Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


Poète

vendredi 30 octobre 2009, par Bernard MARTIAL

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LE POETE

1. ALAIN, Propos de littérature : « Quand un poète vous semble obscur, cherchez bien, et ne cherchez pas loin. Il n’y a d’obscur que la merveilleuse rencontre du corps et de l’idée, qui opère la résurrection du langage. »

2. ALBERTI Rafael, Ballade pour les poètes andalous d’aujourd’hui : « Il n’est pas plus profond, le poète enfermé dans son obscur sous-sol. Son chant s’élève plus profond quand, ouvert au plein air, il appartient à tous ».

3. ALEIXANDRE Vicente, interview in Insula : « Il est de plus en plus évident que toute poésie comporte une morale. Malheur au poète qui cherche avant tout la beauté ! Celui-là qui voudra la sauver, la perdra. Toute poésie s’adresse, en puissance, à la multitude, ou elle n’est rien. La poésie n’est pas une divinité souterraine. Elle ne survit que dans la mesure où elle sert les hommes ».

4. APOLLINAIRE Guillaume, Les peintres cubistes : « Les grands poètes et les grands artistes ont pour fonction sociale de renouveler sans cesse l’apparence que revêt la nature aux yeux des hommes. »

5. ARAGON Louis, Chronique du bel canto : «  La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l’embue. »

6. AUDIBERTI Jacques, La jeune poésie et ses harmoniques : « Chaque poète se taille un langage dans le langage comme s’il découpait un étendard dans le parquet de l’univers, un tapis volant, un autre monde, un Mexique, un lexique. Mais c’est l’ensemble du langage ainsi, qu’il pervertit, déroute, exalte et restitue ».

7. BACHELARD Gaston, La Poétique de l’espace : « Le poète et le songeur se trouvent écrire des pages qu’un métaphysicien de l’être gagnerait à méditer […] en cette extrême ténuité des souvenirs aux seuls poètes on peut demander des documents de psychologie raffinée ».

8. BAKHTINE Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman : « Le poète débarrasse les mots des intentions d’autrui, n’utilise que certains mots et formes, de telle manière qu’il perde leur lien avec certaines strates intentionnelles et certains contextes du langage. On ne doit pas sentir derrière les mots d’une œuvre poétique les images typiques et objectivées des genres (hormis le genre poétique lui-même), les visions du monde. »

9. BARBEY D’AUREVILLY Jules, Une histoire sans nom : « Où les historiens s’arrêtent, ne sachant plus rien, les poètes apparaissent et devinent. Ils voient encore, quand les historiens ne voient plus. C’est l’imagination des poètes qui perce l’épaisseur de la tapisserie historique ou qui la retourne, pour regarder ce qui est derrière ».

10. BAUDELAIRE Charles, Les Fleurs du Mal, « L’albatros » :
« Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher »

11. BAUDELAIRE Charles : « Qu’est-ce qu’un poète, si ce n’est un traducteur, un déchiffreur ? »

12. BAUDELAIRE Charles, Journal intime, « Hygiène » : « Sois toujours poète, même en prose ».

13. BAUDELAIRE Charles : « Il [Edgar Poe] affirmait que celui qui ne sait pas saisir l’intangible n’est pas poète ; que celui-là seul est poète qui est le maître de sa mémoire, le souverain des mots, le registre de ses propres sentiments toujours prêt à se laisser feuilleter. Tout pour le dénouement ! répète-t-il souvent. Un sonnet lui-même a besoin d’un plan, et la construction, l’armature, pour ainsi dire, est la plus importante garantie de la vie mystérieuse des œuvres de l’esprit ».

14. BEAUCHEMIN Nérée, La Branche d’alisier chantant in Patrie intime :
« Le poète en mélancolie
Pleure de n’être plus enfant ».

15. BEGUIN Albert : « Le poète est celui qui, spontanément et pour obéir à une nécessité vitale, répond par des mythes ou par un mythe à des questions que lui pose sa condition de créature humaine affrontée à l’univers ».

244. BERNANOS Georges : « Ce que nous demandons aujourd’hui au poète, ce n’est pas de nous proposer des modèles sur quoi nous pourrions réfléchir à la difficulté vaincue, c’est de nous réconcilier avec nous-mêmes, d’associer étroitement son art à nos déceptions, à nos malheurs, à nos révoltes, à notre espoir. Ah ! qu’il chante d’abord, et qu’avant de convaincre, il nous persuade ».

