Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


PURGE A PYONGYANG

samedi 12 avril 2014, par Bernard MARTIAL

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Dans la longue tradition des purges politiques des pays totalitaires, la Corée du Nord a condamné à mort et exécuté, jeudi 12 décembre, l’oncle et mentor du dirigeant Kim Jong-Un, Jang Song-Taek, considéré jusqu’ici comme le numéro deux du régime. Deux de ses proches, Ri Yong-Ha et Jang Soo-Kil, vice-directeurs du département de l’administration du Parti des Travailleurs de Corée, avaient précédemment été exécutés mi-novembre pour « corruption et activités antiparti ». L’agence officielle de presse KCNA a justifié cette élimination dans une rhétorique emphatique digne des procès staliniens. « L’accusé est un traitre à la nation, qui a perpétré des actes factieux contre le parti et des actes contre-révolutionnaires afin de renverser la direction de notre parti, de l’Etat et du système socialiste ». Il s’est rendu coupable, dit l’agence, d’un «  crime aussi hideux que celui d’avoir tenté de renverser l’Etat par toutes sortes d’intrigues et de méthodes méprisables avec l’ambition frénétique de s’emparer du pouvoir suprême ». La télévision d’Etat a montré des photos de lui extirpé de force de son siège à une réunion par deux policiers, une humiliation publique extrêmement rare. Parallèlement, les médias officiels versatiles et zélés ont fait de la surenchère en qualifiant Jang de « méprisable racaille humaine [...] pire qu’un chien », l’accusant en outre d’entretenir des « relations inappropriées » avec des femmes et d’être « affecté par le mode de vie capitaliste ». « Malade idéologiquement, extrêmement oisif et nonchalant, il consommait des drogues et gaspillait des devises étrangères dans les casinos alors qu’il était soigné à l’étranger aux frais du parti ». Né en 1946, ce diplômé de l’université Kim Il-Sung de Pyongyang, avait épousé Kim Kyong-Hui, la sœur cadette de Kim Jong-Il à son retour d’études à Moscou en 1972 et intégré le Parti des travailleurs de Corée. Malgré quelques périodes de disgrâce temporaire en 1978 et en 2003 où il fut placé en résidence surveillé pour avoir soutenu trop ouvertement la candidature à la succession de Kim Jong-Nam, le fils aîné de Kim Jong-Il, il était progressivement devenu, de facto, le numéro deux de la République démocratique de Corée après avoir même été pressenti comme possible successeur de son beau-frère. Entre la mort de Kim Jong-Il, le 17 décembre 2011, et la nomination de Kim Jong-Un, le 13 avril 2012, il dirigeait la Commission de la défense nationale en tant que Premier vice-président puis il fut nommé en juillet président du bureau politique du Parti des travailleurs de Corée. Jang passait alors comme un modéré, voire un réformateur, au moins au plan économique. Pour certains, il aurait été aussi très favorable à une évolution du pays sur le modèle chinois avec une libéralisation économique. Tel Néron faisant tuer sa mère Agrippine qui l’avait mis au pouvoir à la place de Britannicus, l’héritier légitime du trône de Claude, le despote rondouillard de Pyongyang a donc finalement éliminé celui qui l’avait aidé à renforcer son pouvoir et qui lui faisait de l’ombre. S’il n’en reste qu’un après ce crime, ce sera donc Kim Jong-Un.

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