Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


MACBETH de Shakespeare (Résumé et citations) Actes I et II

samedi 7 août 2010, par Bernard MARTIAL

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  • français

Résumé et sélection de citations établis par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE)

(Edition de référence : GF n°1449. Présentation de G. Wilson Knight. Traduction de Pierre-Jean)

Voir Actes III à V ici.

ACTE PREMIER

Scène première :
 (Tonnerre et éclairs. Entrent trois Sorcières)
Les trois Sorcières se réuniront à la fin du combat, avant le coucher du soleil, sur la lande déserte pour la rencontre avec Macbeth. (39) Elles disparaissent.

Scène 2 :
 (Un camp. Trompettes. Entrent le roi Duncan, Malcolm, Donalbain, Lennox, avec leur suite, à la rencontre d’un capitaine blessé.)
Un capitaine blessé qui s’est battu pour délivrer Malcolm, le fils du roi, raconte au roi Duncan la bataille contre le seigneur norvégien Macdonwald. (40) Il loue le courage de Macbeth, le cousin du roi, qui a tué cet adversaire, et du général Banquo. Le capitaine faiblit à cause de ses blessures. (41) Le roi demande qu’on appelle un chirurgien.
 (Entrent Ross et Angus)
Ross arrive de Fife où les Norvégiens, soutenus par un traître, le sire de Cawdor ont repris le combat. Mais Macbeth a arraché la victoire. Sweno, le roi de Norvège veut négocier l’enterrement de ses morts. Il devra verser 10.000 dollars à l’île de Saint Colme. (42) Le roi Duncan ordonne la mort du traître de Cawdor et l’attribution de son titre à Cawdor. (Ils sortent).

Scène 3 :
 (Une lande déserte. Tonnerre. Entrent les trois Sorcières.)
La 2e sorcière est allée égorger les porcs ; la 1ère a demandé des marrons à la femme d’un marin qui lui a dit de s’en aller : son mari est parti pour Alep, il est patron sur le Tigre. La sorcière ira jusque là-bas. Les deux autres sorcières lui donneront un vent. (43) La 1ère sorcière prendra tous ces vents et le marin « brisé de tempête », ne pourra pas dormir. Elle a le pouce d’un pilote qui naufragera au retour.
Un tambour annonce l’arrivée de Macbeth. Les Folles Sœurs vont par les chemins. (44) Le charme va se faire.
 (Entrent Macbeth et Banquo)
Macbeth n’a jamais vu de jour si noir et si clair. Banquo se demande qui sont ces êtres ainsi accoutrés qui mettent leur doigt sur la bouche. Des femmes ? Elles ont de la barbe ! Chacune des sorcières salue Macbeth.
Sorcière 1 : Très grand salut, Macbeth, à toi, sieur de Glamis.
Sorcière 2 : Très grand salut, Macbeth, à toi, sieur de Cawdor.
Sorcière 3 : Très grand salut, Macbeth ! qui plus tard seras roi.
« Cher seigneur, pourquoi sursauter, sembler craindre
Des choses qui sonnent si beau ? » dit Banquo. (45)
Macbeth semble envouté par ces grandes prédictions. Banquo veut savoir quelles prédictions elles font pour lui. Elles commencent par un simple « Salut ! » puis ajoutent :
Sorcière 1 : Moins grand que Macbeth et plus grand.
Sorcière 2 : Pas si heureux, mais plus heureux.
Sorcière 3 : Tu produiras des rois, bien que ne l’étant pas.
Macbeth veut en savoir plus :
« J’apprends que Sinel mort, je suis sieur de Glamis,
Mais comment de Cawdor ? Le sieur de Cawdor vit
Seigneur prospère ; et enfin roi
Ne se tient pas dans mes perspectives de croyance,
Pas plus que d’être Cawdor. »

