Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


SUCCESSION DYNASTIQUE

mardi 26 octobre 2010, par Bernard MARTIAL

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Bombardé général quatre étoiles et désigné à la commission de défense du puissant comité central du Parti des Travailleurs nord-coréen le 28 septembre dernier, Kim Jong-Un est apparu officiellement à la grande parade militaire célébrant le 65e anniversaire de la création de ce parti le 10 octobre, confirmant ainsi la précipitation de son choix comme successeur de Kim Jong-Il. Agé de 27 ans (bien que l’on ne connaisse pas sa date de naissance), Kim Jong-Un, déjà surnommé « étoile du XXIe siècle » est le fils du leader coréen et de Ko Young-Hee, une danseuse, décédée d’un cancer à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif en 2004. Il a fait ses études à l’Ecole internationale de Berne sous le pseudonyme de Pak Chol et a étudié l’anglais, l’allemand et le français. La désignation de Kim Jong-Un n’allait pourtant pas de soi. Son frère Kim Jong-Chul, né en 1981, a été écarté du pouvoir par son père qu’il le jugeait trop efféminé, effacé et fragile mais celui-ci semblait revenir à Kim Jong-Nam, né en 1971 de l’union de Kim Jong-Il avec sa première maîtresse Song Hye-Rim (une célèbre actrice, morte à Moscou en 2002), jusqu’à ce qu’il se fasse arrêter en mai 2001 alors qu’il essayait de rentrer au Japon avec un faux-passeport dominicain pour se rendre à Disneyland Tokyo. Victime d’une tentative d’assassinat en juin 2009 dont le commanditaire semble être Kim Jong-Un, le fils aîné vit aujourd’hui à Macao. A l’annonce de la nomination de son demi-frère, il s’est déclaré opposé à une transition héréditaire du pouvoir en Corée du Nord.

C’est pourtant ce qui est largement programmé. Succédant en 1994 à son père Kim Il-Sung qui avait régné sans partage sur la Corée du Nord depuis sa fondation en 1948, Kim Jong-Il est contraint d’envisager sa succession avant la célébration du centenaire de la naissance du « Grand Leader ». Victime, en août 2008, d’une attaque cérébrale qui l’a considérablement diminué et atteint d’un cancer du pancréas, le « Cher dirigeant » veut assurer la pérennité de cette forme singulière de népotisme stalinien. Le jour même où le jeune Kim était promu général, la même distinction était d’ailleurs accordée à Kim Kyung-Hee, 64 ans, sœur de Kim Jong-Il, membre du Comité Central depuis 1998 et femme de Chang Sung-Taek qui est vice-président du Conseil National de défense et véritable numéro deux du régime. S’agirait-il d’assurer une forme de régence permettant à Kim Jong-Un de faire l’apprentissage du pouvoir ? Kim Kyung-Hee a la réputation sanguinaire d’une Catherine de Médicis.

Coïncidence historique troublante, le jour même où Kim Jong-Un était présenté officiellement, mourait à Séoul l’ancien président de l’Assemblée populaire suprême de Corée du Nord et inspirateur de la doctrine du « Juche » (autosuffisance). En 1997, Hwang Jang-Yop avait déserté en se réfugiant à l’ambassade de Corée du Sud à Pékin. Le plus célèbre transfuge nord-coréen (et ancien mentor du « Grand Soleil du XXIe siècle ») avait fait l’objet d’une tentative d’assassinat de la part d’agents nord-coréens en juillet dernier. Rien ne prouve jusqu’à présent que sa mort à 87 ans ne soit pas naturelle. L’année même de sa défection, pourtant, un autre réfugié nord-coréen était abattu à Séoul. Lee Han-Young était le neveu de Song Hye-Rim, la première maîtresse du despote. Sa mère, Song Hae-Rang qui a fait défection lors d’un voyage à Genève en 1996, a révélé dans ses mémoires Les vies secrètes de Kim Jong-Il.

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Kim Jong-Il et Kim Jong-Un à Pyongyang le 10 octobre 2010 Photo de famille en 1981 : au premier rang, Kim Jong-Il et son fils Kim (...)

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