahir le terrain sur lequel se dressent les wagons. 2e jour de pluie : Al décroche la bâche et la met sur le capot du camion. Les Joad et les Wainwright ne forment plus qu’une famille sans ce rideau. Man économise le bois. Pluie à torrents sur le toit. 3e jour, les Wainwright, inquiets, songent à partir. Ruthie et Winfield essaient de jouer, en vain (613). 3e jour : grondement du ruisseau domine roulement de tambour de la pluie. Depuis la porte, ils observent la montée du courant. Aux extrémités du camp, le cours d’eau se rapproche de la route. Le camp cerné par la rivière menaçante. Rose au lit avec une forte grippe. Pa voudrait faire une sorte de barrage mais John ne sait pas si les autres sont d’accord. Pa plante une baguette pour mesurer le niveau des eaux et rentre trempé (614). Al est à côté d’Aggie. Si les Wainwright partent, al s’en ira avec eux. Qui va conduire le camion ? Ca m’est égal. L’eau tourbillonnante monte à l’assaut du talus. Pa fait valoir qu’il ne pleut pas dans le wagon. Pa va tenter de convaincre les autres (615). Ruthie a faim et se plaint. Man lui dit de ne pas l’agacer.
. Travail de Rosaharn (616- 619). Cri aigu et bref de Rose. Man appelle Mme Wainwright. « Je crois que ça y est ! dit Man. Avant terme. » Mme Wainwright suggère à Rose de se lever et de marcher, dit à Aggie de prendre soin des petits et apporte sa lampe à pétrole. Curiosité de Ruthie et de Winfield (617). Mme Wainwright sort un petit tranchet de son tablier (Man explique que chez elle, on se servait d’une pointe de soc de charrue). Les deux femmes l’aident à se lever et à marcher (618). Rose gémit de douleur, elles l’étendent sur le matelas et essuient son front. Elle se lève à nouveau.
. Travaux de la digue (619- 621). Arrivée de Pa. On l’informe. Ils ne peuvent donc pas partir. 20 hommes groupés sous la pluie : faut s’y mettre (619). Un homme proteste : ce n’est pas sa fille. Pa lui dit de partir (ils n’ont que 8 pelles), va vers la partie la plus basse de la rive et pousse son outil dans la boue. Les autres se répartissent le long de la berge et essaient d’élever une digue. Ceux qui n’ont pas de pelle tressent des claies qu’ils enfoncent dans l’ouvrage. Rage de lutte des hommes qui se relaient. Un cri strident venant du wagon. Le petit mur s’allonge jusqu’à toucher le remblai de la route aux deux extrémités. Le rythme ralentit sous l’effet de la fatigue. Le niveau monte et arrive à la hauteur des 1ères pelletées de terre. Le courant entreprend l’ascension du barrage et commence à le désagréger. Le soir vient, les femmes allument des lanternes et préparent du café.
Douleurs de plus en plus violentes (de 20 en 20 minutes) (620). Rose n’essaye plus de se dominer. Violente douleur, hurlement. Ustensiles remplis d’eau à chauffer sur le poêle. Il commence à faire nuit. Frénésie d’Oncle John. Les cris de Rose lui rappellent sa femme. L’eau monte encore. La boue s’accumule sur la digue, les claies s’enfoncent (621). Reprise et arrêt des hurlements. Pa inquiet.
. Rupture de la digue (621- 622). Torrent tourbillonnant contre le talus. Soudain, un craquement violent retentit en amont : un grand peuplier tombe dans l’eau. Les branches sont entraînées par les remous. L’arbre totalement déraciné descend le fil de l’eau. Le pied hérissa des racines vient se ficher dans le mur. L’arbre se déplace et arrache le clayonnage. L’eau se rue par la fissure. Le talus s’effondre malgré les efforts de Pa. Les hommes se dispersent. Oncle John s’affaisse sur ses genoux et l’eau vient tourbillonner autour de sa poitrine. Pa le relève et l’aide à regagner le wagon.
. Al essaie de démarrer la voiture (622- 623). Al est allé jusqu’au camion, de l’eau jusqu’aux mollets (622). Enlève la bâche, saute dans la cabine, appuie sur le démarreur en vain, tire la manette du starter (la batterie s’épuise et le moteur tousse), essaie avec la manivelle. Moteur noyé, batterie morte. Sur un petit tertre, deux voitures mises en marche, barbotent et s’enlisent. Les conducteurs arrêtent le moteur. Al coupe le contact.
