AUTOMNE ISLAMISTE

Le printemps nord-africain avait été optimiste, l’automne est devenu clairement islamiste. Rappel de quelques faits. Déclaration de Mustapha Abdel Jalil, président du CNT le 23 octobre, soit trois jours après la mort de Kadhafi : « En tant que pays islamique, nous avons adopté la charia comme loi essentielle et toute loi qui violera la charia sera légalement nulle et non avenue ». Pour l’heure, les islamistes se partagent en Libye entre trois courants : les islamistes traditionnalistes héritiers de la confrérie religieuse musulmane des Senousis, les islamistes politiques inspirés des Frères musulmans égyptiens et les islamistes djihadistes. Ce même 23 octobre, le parti islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi remporte les élections législatives avec 41,47% des suffrages et revendique 90 des 217 sièges de l’assemblée constituante. Hamadi Jebali, le secrétaire général du parti majoritaire est candidat au poste de Premier ministre. Le 25 novembre, les islamistes « modérés » du Parti Justice et Développement (PJD) conquièrent à leur tour 107 des 395 sièges du parlement marocain. Lundi 28 et mardi 29 novembre : 1er tour des élections législatives en Egypte, les islamistes sont très largement vainqueurs avec 65% des voix (36,62% pour les Frères musulmans du PLJ (parti de la Justice et de la Liberté), 24,36% pour les Salafistes d’Al Nour et 4,27 pour les islamistes modérés du Wassat). Ce même 29 novembre le roi Mohammed VI nomme Abdelilah Benkirane, ancien secrétaire général du PJD chef du gouvernement. Pour rassurer les opinions internationales, ces partis montants arborent l’étiquette « modérés » et excipent de l’exemple turc de Recep Tayyip Erdogan et de l’AKP. L’avenir dira s’il fallait craindre une dissolution de la démocratie dans un islamisme radical à l’iranienne ou espérer une normalisation des partis religieux dans le pragmatisme des responsabilités politiques quotidiennes.