Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


CINEMAFRIQUE

L’Afrique dans le cinéma contemporain

dimanche 22 mars 2009, par Bernard MARTIAL

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Pendant longtemps l’Afrique n’ a été qu’un décor exotique pour des films hollywoodiens mettant en scène des héros occidentaux, Bogart et Hepburn dans African queen (1951), Redford et Streep dans Out of Africa (1985) quand ce n’était pas les tarzanneries néo-darwiniennes sur fond de jungle de carton-pâte. Ce regard colonial et condescendant est en train de changer comme en témoignent plusieurs films récents qui s’intéressent aux réalités de l’Afrique contemporaine.

Ainsi , peu de temps après Le cauchemar de Darwin d’Hubert Sauper évoquant les conséquences de la mondialisation en Tanzanie, deux films de fiction nous proposaient un mise en perspective de deux fléaux corrompant l’Afrique : les pratiques scandaleuses de l’industrie pharmaceutique dénoncées dans The constant gardener de Fernando Meirelles et l’impunité meurtière des trafics d’armes sur fond de guerre au Libéria dans Lord of war d’Andrew Nicol. La même année, en 2005, sortaient presque conjointement deux films sur le génocide rwandais : Hôtel Rwanda, de Terry George, adapté de l’histoire vraie de Paul Rusesabagina, un hôtelier responsable du sauvetage de milliers de personnes et Shooting dogs de Michael Caton-Jones. Dans ces deux longs-métrages, la réalité de la guerre civile qui a fait un million de morts et la passivité des occidentaux étaient abordés sans détour. Le succès de ces films a sans doute encouragé la conception d’autres scénarios comme Blood diamond d’Edward Zwick. Ce blockbuster hollywoodien avec Leonardo di Caprio illustre lui aussi de façon crue le drame d’une guerre civile, celle de la Sierra Leone en 1999, et l’implication des diamantaires européens dans les trafics qui alimentent les conflits. Sorti également en 2007, Le dernier roi d’Ecosse de Kevin Mac Donald, met en scène le tyran sanguinaire ougandais Idi Amin Dada (magistralement interprété par Forest Whitaker) sous le regard d’abord fasciné puis horrifié d’un jeune médecin en quête d’aventures africaines. Goodbye Bafana, quant à lui, est une adaptation des mémoires de James Gregory qui fut pendant près d’un quart de siècle le geôlier et le confident de Nelson Mandela.

Certes, on peut suspecter Hollywood de céder à une nouvelle mode de l’Afrique la plus noire et de privilégier encore les héros ou les témoins blancs dans l’enfer d’un continent en transes mais ce cinéma a, au moins le mérite d’exister et de jeter à la face du monde les tourments d’un continent trop souvent abandonné à son sort. En attendant le jour où des cinéastes africains pourront traiter eux-mêmes des sujets de leur culture en connaissant le même impact international.


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