Il leur demande d’où elles tiennent cette information et pourquoi elles s’arrêtent sur cette lande (46) avec de tels saluts prophétiques.
Les sorcières ont disparu. Banquo se demande s’ils n’ont pas « mangé une racine malsaine ».
Macbeth : "Vos enfants seront rois."
Banquo : "Et vous, vous serez roi."
 (Entrent Ross et Angus)
Ross rapporte à Macbeth les éloges du roi à l’issue de son combat. (47) Angus précise qu’ils sont envoyés pour le remercier et l’accompagner près du roi.
Ross : « Et comme le gage du plus grand honneur
Il m’ordonne, de sa part, de te nommer sire de Cawdor »

Surprise de Banquo et de Macbeth. Angus leur raconte qu’il vit encore mais qu’il a trahi son pays en s’alliant aux Norvégiens.
Macbeth constate la réalisation de la prophétie et demande à Banquo ce qu’il pense de la sienne. (48).
Banquo : « Mais c’est étrange :
Et bien souvent pour nous gagner à notre perte
Les puissances obscures nous disent le vrai,
Nous gagnent par futilités honnêtes, pour nous trahir
Dans de plus graves circonstances ».

Macbeth remercie les deux hommes et, à part :
« La sollicitation surnaturelle
Ne peut être LE MAL, ni LE BIEN. Si c’est MAL,
Pourquoi me donna-t-elle le gage du succès
Commençant par la vérité ? Je suis Cawdor.
Si c’est BIEN, pourquoi dois-je céder à l’idée
Dont l’image d’horreur hérisse mes cheveux
Et fait que mon cœur BIEN assis frappe à mes côtes
Contre son mode naturel ? Les peurs présentes
Sont moindres que d’horribles imaginations :
Ma pensée, où le meurtre encor n’est que fantasme,
Secoue à tel point mon faible état d’homme
Que la raison s’étouffe en attente, et rien n’est
Que cela qui n’est pas. »
Macbeth médite sur la Fortune qui veut le faire roi sans bouger. Banquo évoque ces honneurs nouveaux comme des « vêtements étrangers qui ne collent pas à leur forme » (49)
Macbeth sort de ses rêves. Il va aller rejoindre le roi. (Ils sortent.)

Scène 4 :
 (Forres. Une chambre dans le palais. Fanfare. Entrent le roi Duncan, Malcolm, Donalbain, Lennox, et leur suite.)
Le roi Duncan demande si Cawdor a été exécuté et si ceux qui étaient chargés d’agir sont revenus. Ces derniers ne sont pas revenus, dit Malcolm (50) mais quelqu’un a vu mourir Cawdor. Il a reconnu ses trahisons et il a imploré le pardon du roi. Duncan avait mis sa confiance en lui.
 (Entrent Macbeth, Banquo, Ross et Angus)
Le roi Duncan montre sa gratitude à Macbeth. Celui-ci dit qu’il n’a fait que son devoir vis-à-vis de son suzerain. Le roi Duncan veut aussi embrasser Banquo. (51)
Duncan transmettra la couronne à son fils aîné Malcolm qui est nommé Prince de Cumberland. Cet honneur rejaillira sur tous les autres membres de la noblesse. Ils vont aller à Inverness, au château de Macbeth. Ce dernier partira d’abord pour avertir sa femme de cette visite. A part, il médite sur cette nouvelle :
« Prince de Cumberland ! ceci est une marche
Sur quoi je trébucherai, ou que je devrai sauter,
Car elle se tient sur ma route. Etoiles, cachez vos feux !
Que la clarté ne puisse voir mes désirs profonds et noirs :
Que l’œil devant la main se ferme ; et cependant cela soit
Ce que les yeux, quand tout est fait, craignent de voir. »

Il sort. Le roi Duncan se sent ravi de suivre un homme « si brave » et qui va l’accueillir (52) : « un parfait homme de mon sang ». (Fanfare. Ils s’en vont.)