16. BERNANOS Georges : « Si ce monde pouvait être sauvé, il le serait par ses poètes ».

17. BERNARD Tristan :
« Où donc est-il le temps charmant
Où le mot m’arrivait-il si vite ?
Le mot venait d’abord et la pensée ensuite.
J’étais un poète, vraiment ».

18. BERNIS Cardinal de, Discours sur la poésie : « Il suffit de penser pour être homme d’esprit ; mais il faut imaginer pour être poète ».

19. BHARTIHRARI, Stances : « Les gens simples ont été induits en erreur par les poètes, et, tout en sachant bien que le corps des belles aux yeux de gazelle est fait de peau, de chair et d’os, ils lui rendent un culte superstitieux ».

20. BÖLL Heinrich, Une mémoire allemande : « [Le poète] aime la terre comme une femme étrangère qu’il enlace une fois et ne revoit jamais plus. La poésie, c’est l’impression d’être toujours en contact avec la mort ».

21. BORGES Jorge Luis, La Quête d’Averroès : « Un grand poète est moins un inventeur qu’un éclaireur ».

22. BOSQUET Alain :
« Le poète est passé : il n’est plus de délire
Qui ne soit œuvre d’art
Le vieux corbeau devient un oiseau-lyre.
Il n’est jamais trop tard
Pour vivre quinze fois ; si le poète hirsute
Repasse avant l’été
Consultez-le car, de chaque minute
Il fait l’éternité ».

23. CANETTI Elias, Le territoire de l’homme : « Les intuitions des poètes sont les aventures oubliées de Dieu ».

24. CELAYA Gabriel, Ballades et Dits basques :
« Etre poète, c’est trouver
Sa vie dans les autres ».

25. CERNUDA Luis, Les Ruines : « Ô Dieu ! Toi qui nous fis mortels, pourquoi nous as-Tu donné la soif d’éternité, qui fait le poète ? »

26. CESAIRE : « La poésie est cette démarche qui parle mot, l’image, le mythe, l’amour et l’humour m’installe au cœur vivant de moi-même et du monde. Le poète est cet être très vieux et très neuf, très complexe et très simple qui, aux confins vécus du rêve et du réel, du jour et de la nuit, entre absence et présence, cherche et reçoit dans le déclenchement soudain des cataclysmes intérieurs le mot de passe de la connivence et de la puissance »

27. CHARLES IX (attribué à Charles IX s’adressant à Ronsard) :
« L’art de faire des vers, dût-on s’en indigner,
Doit être à plus haut prix que celui de régner.
Tous deux également nous portons de couronnes ;
Mais, roi, je la reçus ; poète, tu la donnes. »

28. CHAR René, Sur la poésie : « Le poète ne peut pas longtemps demeurer dans la stratosphère du verbe. Il doit se lover dans de nouvelles larmes et pousser plus avant dans son ordre ».

29. CHAR René, La Parole en archipel : « Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. »

30. CHAR René : « Le poète est la genèse d’un être qui projette et d’un être qui retient. A l’amant, il emprunte le vide ; à la bien-aimée, la lumière ».

31. CHEDID Andrée, Terre et Poésie : « Il est vital pour le poète de lever des échos, et de le savoir. Nul mieux que lui ne s’accorde aux solitudes ; mais aussi, nul n’a plus besoin que sa terre soit visitée ».

32. CHENIER André, Elégies XXI : « L’art ne fait que des vers, le cœur seul est poète ».

33. CLAUDEL Paul, La Ville (2e version) :
« Ô mon fils ! lorsque j’étais un poète entre les hommes, j’inventais ce vers qui n’avait ni rime ni mètre,
Et je le définissais dans le secret de mon cœur cette fonction double et réciproque
Par laquelle l’homme absorbe le monde et restitue dans l’acte suprême de l’inspiration Une parole intelligible. »

34. COCTEAU Jean : « Les poètes trouvent d’abord et ne cherchent qu’après ».

35. COCTEAU Jean : « Le poète est un mensonge qui dit la vérité ».

36. DARIO Ruben, La Poésie espagnole : « Je ne suis pas un poète pour les foules, mais je sais qu’inévitablement il me faut aller à elles ».