. L’enfant mort-né (623- 626). Arrivée de Pa devant le wagon : extrémité inférieure du caillebotis flotte dans l’eau. Il demande à John s’il pourra monter tout seul et doit se ratatiner pour passer par l’étroite ouverture. Man assise sur un matelas, évente Rose et regarde Pa qui demande comment elle va (623). Atmosphère fétide de l’enfantement. John entre. Mme Wainwright vient à la rencontre de Pa, le prend par le coude, l’entraîne dans un coin du wagon, prend la lanterne et l’élève au-dessus d’une caisse à pommes qui se trouve rangée là : « une petite momie bleue et ridée était couchée sur un journal ». Il n’a jamais vécu. John se traîne jusqu’au coin le plus sombre. Pa lève les yeux vers Mme Wainwright, lui prend la lanterne des mains et la dépose. Ruthie et Winfield dorment. Pa s’approche du matelas de Rose, dit à Man qu’ils ont fait tout ce qu’ils ont pu (624). L’eau va peut-être inonder le wagon. Man le rassure, il n’a rien à se reprocher. Au dehors, un homme crie contre Pa : à cause de lui, son auto est foutue. Il menace d’entrer. Pa sort pour lui parler (625). Mme Wainwright propose de veiller sur Rose. Tous dans la même barque. Ruthie se réveille et demande où est le bébé : « Y a pas de bébé. C’ était pas un bébé. On s’est trompés. » (626).
. L’eau monte encore (627- 628). Pa, John et Al, assis dans l’encadrement de la porte, regardent l’aube se lever et le courant qui entraîne des branches, des caisses et des planches. Pa place une nouvelle brindille, juste au-dessus du niveau de l’eau. Le niveau monte encore. Al s’inquiète. Si l’eau monte dans le wagon, toutes leurs seront perdues. Il ajoute que l’eau ne montera pas à plus de 3 ou 4 pieds parce qu’à ce moment-là, elle passera (627) au-dessus de la grand route, qu’il faudra ensuite s’occuper du camion. Il propose d’arracher les ridelles du camion et de monter les planches sur des espèces de tréteaux pour y empiler les affaires et s’installer dessus avec leurs affaires. Le jour se lève. Pa admet qu’il faudra faire comme al le dit. Cri angoissé de Man dans son sommeil : elle appelle Tom. Mme Wainwright, après avoir calmé Man, constate qu’ils ne partiront pas de sitôt. Il faut enterrer le bébé « Il y a un tas de choses qui sont défendues par la loi et qu’on est forcés de faire quand même. » (628).
. Oncle John confie le cadavre de l’enfant à la rivière (629- 630). Pa demande à John de s’occuper de l’enfant pendant qu’il va aider Al à démonter les ridelles. John prend sa pelle et se glisse dehors. L’eau lui monte jusqu’à la ceinture. Il se retourne et cale la caisse sous son bras. Il contourne le camion, gravit le talus, longe la chaussée et s’arrête à un endroit où le courant n’est séparé de la route que par un bouquet de saules. Il pose sa pelle et tirant la caisse devant lui, se coule parmi les broussailles jusqu’au bord de l’eau, reste un moment à regarder le flot rouler, serre la caisse contre sa poitrine : « Puis il se pencha, posa la caisse sur l’eau et sa main la retint un instant. Il dit d’un ton farouche : - Va leur dire. Va pourrir au milieu de la rue pour leur montrer. Ca sera ta façon à toi de leur parler. Sais même pas si t’étais un garçon ou une fille. Et j’ veux pas le savoir. (629) Allez, va dormir dans les rues. Comme ça, ils comprendront peut-être. » La boîte s’enfonce et se retourne. Le sac part à la dérive et la caisse est emportée par le courant.
