Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


MSWATI III, DERNIER MONARQUE ABSOLU D’AFRIQUE

jeudi 31 octobre 2013, par Bernard MARTIAL

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Le 20 septembre dernier, les 415.000 électeurs du Swaziland ont été appelés aux urnes pour renouveler leur parlement en vue d’instituer la « monarchie démocratique » que le roi Mswati III prétend substituer au système Tinkhundla. Mais personne n’est dupe de cette farce. Ce royaume de 1,3 millions d’habitants enclavé entre le Mozambique et l’Afrique du Sud est la dernière monarchie absolue de l’Afrique. Toute forme de dissidence politique y est réprimée, les partis politiques, la liberté d’association et de presse interdits et les manifestations dispersées par la police qui est régulièrement accusée de brutalités et de torture. Les données socio-économiques ne sont d’ailleurs guère plus flatteuses : le Swaziland fait partie des pays les plus pauvres du monde (170e rang mondial en 2004, 34% de chômage), sa population est victime du sida (40% de personnes séropositives) et de la sécheresse et l’espérance de vie ne dépasse pas 48 ans. Le pays est au bord de l’asphyxie malgré l’aide de l’Afrique du Sud. Mais si 70% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, la famille royale, elle, possède plus de 60% de la richesse du pays. La fortune personnelle du roi est estimée à plus de 200 millions de dollars ce qui le classe au 15e rang mondial selon le magazine Forbes. Mswati III dépense à tour de bras pour acheter des voitures de luxe (plusieurs dizaines dont une Mercedes Maybach évaluée à 500 000 $), s’offrir d’innombrables fermes et faire construire des palais pour ses quatorze épouses dotées chacune d’un palais et d’une BMWX5) et fiancées officielles (celles qui ne lui ont pas encore donné d’enfants) et ses 24 enfants. Car la tradition monarchique du Swaziland est que la famille royale choisisse parmi les épouses celle qui doit être la « Grande Epouse » et Indlvukazi (« Grande Eléphante » c’est-à-dire « reine-mère ») dont le fils unique héritera du trône. Ainsi, en 1982, le prince Makhosetive Dlamini, alors âgé de quatorze ans, seul enfant de la reine Ntombi Thwala et 67e fils du roi Sobhuza II, a-t-il succédé à son défunt père qui avait régné 82 ans, s’était marié 70 fois et avait eu 210 enfants. La coutume veut aussi que le roi sélectionne ses futures épouses lors de l’Umhlanga, annuelle « Fête des Roseaux » donnée à grands frais dans le domaine royal de Ludzidzini où sont conviées à chanter et danser, seins nus, des milliers de jeunes vierges du pays. Sindiswa Dlamini, la dernière liphovela (« fiancée royale ») en date que le monarque a présenté à son pays, en septembre, a vingt-sept ans de moins que lui. Successivement, pourtant, la cinquième épouse Inkhosikati (« Reine ») LaMagwaza et la douzième Inkhosikati LaDube ont défrayé la chronique en trompant le roi (notamment avec le ministre de la Justice pour la 12e). D’autres rumeurs plus folles courent sur le roi et ses pratiques mais la population de Mbabane, la capitale ou du reste du pays a d’autres préoccupations plus urgentes que les lubies de ce tyran polygame.

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