37. DAUMAL René, Poésie noire, poésie blanche : « Visible, nous le verrions le poète ; voyant, il nous verrait ; et nous pâlirions dans nos pauvres ombres, nous lui en voudrions d’être si réel, nous les malingres, nous les gênés, nous les tout-chose. »

38. DEMOCRITE : « On ne peut être poète sans quelque folie ».

39. DEMOSTHENE : « Libre est la race des poètes ».

40. DEPESTRE René, Légitime défense :
« Poète en harmonie avec ses racines
Je sais l’art de célébrer en moi-même
Les noces de l’instinct et de la raison ».

41. DESCARTES René, Cogitationes privatae : « On pourrait s’étonner que les pensées profondes se trouvent dans les écrits des poètes plutôt que des philosophes. La raison en est que les poètes écrivent par les moyens de l’enthousiasme et de la force de l’imagination : il y a en nous des semences de science, comme dans le silex, que les philosophes extraient par les moyens de la raison, tandis que les poètes, par les moyens de l’imagination, les font jaillir et davantage étinceler ».

42. DU PERRON Eddy, Contre-enquête : « Pourquoi ne devrait-on pas être témoin de la lutte du poète avec tout ce que vous voudrez – avec lui-même, son sujet, la matière ? Votre poète qui domine son sujet m’indiffère ; si je ne le vois pas, je ne peux sentir avec lui ».

43. ELIOT Thomas Stearns, The use of poetry and the use of criticism : « Le poète est plus vieux que les autres humains ».

44. ELUARD Paul, L’évidence poétique : « Le poète est celui qui inspire, bien plus que celui qui est inspire ».

45. ELUARD Paul, Donner à voir : « Un jour, tout homme montrera ce que le poète a vu. Fin de l’imaginaire ».

46. EMMANUEL Pierre, Les Nouvelles Littéraires : « Chaque grand poète intègre le monde d’une façon qui n’est qu’à lui ».

47. FENDERESKI Mir, Anthologie des philosophes iraniens : « Là où s’arrête la connaissance ou la vocation du philosophe, là commence la connaissance ou la vocation du poète ».

48. FRANCE Anatole, Le jardin d’Epicure : « Les poètes nous aident à aimer : ils ne servent qu’à cela. Et c’est un assez bel emploi de leur vanité délicieuse ».

49. GARCIA LORCA Federico : « Si je suis poète par la grâce de Dieu, ou du Diable, je le suis aussi par la grâce de la technique et de l’effort ».

50. GIONO Jean : « Le poète ne peut être qu’un professionnel d’espérance ».

51. GOETHE Johann Wolfgang von, Le Divan oriental-occidental : « Les paroles du poète voltigent incessamment autour des portes du paradis et frappent, implorant l’immortalité ».

52. GOGOL Nicolaï, Passages choisis de ma correspondance avec mes amis : « Le poète a choisi la carrière de la parole et il doit s’y montrer tout aussi irréprochable que n’importe qui d’autre dans la carrière qu’il a embrassée ».

53. GOMMERT ELBURG Jan, Braak : « Le poète de notre temps est en effet fier, non de la fierté de posséder un esprit subtil, mais de se montrer capable d’arracher de ses deux mains, à une société qui le repousse, un bout de pain et un lit ».

54. GOMMERT ELBURG Jan, Trident :
« Un homme sait à peine ce qu’est l’homme.
Le poète sait tout de rien ».

55. HIERRO José, Sur la poésie : « Le poète, essayant de dérober le feu poétique, est un fou qui chante le mal de beaucoup ».

56. HÔ CHI MINH, L’Anthologie des mille poètes :
« Les Anciens se plaisaient à chanter la nature :
Rivières, monts, fumée, neige et fleurs, lune et vent.
Il faut armer d’acier les vers de notre temps ;
Les poètes aussi doivent savoir combattre ! »

57. HÖLDERLIN Friedrich, Le Feu du ciel :
« Mais il nous appartient, sous l’orage du dieu,
O poètes, de nous dresser la tête nue
Et de saisir la foudre à pleines mains, oui, elle,
Afin d’offrir au peuple, sous le couvert de l’hymne,
Le don du ciel ».