Scène 5 :
 (Inverness. Devant le château de Macbeth. Entre la femme de Macbeth, seule, tenant une lettre).
Lady Macbeth lit une lettre de son mari qui lui relate la rencontre et la prophétie des trois Sorcières puis l’arrivée des messagers du roi le confirmant dans le titre de Cawdor. Il n’a pas voulu la priver de la réjouissance de la prédiction royale.
Mais Lady Macbeth craint la nature de son mari « trop pleine […] du lait de la tendresse humaine » :
« Tu voudrais être grand
Et tu n’es pas sans ambition – mais sans que t’aide
LE MAL, et ce que tu voudrais puissant
Tu le voudrais justement ; tu ne voudrais pas jouer faux
Et voudrais gagner faussement »

Elle est bien décidée à l’aider à vaincre cette résistance. (53)
 (Entre un serviteur)
Auquel elle demande des nouvelles. Le roi viendra le soir-même. Lady Macbeth s’étonne que son mari ne l’ait pas avertie.
 (Le serviteur sort)
Lady Macbeth veut rassembler ses forces.
« Ah venez, vous esprits
Qui veillez aux pensées mortelles, faites-moi
Sans mon sexe, et du front à l’orteil comblez-moi
De la pire cruauté ! faites-moi mon sang épais,
A la pitié interdisez accès et passage
Afin que nul mouvement sensible de la nature
N’ébranle mon dessein sinistre, ou ne fasse la paix
Entre lui et l’exécution ! Venez à mes seins de femme
Prendre mon lait comme fiel, vous instruments meurtriers,
Où que vous surveilliez dans vos substances invisibles
La méchanceté de la nature ! Arrive donc, épaisse nuit,
Enveloppe-toi des fumées les plus sinistres de l’enfer,
Que mon couteau pointu ne voie pas la blessure
Qu’il fait, et que le ciel sous le couvert du noir (54)
Ne vienne pas épier pour me crier « Arrête ! »
 (Entre Macbeth)
Elle salue en lui Glamis et Cawdor : « Je ressens maintenant le futur, en cet instant ».
Macbeth informe sa femme de l’arrivée du roi cette nuit. Il repartira le lendemain.
Lady Macbeth : « Oh, jamais
Le soleil ne verra ce demain ! »

Elle lui demande de l’accueillir avec le sourire pour mieux le tromper :
« Soyez pareil au temps, et portez bienvenue
En votre œil, votre main, votre langue et semblez
Comme l’innocente fleur mais soyez
Sous elle le serpent. Celui qui va venir
Sera bien accueilli : et vous devez laisser
A mes arrangements la grande affaire de la nuit
Qui à toutes nos nuits et nos jours à venir
Donnera suprême pouvoir et suprématie. »

Macbeth lui dit qu’ils parleront plus tard. Elle lui demande de paraître gai et de sans remettre à elle pour le reste. (Ils sortent) (55)

Scène 6 :
 (Hautbois. Entrent le roi Duncan, Malcolm, Donalbain, Banquo, Lennox, Macduff, Ross, Angus et leur suite.)
Duncan trouve le château agréable et plaisant du fait de son air rapide et doux. Là où niche le martinet, dit Banquo, l’ai est délicat.
 (Entre Lady Macbeth)
Le roi salue Lady Macbeth et la remercie pour son accueil. Lady Macbeth lui rend hommage. (56). Le roi demande où est « le sire de Cawdor » ? Lady Macbeth servira son hôte royal. Le roi demande de le conduire jusqu’à Macbeth. (Ils sortent)

Scène 7 :
 (Une cour du château de Macbeth. Hautbois. Torches. Entre un majordome donnant ses ordres à plusieurs valets qui passent avec plats et services à travers la cour. Alors entre Macbeth).
Monologue de Macbeth (qui a peur des conséquences d’un crime sur un roi si vertueux) :
« Si c’était fait, lorsque c’est fait, alors ce serait bien
Si c’était vite fait ; et si l’assassinat
Pouvait saisir dans son filet les conséquences, capturer
Le succès par son tranchement ; mais que ce coup
Puisse être le tout-être et fin-de-tout… ici,
Seulement ici sur ce banc rive du temps
Nous risquerions la vie à venir… En tel cas
Nous avons jugement encore d’ici-bas
- Pour n’avoir enseigné que manœuvres sanglantes,
Lesquelles font retour quand elles sont connues
(57)
En infestant leur inventeur ; l’égale main de la justice
Propose l’ingrédient du poisonneux calice
A notre lèvre. Il est ici sous double garantie :
En premier, je suis son parent et son sujet,
Deux forces contre l’acte ; et puis je suis son hôte,
Qui devrais contre ses meurtriers fermer la porte,
Non prendre le couteau moi-même. Et ce Duncan
A montré un pouvoir si doux, il a été
Si équitable en sa haute fonction, que ses vertus,
Tels des anges, trompettes parlantes,
Plaideront contre
Le crime abominable de sa suppression :
Et la pitié, comme l’enfant nu nouveau-né
Chevauchant l’ouragan, ou chérubins du Ciel
Montés sur des courriers invisibles de l’air,
Proclamera pour tous les yeux l’horrible action,
Tant que les pleurs noieront le vent ! Nul éperon
Pour exciter le flanc de mon vouloir, seulement
L’ambition voltigeante et dépassant son propre but,
Qui verse de l’autre côté »