. L’estrade dans le wagon (630- 633). John rentre précipitamment et retrouvent Al et Pa. Pa lui demande de le remplacer pendant qu’il va au magasin. Quand ils poussent les planches dans le wagon, Man se réveille. Ils lui expliquent ce qu’ils veulent faire. Man dit qu’il faut partir et va voir Rose qui est fatiguée (630). Puis Rose interroge Man sur l’enfant. Tu en auras d’autres. La jeune fille se recouche. Ruthie demande si elle va mourir. Non. Ca ira très bien, dit Man. Pa rentre les bras chargés de paquets. Plus d’argent (631). Pendant qu’ils mangent, l’eau monte lentement. Al construit une estrade de 5 pieds de large, 6 pieds de long, 4 pieds de hauteur. L’eau affleure le plancher du wagon puis envahit la pièce. Dehors, la pluie recommence. Al demande de monter les matelas et les couvertures. Ils installent leurs biens sur l’estrade pendant que l’eau prend possession du plancher. Les 4 hommes soulèvent le matelas de Rose. Rose chuchote quelque chose à l’oreille de Man qui lui tâte le sein [elle a du lait]. A l’autre bout du wagon, les Wainwright se construisent une estrade. La pluie tombe plus dru et cesse. ½ pouce d’eau dans le wagon. Man crie à Ruthie et Winfield de monter. Elle veut partir. Pa d’accord avec Al qu’il faut rester. (632). La famille se serre sur les deux estrades. 6 pouces d’eau : le flot recouvre le talus et s’étale dans le champ de coton de l’autre côté. Tout ce jour-là et toute la nuit, ils dorment sur la porte du wagon. Man parle avec Rose. La pluie tombe par intermittence. Au matin du second jour, Pa patauge à travers le camp et rapporte dix pommes de terre dans ses poches. Il entame à coups de serpe la paroi du wagon, fait du feu et met les pommes de terre à la poêle qu’ils mangent bouillantes. Ils ne se décident à s’étendre que tard dans la nuit.
. Man décide de partir (633- 635). Ils se réveillent inquiets. Rose murmure quelque chose à Man. Il est temps maintenant. Qu’ils viennent ou pas, elle emmène rose et les petits. Pa cède. Al reste avec Aggie (633). Man lui dit de veiller sur leurs affaires. Ils reviendront quand l’eau baissera. Pa aide rose à descendre, la prend dans ses bras et se fraye un chemin à travers l’eau, contourne le camion et atteint la grand-route. Il la dépose. John suit portant Ruthie. Man se laisse glisser dans l’eau (Winfield sur ses épaules). Message pour Tom au cas où… ils aident Man à gravir le talus et soulagent ses épaules du poids de Winfield. Ils s’arrêtent un moment pour regarder derrière eux. Pluie fine. Rose a la tête qui tourne. Man et Pa la soutiennent. Trouver un endroit sec (634).Lente avancée.
. La grange (635- 636).Très loin de la route, une grange noire sur une petite éminence. Man décide d’y aller. Pa pense qu’ils vont se faire virer par le propriétaire. Dispute des enfants à cause d’une fleur (635).Ils se dépêchent. L’averse arrive. Franchissement de la clôture. L’orage éclate : trombes d’eau. Pa prend Rose dans ses bras.
. Dans la grange (636- 638). Ils atteignent la grange et entrent sous l’auvent de la partie qui forme la remise (636). La pluie tambourine sur le toit. Pa dépose Rose sur une caisse. Man ouvre une porte et dit à Rose de se coucher. Winfield appelle Man. Man regarde dans un coin un homme couché sur le dos et un jeune garçon assis près de lui qui regardent les arrivants avec de grands yeux effarés. Le garçon demande à Man si la grange est à eux. Non, ils viennent se mettent à l’abri. Man lui demande s’ils ont une couverture : un vieux châle crasseux. Man demande ce qu’a l’homme. Il est tombé malade et maintenant il meurt de faim (n’a pas mangé depuis six jours) (637). Portrait du père de l’enfant. Il « disait qu’il avait pas faim, ou qu’il venait juste de manger. Me donner toujours sa portion. Maintenant il est tout faible. Peut à peine bouger. » Tonnerre. L’homme parle à Man et aide sa fille à se changer. Le garçon dit qu’il ne savait pas. Il a volé du pain pour son père mais il a tout vomi.
. Rose de Saron sauve l’homme (638- 639). Il lui faudrait de la soupe ou du lait. Il leur demande s’ils ont de l’argent pour acheter du lait. « Il va mourir, j’vous dis ! il est en train de mourir de faim. » Man regarde Pa et John puis se tourne vers Rose. Les deux femmes se regardent dans les yeux (638). « Oui, dit-elle. […] – Je le savais que tu le ferais. Je le savais ! » Rose demande à tout le monde de sortir. Man se penche, ramène en arrière les cheveux de sa fille, l’embrasse et sort. Elle dit à Ruthie de se taire et emmène le jeune garçon. Dans la grange, Rose se lève, se dirige vers l’étranger et s’étend près de lui. « Il secoua faiblement la tête. Rose de Saron écarta un coin du châle, découvrant un sein. – Si, il le faut, dit-elle. Elle se pressa contre lui et attira sa tête vers elle. – Là ! là. Sa main glissa derrière la tête et la soutint. Ses doigts caressaient doucement les cheveux de l’homme. Elle leva les yeux, puis les baissa et regarda autour d’elle, dans l’ombre de la grange. Alors ses lèvres se rejoignirent dans un mystérieux sourire. » (639)


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