58. HORACE : « Les peintres et les poètes ont toujours eu le droit de tout oser ».

59. HORACE, Epîtres : « Genus irritabile vatum (la race irritable des poètes) »

60. HUGO Victor, Les Orientales : « Tout est sujet ; tout relève de l’art ; tout a droit de cité en poésie […] le poète est libre. »

61. HUGO Victor, Préface de Cromwell : « Comme Dieu, le vrai poète est présent partout à la fois dans son œuvre. Le génie ressemble au balancier qui imprime l’effigie royale aux pièces de cuivre comme aux écus d’or ».

62. HUGO Victor : « Un poète est un monde enfermé dans un homme ».

63. HUGO Victor, Les Rayons et les Ombres, « Fonction du poète » :
« O Poète, ô maître, ô semeur, ô semeur ? […]
Le poète est l’archet divin ! […]
Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l’homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs. […]
Peuples ! écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé. »

64. JEANSON Henri, Le Canard enchaîné 1944 : « Pour nous, un poète est un monsieur qui s’efforce de saisir l’eau par poignées. C’est seulement quand il y parvient que le monsieur est un poète ».

38. JERONIMO FEIJOO Benito, Théâtre critique : « Qui veut que les poètes soient très sages veut qu’il n’y ait pas de poètes : la fureur est l’âme de la poésie ».

65. JOUVE Pierre-Jean : « Le poète est un diseur de mots […] Le « Diseur de mots » est le poète véritable, celui qui fait rendre au langage tout ce qu’il enferme de l’âme, et non seulement la pensée décantée par la logique, mais l’autre souterraine, qui ne répond à rien. […] Le diseur de mots est celui qui, dans l’extrême veille, harponne un équivalent du rêve ».

66. JOUVE Pierre-Jean : « Le poète connaît une permanence, comme de l’émotion positive, de l’émerveillement ».

67. JOUVE Pierre-Jean : « [Le poète] est celui qui connaît, c’est-à-dire qui transcende, et qui nomme ce qu’il connaît. Ce qu’il connaît, et comment il le connaît, dépasse constamment sa volonté, sa vanité, et la volonté de tout le monde ».

68. LAMARTINE Alphonse de, Le Poète mourant :
« Le poète est semblable aux oiseaux de passage
Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage,
Qui ne se posent pas sur les rameaux des bois ;
Nonchalamment bercés sur le courant de l’onde,
Ils passent en chantant loin des bords, et le monde
Ne connaît rien d’eux que leur voix ».

69. LISCANO Juan, Poésie et langage en Amérique latine : « L’Amérique hispanique oblige ses poètes à sortir de l’introspection pure, à rompre certains jeux oniriques gratuits, à ternir des miroirs de beauté, à couper des échelles d’ascension ; elle est habituée à confondre les termes et les nombres de la poésie mathématique ».

70. LAO-TSEU : « Le poète sait jouer sur une harpe sans cordes, et ensuite il sait répondre à ceux qui prétendent n’avoir pas entendu de musique ».

71. LONGFELLOW Henry, Le jour est passé :
« Lis quelque humble poète
Dont les chants ont jailli du cœur
Comme les averses des nuages d’été,
Ou les larmes des paupières ».

72. MALANIOUK Evhen, Message : « Si une nation n’a pas de chefs, alors ce sont les poètes qui la guident ».

73. MALHERBE François de : « Un bon poète n’est pas plus utile à l’État qu’un bon joueur de quilles. »

74. MALLARME Stéphane, Divagations, « Crises de vers » : « L’œuvre pure implique la disparition élocutoire du poète, qui cède l’initiative aux mots, par le heurt de leur inégalité mobilisés ; ils s’allument de reflets réciproques comme une virtuelle traînée de feux sur des pierreries, remplaçant la respiration perceptible en l’ancien souffle lyrique ou la direction personnelle enthousiaste de la phrase. »

75. MALLARME Stéphane, Proses de jeunesse : « Ô Poètes, vous avez toujours été orgueilleux ; soyez plus, devenez dédaigneux ».

76. MARITAIN Jacques : « C’est vers la totalité de son être que le poète est ramené, s’il est docile au don qu’il a reçu ».

77. MAUNICK Edouard, Les Manèges de la mer :
« Je veux faire du poète vivant une façon de l’âme
Un secret reconnaissable […]
Le poète est le seul étranger de la terre ».