 (Entre Lady Macbeth)
Elle demande à son mari pourquoi il a quitté la salle. Il veut tout arrêter.
« Nous n’irons pas plus loin dans cette affaire :
Il vient de m’honorer, et j’ai gagné,
Pour toute espèce de peuple, renom doré
Qui ne peut être terni de son nouvel éclat
Ni aussi vite rejeté. »

Colère de Lady Macbeth qui dénonce la lâcheté de son mari :
« Etait-il saoul l’espoir
Dans lequel vous étiez vêtu ? et a-t-il dormi depuis ?
Et se réveille-t-il maintenant ? A partir de ce moment
J’évalue ainsi ton amour. As-tu la peur
D’être en ton acte véritable et ton courage
Le même que tu es en désir ? Tu voudrais
Avoir ce que tu crois ornement de la vie,
Et comme un couard vivre devant ta conscience
Laissant « je n’ose pas » veiller sur « je voudrais »
Comme le pauvre chat du proverbe ? »

Macbeth prétend oser tout ce qui peut convenir à un homme : « qui ose plus n’en est pas un ». Elle lui fait des reproches. Il ne devait pas lui révéler cette entreprise : c’est quand il l’a fait qu’il était un homme. Elle aurait tué son propre enfant si elle avait juré comme il l’a fait. Macbeth craint de manquer le coup. (59)
Lady Macbeth le rassure ; il n’y aura pas d’échec. Quand Duncan sera endormi à cause de la fatigue du voyage et ses chambellans abrutis d’alcool, ils agiront en mettant la boucherie sur le dos des officiers ivres. Macbeth ragaillardi admire la détermination de sa femme :
« N’engendre que des enfants hommes !
Car ton esprit indompté ne doit composer jamais
Rien que des mâles. »

Il sera facile de faire accuser ces hommes en les marquant du sang de leur victime et en employant leurs poignards.
Et « nos chagrins et nos clameurs » qui « retentiront sur sa mort », rajoute Lady Macbeth, empêcheront de les soupçonner. Macbeth est décidé à agir : « Visage faux doit cacher ce que le cœur faux connaît ». (Ils sortent) (60)

ACTE II

Scène première :
 (Entrent Banquo et Fléance, ce dernier portant une torche devant lui).
Banquo s’inquiète auprès de son fils de l’heure nocturne. Il fait nuit noire et les chandelles sont éteintes. Il donne son épée, sa ceinture avec son poignard. Il a envie de dormir mais se retient :
« Vous puissances bienfaisantes,
Refoulez en moi les pensées mauvaises, que nature
Libère dans notre sommeil. »

Il demande son épée.
 (Entrent Macbeth et un serviteur, avec une torche) (61)
Banquo s’étonne que Macbeth ne soit pas couché. Le roi, satisfait de l’accueil, a offert un diamant à Lady Macbeth. La nuit précédente, Banquo a rêvé de la prophétie des trois Fatales Sœurs. Macbeth repousse ce débat à plus tard. Banquo ne veut pas perdre son honneur en cherchant à l’augmenter.
« Que je ne perde aucunement,
Cherchant à l’augmenter, mais en gardant
Mon cœur très franc et ma claire allégeance,
Je suivrai vos conseils. »

Macbeth lui souhaite bon repos.
 (Banquo et Fléance sortent).
Macbeth donne des ordres à son serviteur : que sa femme frappe à la cloche quand sa boisson sera prête et qu’il qu’il aille se coucher.
 (Le serviteur sort).
Macbeth croit voir un poignard devant lui, le manche tourné vers sa main. Est-ce une vision ?
« Tu commandes la direction que je dois prendre,
Et l’instrument dont je dois me servir !
Mes yeux sont les fous des autres sens,
Ou bien dominent tout : et je te vois encore ;
Sur ta lame et ta poignée des gouttes de sang,
Qui avant n’y étaient pas. Mais il n’y a rien de cela !
C’est la sanglante affaire qui s’inscrit
Ainsi devant mes yeux… Sur la moitié du monde
La nature à présent semble morte, les rêves
Mauvais abusent dans ses rideaux le sommeil ;
Les sorcelleries célèbrent les rites
D’Hécate la pâle, et décharné le Meurtre
Alerté par le loup sentinelle et horloge,
Avec pas de voleur, enjambées de Tarquin,
Arrive, allant comme un fantôme, à son dessein.
Et toi sûre et solide terre, ah n’entends pas
Mes pas, et dans quel sens ils vont de peur
Que les pieds n’aient bavardé sur mes démarches,
Et me prennent au temps son actuelle horreur
Qui maintenant le revêt bien
(63)
Il vit, tandis que je menace
Et les mots sur la chaleur d’action, soufflent la glace. »

Une cloche sonne.
« Je viens et c’est fait : la cloche m’invite.
Ne l’entends pas, Duncan, car c’est le glas
Qui au ciel ou à l’enfer t’appelle toi. »

(Il sort)

Scène 2 :
 (Entre Lady Macbeth, tenant une coupe à la main.)
Lady Macbeth raconte comment elle a drogué le breuvage des servants.
Macbeth à l’intérieur demande qui est là.
Lady Macbeth continue : ils se sont réveillés, ils ont dû voir les poignards « c’est la tentative et non l’acte qui nous perd ».
« S’il n’avait ressemblé
A mon père quand il dormait, je l’aurais fait. »

Macbeth : « J’ai fait l’action… Pas entendu de bruit ? » (64)
Lady Macbeth dit qu’elle a entendu la chouette et le criquet. Elle demande s’il n’a pas parlé. Macbeth veut savoir qui couche dans la deuxième chambre : Donalbain. « Vue horrible » dit Macbeth. L’un riait en dormant et l’autre a crié « Meurtre ! » si bien qu’ils se sont réveillés. Ils ont dit leurs prières et se sont rendormis. L’un a crié « Dieu nous bénisse » et l’autre « Amen » comme s’ils avaient vu Macbeth. Il n’a pas pu leur répondre. (65) Il avait besoin de bénédiction. Il lui a semblé entendre une voix crier : « Ne dormez plus ! Macbeth a assassiné le sommeil »
« L’innocent sommeil
Qui renoue les fils de soie tout embrouillés
De souci, et la mort de chaque jour de vie,
Le bain du dur travail, baume d’esprits meurtris,
Second service de la puissante Nature,
Grand nourricier dans la fête de vie – »
[…]
« Et ça criait à toute la maison « Ne dormez plus !
Glamis a tué le sommeil et donc Cawdor
Jamais ne dormira plus ! Macbeth ne dormira plus ! »

Lady Macbeth lui demande ce qui criait ainsi. Elle lui reproche d’affaiblir leurs forces à penser les choses hors de raison. Elle lui conseille de laver sa main de ce « sale témoin ». Pourquoi a-t-il pris les poignards. Il doit les rapporter et maculer de sang les valets endormis. (66)
Macbeth ne veut pas y retourner :
« J’ai l’horreur de penser à cela que j’ai fait ;
Le revoir, je n’ose pas. »

Colère de Lady Macbeth : « Infirme dans son dessein !
Donnez-moi les poignards : l’endormi et le mort
Ne sont que des peintures : c’est l’œil de l’enfance
Qui redoute le diable peint. S’il saigne encore,
Je dorerai du sang les faces des valets
Pour que ça paraisse leur crime. »

 (Elle sort. On entend frapper.)
Macbeth s’inquiète. Il est nerveux.
« Ah qu’en est-il de moi, quand tout bruit m’épouvante ?
Qu’est-ce que ces mains ? ha ! elles crèvent mes yeux !
Tout l’océan du grand Neptune arrivera-t-il à laver
Ce sang de ma main ? Non, c’est plutôt ma main
Qui rendra les multitudes marines incarnat,
Faisant de tout le vert- un rouge. »

 (Lady Macbeth revient)
« Mes mains ont la couleur des vôtres ; mais j’ai honte
De porter un cœur si blanc ».