78. MIKHAILOVSKI Stoyan, Un jeune lycéen qui écrivait des vers :
« La faim et les dents solides
Dans ta jeunesse,
La faim et du pain sec
Dans ta vieillesse
Voilà ce qui t’attend… Si tu oses,
Sois poète ! »

79. MONTALE Eugenio, Interview : « Un poète ne doit pas abîmer sa voix en abusant du solfège, il ne doit pas perdre une qualité de timbre qu’il ne retrouverait plus. Il ne faut pas écrire un lot de poèmes où un seul épuise une situation psychologique déterminée, une occasion ».

80. MONTALE Eugenio, Interview : « Ce dont un poète a besoin, c’est de chercher une vérité précise, non une vérité générale : une vérité du poète-sujet qui ne renie pas celle de l’homme-objet empirique ».

81. MUSSET Alfred de : « on naît poète, on devient prosateur. Le romancier, l’écrivain dramatique, le moraliste, l’historien, le philosophe voient les rapports des choses ; le poète en saisit l’essence. Son génie, purement natif, cherche en tout les forces natives ; sa pensée est une source qui sort de terre ».

82. NERDUDA Pablo, J’avoue que j’ai vécu : « Peut-être n’ai-je pas vécu dans mon propre corps ; peut-être ai-je vécu la vie des autres… Ma vie est une vie faite de toutes les vies : les vies du poète ».

83. NIETZSCHE Friedrich : « Ah ! il y a tant de choses entre le ciel et la terre que les poètes sont seuls à avoir rêvées ».

84. NIETZSCHE Friedrich, Naissance de la tragédie : « Au fond, le phénomène esthétique est simple ; il suffit d’avoir l’aptitude d’assister incessamment à un jeu vivant et de vivre en permanence parmi des bandes d’esprits qui vous entourent- et l’on est poète ; il suffit d’éprouver le besoin de se métamorphoser soi-même, et de parler par d’autres corps et d’autres âmes – et l’on est dramaturge ».

85. NOR N., Nous ne sommes pas nés pour décharger les pistolets :
« Aux jours décisifs
L’époque crée les poètes
Et les poètes, eux, enfantent les soldats ».

86. NORA Eugenio de, Espagne :
« Poètes, mes amis, notre métier
Est inutile, pensez-y.
Ceux qui nous entendent ne comprennent pas, et
Ceux qui comprendraient…
N’ont pas le temps de nous écouter ».

87. NORWID Cyprian, Le Stigmate : « Est-on poète ou bien le devient-on ? ou bien passe-t-on pour tel ? »

88. NOVALIS (Frederich von HARDENBERG dit) : « Seuls les poètes ont senti ce que la Nature peut être pour l’homme, […] et l’on peut dire que chez eux l’humanité se trouve en état de dissolution parfaite, aussi chaque impression, dans ce milieu limpide et mobile, se propage-t-elle immédiatement en tout sens avec toutes ses nuances infinies ».

89. NOVALIS (Frederich von HARDENBERG dit) :« On accuse les poètes d’exagération, et c’est tout juste si on leur passe leur langage imagé et impropre ; on se contente même sans autre examen d’attribuer à leur imagination la singulière propriété de voir et d’entendre des choses que les autres ne voient ni n’entendent, et ce gracieux délire qui dispose à sa fantaisie du réel. Il me semble quant à moi que les poètes sont loin d’exagérer assez ; ils ne pressentent que confusément la magie de leur langage et se contentent de jouer avec leur imagination comme l’enfant avec la baguette magique de son père ».

90. NUAYMAH Mikhail, Le Crible : « Le poète est prophète, philosophe, peintre, musicien et prêtre ».

91. PANERO Juan Luis, Etrange métier, in A travers le temps :
« Poète de ce temps, témoin si souvent troublé par l’injustice
Ou les larmes, et qui y participe silencieusement.
Travailleurs des mots, dressant les murs,
Des prisons fermées, où seule demeure la mémoire ».

92. PASOLINI Pier Paolo, La Religion de notre temps, « Au Prince » :
« Pour être poète, il faut avoir bien du temps :
Bien des heures de solitude, seul moyen
Pour que quelque chose se forme,
Vice, liberté, pour donner style au chaos ».

93. PAZ Octavio : « Les hommes se servent des mots ; le poète les sert. »

94. PAZ Octavio, Céa : « Le poète ancien prétendait exprimer la réalité ou en créer une autre, idéale ; le poète moderne cherche dans la poésie le secret du monde et celui de sa transformation ».