On frappe… à l’entrée sud. Lady Macbeth conseille à son mari de rentrer dans leur chambre, un peu d’eau lavera cette action et de mettre sa robe de nuit pour qu’on ne les trouve pas réveillés :
« Et ne soyez pas perdu si misérablement dans vos pensées » (67)
Macbeth : « Voir mon action, mieux vaudrait
Ne pas moi-même me voir. […]
Par tes coups réveille Duncan !
Si tu le pouvais seulement. »

Ils sortent).

Scène 3 :
 (Entre un portier. Coups à l’extérieur).
Commentaires du portier sur la force des coups : « Si un homme était portier à la porte de l’enfer, il en deviendrait vieux à tourner la clé ». A chaque coup, le portier fait une hypothèse : un fermier qui s’est pendu voyant arriver l’abondance et qui aura à transpirer, le Double-Joueur qui pourrait jouer sur deux plateaux, un tailleur anglais envoyé ici pour avoir resquillé (68) une culotte française. « cette place-ci est trop froide pour l’enfer. Je ne serai pas longtemps le portier du diable… s’il vous plaît – n’oubliez pas le portier ».
 (Il ouvre la porte. Entrent Macduff et Lennox)
Macduff reproche au portier son retard. Il a fait la bombe jusqu’au second coq. Boire, dit-il, provoque trois choses : le rouge au nez, le sommeil et l’urine. La luxure provoque le désir mais supprime la performance. Trop boire est double-joueur avec la luxure. (69). Macduff constate que la boisson a bien achevé le portier. Il lui demande si son maître a bougé.
 (Entre Macbeth)
Macbeth salue Macduff et Lennox. Macduff demande si le roi a bougé. Il lui avait demandé de l’appeler tôt. Macbeth les mènera vers lui. Macduff s’excuse du dérangement occasionné à Macbeth. Lennox évoque sa nuit singulière : « cheminées renversées par le vent », « lamentations dans l’air », « étranges cris de morts » prophétisant « d’horribles rébellions ».
« L’oiseau des ténèbres
Ulula tout au cours de la nuit ; d’aucuns disent
Que la terre fiévreuse trembla ».

Il n’a jamais connu une nuit pareille à celle-là.
 (Macduff revient)
Il a découvert la mort du roi Duncan :
« Horreur ! horreur ! horreur ! La langue ni le cœur
Ne peuvent te penser ni te nommer. »

Macbeth et Lennox ne comprennent pas.
« La destruction a produit son chef d’œuvre,
Le plus sacrilège meurtre a ouvert
Le temple sacré du Seigneur, et ravi
La vie du sanctuaire. »

Lennox demande s’il parle du roi. (71). Macduff ne peut pas parler. Il leur demande d’ approcher de la chambre.
(Macbeth et Lennox montent)
Macbeth demande qu’on sonne la cloche d’alarme, crie au meurtre et à la trahison, veut que Banquo, Donalbain et Malcolm se réveillent pour regarder la mort.
« Surgissez comme du tombeau et tels des esprits marchez,
Pour faire face à cette horreur ! »

 (La cloche sonne. Entre Lady Macbeth)
Lady Macbeth demande ce qui se passe. Macduff n’ose pas annoncer la nouvelle à Lady Macbeth. « Redire ces mots dans l’oreille d’une femme ferait meurtre en y tombant ».
 (Entre Banquo)
Macduff annonce la nouvelle à Banquo : « Notre royal maître est assassiné. ». Surprise (feinte) de Lady Macbeth. Banquo lui demande de dire que ce n’est pas vrai.
 (Macbeth et Lennox reviennent) (72)
Si j’étais mort une heure avant l’événement, j’aurais vécu un temps béni, dit Macbeth, mais à partir de cet instant rien n’est plus valable dans la vie mortelle.
« l’honneur et la grâce sont morts,
Le vin de la vie est tiré, reste la lie
Laissée à cette voûte de parade ».