95. PESSOA Fernando, Le Gardeur de troupeaux :
« Je n’ai ni ambition ni désirs.
Etre poète n’est pas une ambition que j’ai,
C’est ma manière à moi d’être seul ».

96. PESSOA Fernando, Poèmes lyriques :
« Le poète sait l’art de feindre.
Il feint si complètement
Qu’il en vient à feindre qu’est douleur
La douleur qu’en fait il sent ».

97. PLATON, Ion : « Le poète est chose légère, ailée, sacrée, et il ne peut créer avant de sentir l’inspiration, d’être hors de lui et de perdre l’usage de sa raison. Tant qu’il n’a pas reçu ce don divin, tout homme est incapable de faire des vers et de rendre des oracles ».

98. POE Edgar Allan, Le principe de poésie : « [La poésie] n’a aucun rapport ni avec le devoir ni avec la vérité. »

99. POUCHKINE Alexandre, Gogol, Passages choisis de ma correspondance avec mes amis : « Les paroles d’un poète sont déjà ses actions ».

100. QUENEAU Raymond, Odile : « Le vrai poète n’est jamais « inspiré » : il se situe précisément au-dessus de ce plus et de ce moins, identiques pour lui, que sont la technique et l’inspiration ».

101. RAABE Wilhelm, Gens de la forêt : « Celui qui ne peut décrire ce qu’il a vécu et vu n’est pas un poète, mais un copieur ; le poète doit savoir vêtir ses idées de l’habit de tous les temps et de tous les pays ».

102. RAINE Kathleen, interview, Le Monde : « L’inspiration ne suffit pas pour être poète ; il existe aussi une culture de l’imagination ».

103. RAJASEKHARA, Kavyamimamsa : « Sa parole se répand peu à peu, on ne sait comment, sur un domaine qui n’a pas encore été frayé : c’est cela le propre du poète, celui dont les paroles vont dans toutes les directions ».

104. RAMUZ Charles-Ferdinand, Six cahiers : « Le poète immobilise l’espace ; il tâche de le guérir de sa maladie qui est le temps ».

105. RENARD Jules, Journal :
« On peut être poète avec des cheveux courts,
On peut être poète et payer son loyer,
Quoique poète on peut coucher avec sa femme,
Un poète, parfois, peut écrire en français ».

106. REVERDY Pierre : « Le poète est une fabrique d’images. »

107. REYES Alfonso, L’expérience littéraire : « Etre poète exige du courage pour entrer dans les labyrinthes et y tuer des monstres. Et plus de courage encore pour sortir chanter dans la rue sans fournir d’explications, à des époques comme la nôtre où l’envahissante préoccupation politique – très juste en soi – fait que le mot « liberté » est compris seulement dans un sens très limité et très peu libre ».

108. RIMBAUD Arthur, Lettre du voyant : « Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. »

109. RIMBAUD Arthur : « La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend. Dès qu’il la sait, il doit la cultiver ; cela semble simple : en tout cerveau s’accomplit un développement naturel ; tant d’égoïstes se proclament auteurs ; il en est bien d’autres qui s’attribuent leur progrès intellectuel ! – Mais il s’agit de faire l’âme monstrueuse : à l’instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s’implantant et se cultivant des verrues sur le visage ».

110. RIMBAUD Arthur, Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871 : « La Poésie ne rythmera plus l’action ; elle sera en avant ».

111. RONSARD Pierre de, Odes, II, 2 :
« Dieu est en nous, et par nous fait miracle,
Si que les vers d’un poète escrivant
Ce sont des dieux les secrets et oracles
Que par sa bouche ils poussent en avant ».

112. SAINT-JOHN PERSE : « Poète est celui-là qui rompt avec l’accoutumance. »

113. SAINT-JOHN PERSE, Discours de Stockholm : « Et c’est assez pour le poète d’être la mauvaise conscience de son temps ».

114. SAINT-JOHN PERSE, Vents II, 6 : « Ô Poète, ô bilingue, entre toutes choses bisaiguës, et toi-même litige entre toutes choses litigieuses - homme assailli du dieu ! homme parlant dans l’équivoque ! ah ! comme un homme fourvoyé dans une mêlée d’ailes et de ronces, parmi des noces de busaigles ! »

115. SAINT-JOHN PERSE, Lettre : « La personnalité même du poète n’appartient en rien au lecteur, qui n’a droit qu’à l’œuvre, détachée comme un fruit de son arbre »

116. SAINT-JOHN PERSE : « Le poète lui-même à la coupée du siècle ».

117. SAINT-POL ROUX : « Poètes, haussons nos âmes par-dessus les horizons et que nos vœux appareillent pour l’Infini ! »

118. SALINAS Pedro, Estimation et défense du langage : « Les poètes peuvent être définis comme des êtres qui savent dire mieux que personne où ils ont mal ».

119. SARTRE Jean-Paul : « Le poète est hors du langage, il voit les mots à l’envers, comme s’il n’appartenait pas à la condition humaine et que, venant vers les hommes, il rencontrât d’abord la parole comme une barrière ».

120. SEGHERS Pierre : « Le poète émet, transmet, il est une voix qui se découvre et s’affirme ».

121. SHAKESPEARE William : « Aussi les poètes ont-ils feint qu’Orphée attirait les arbres, les pierres et les flots, car il n’est d’être si dur, si furieux dont la musique ne change un moment la nature. L’homme qui n’a pas de musique en lui, que n’émeut point le concert des doux sons, est propre aux trahisons, aux stratagèmes et aux rapines. Les mouvements de son âme sont mornes comme la nuit, et ses affections sont sombres comme l’Erèbe. Défiez-vous d’un tel homme »

122. SHELLEY Percy Bysshe, Défense de la poésie : « Un poète est un rossignol qui, assis dans l’obscurité, chante pour égayer de doux sons sa propre solitude ».

123. SOUMET Alexandre, La Muse française, décembre 1823 : «  Le poète est essentiellement l’interprète de la nature et de la destinée, et la poésie n’a été appelée le premier des arts que parce qu’elle explique et achève, pour ainsi dire, l’œuvre du Créateur ».

124. STAËL Germaine de : « Le poète sait rétablir l’unité du monde physique avec le monde moral : son imagination forme un lien entre l’un et l’autre ».

125. SUPERVIELLE Jules : « il m’est très difficile de me séparer de moi pour admirer l’œuvre d’autrui ; c’est que mon œuvre continue et se poursuit en moi malgré moi. Un poète l’est sans repos. Même quand il dort, des images le hantent ».

126. TOURGUENIEV Ivan, Pères et enfants : « Un bon chimiste est vingt fois plus utile que le meilleur poète ».

127. TSVETAÏEVA Marine, 1918 :
« Le poète découvre dans ses rêves
La formule de la fleur et la loi de l’étoile ».

128. VALERY Paul : « Le cerveau des poètes est un fond de mer où bien des conques se reposent ».

129. VALERY Paul : « Tout véritable poète est bien plus capable que l’on ne le sait en général de raisonnement juste et de pensée abstraite ».

130. VICAIRE Gabriel et Henri BEAUCLAIR : « Si nous sommes les Poètes, c’est que nous possédons le grand secret, nous rendons l’impossible, nous exprimons l’inexprimable… Le rêve, le rêve ! mes amis, embarquons-nous pour le rêve ! L’Eglise, notre mère, professe que le rêve est une prière. Les saintes, abîmées dans l’extase, étaient des poétesses, le poète était un voyant. Aujourd’hui, la négation brutale a tout envahi, l’homme d’action est un sauvage. Mais nous que la vie et la pensée ont affinés, si notre raison se refuse à croire, donnons-nous au moins, en rêvant, l’illusion de la foi ».

131. VIGNY Alfred de, Journal d’un poète : « Le poète est toujours malheureux parce que rien ne remplace pour lui ce qu’il voit en rêvant ».

132. WILLIAMS Tennessee, Soudain l’été dernier : « Tous les poètes cherchent Dieu. Tous les bons poètes. Et c’est pour eux une quête beaucoup plus difficile que pour les prêtres, car ils l’entreprennent sans l’aide des manuels célèbres et des expéditions bien organisées dont les prêtres ont le privilège : les Saintes Ecritures et les églises ».

133. YI Munyol, Le Poète : « Ceux qui vivent à la dérive ne sont pas tous poètes, mais les poètes vivent tous à la dérive ».


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