 (Entrent Malcolm et Donalbain)
Donalbain : « Arrive-t-il du MAL ? »
Macbeth : « La source et tête et fontaine de votre sang
Est arrêtée – la source même est arrêtée. »

Macduff confirme que son père a été tué. Par ceux de sa chambre, précise Lennox ; ils ont été retrouvés ensanglantés avec près d’eux les poignards. Macbeth reconnaît qu’il les a tués. Il demande pardon (73) et explique que sa fureur a dépassé sa raison. Qui aurait pu se retenir en voyant ce spectacle ?
Lady Macbeth se sent défaillir. Macduff demande qu’on s’occupe d’elle. Malcolm dit qu’il aurait agi comme Macbeth. Donalbain veut se retirer : leurs larmes et leurs douleurs ne font que commencer. Banquo veut qu’on prenne soin de Lady Macbeth et proposer une réunion pour discuter du crime.
« Et discutons la plus sanglante chose faite
Pour y voir clair. Car crainte et soupçon nous secouent :
Et dans la grande main de Dieu je suis, et là
Contre des intentions MAL connues je combats,
De malice traîtresse. »
(74)
Tous abondent dans son sens. Donalbain leur propose de se retrouver dans la grande salle après s’être habillés. (Ils sortent).
Malcolm demande à Donalbain ce qu’il a l’intention de faire : « Montrer chagrin non ressenti est une besogne aisée que l’homme faux accomplit. » dit Malcolm qui partira pour l’Angleterre.
Donalbain, lui, ira en Irlande. Il vaut mieux qu’ils soient séparés pour être en sécurité.
« Là où nous sommes, il y a des poignards dans les
Sourires des hommes,
Proche du sang, plus proche du sanglant. »

Malcolm comprend que
« Le trait meurtrier tiré n’a pas achevé sa course, et pour
Nous la voie la plus sûre est d’en éviter l’atteinte ».

Ils vont partir à cheval sans prendre congé. (Ils sortent). (75)

Scène 4 :
 (Devant le château de Macbeth. Entre Ross, avec un vieillard). En soixante-dix ans, le vieillard a connu d’étranges moments et d’affreux événements mais ce n’était rien à côté de cette nuit.
Ross confirme que depuis cet événement le jour est devenu la nuit :
« Tu vois le ciel, comme ému par l’acte de l’homme,
Menacer la scène sanglante : et d’après l’heure
C’est le jour, mais nuit noire éteint la lampe errante ;
Est-ce la force de la nuit, ou est-ce la honte du jour,
Que l’obscurité devrait l’embrasser ? »

Un phénomène « contre-nature » comme l’action commise, dit le vieillard. Mardi dernier, un faucon a été tué en vol par une chouette. Autre chose étrange, dit Ross, les chevaux de Duncan sont retournés à l’état sauvage en brisant leurs stalles. Ils se sont dévorés entre eux à l’étonnement de ceux qui l’ont vu. (76)
 (Macduff arrive)
Ross demande qui a commis le crime ; « Ceux-là que Macbeth a tués » dit Macduff. Les deux fils du roi ont disparu ce qui fait peser sur eux des soupçons. Autre action contre-nature. Macbeth deviendra roi.
« Toujours contre nature !
Ruineuse ambition qui, gloutonne, dévores
Tes propres sources de vie ! C’est donc plus que probable,
La souveraineté tombera sur Macbeth. »

« Il est déjà nommé, il s’est rendu à Scone pour y être investi » précise Macduff.
Le corps de Duncan a été porté à Colme-kill dans le mausolée de ses prédécesseurs. (77) Macduff n’ira pas à Scone mais à Fife. Ross, de son côté, ira à Scone. Ross salue le vieillard. (Ils sortent).

Lire la suite : Actes III à V


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