Le Cas’Nard

Journal de Bernard Martial

© Bernard MARTIAL – août 2014


L’AVENIR DU MONDE

mercredi 19 novembre 2008, par Bernard MARTIAL

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Le 15 janvier 2006, Michelle Bachelet est élue présidente du Chili et le lendemain, Ellen Johnson-Sirleaf, au Libéria, devient la première présidente d’Afrique. Puis, le 29 janvier Tarja Halonen est réélue présidente en Finlande. Après l’élection à la Chancellerie d’Angela Merkel en novembre 2005, la réélection au poste de présidente de Vaira Vike-Freiberga en Lettonie, de Gloria Macapagal-Arroyo aux Philippines et de Mary Mac Aleese en Irlande en 2004, la nomination au poste de premier ministre de Portia Simpson-Miller en Jamaïque et de Han Myung-Sook en Corée du Sud en 2006, de Luisa Dias Diogo au Mozambique en 2004, de Helen Clark en Nouvelle Zélande en 1999 (où elle a d’ailleurs succédé à une autre femme, Jenny Shipley, premier ministre de 97 à 99), le XXIe siècle semble marquer une étape décisive dans l’accès des femmes au pouvoir. Alors doit-on croire à ce qu’écrivait Louis Aragon en 1965 dans Le fou d’Elsa :

L’avenir de l’homme c’est la femme. Elle est la couleur de son âme Elle est sa rumeur et son bruit Et sans Elle il n’est qu’un blasphème

Si la femme est l’avenir de l’homme, il convient de remarquer que beaucoup de ces femmes sont venues à la politique par des hommes. Michelle Bachelet est la fille du général Alberto Bachelet détenu et torturé par le régime de Pinochet. On a déjà vu des filles assurer ainsi l’héritage politique de leur père : Benazir Bhutto, premier ministre pakistanaise , fille du président Zulfikar Ali Bhutto , Indira Gandhi , premier ministre de l’Inde , fille du grand leader Jawaharlal Nehru et mère de Rajiv Gandhi , Chandrika Kumaratunga présidente du Sri Lanka , fille de Sirimavo Bandaranaike et de Solomon Bandaranaike . Aux Philippines, la présidente actuelle est la fille de l’ancien président Diosdado Macapagal ; en 1986, Corazon Aquino était devenue la première présidente après l’assassinat de son mari en 1983 par les hommes du président Marcos. Comme en Argentine Isabel Peron avait, en 1974, succédé à son mari Juan Peron en Argentine et Khaleda Zia à son mari Zia-ur Rahman, président de 1977 à 1981. Sa principale adversaire Sheikh Hasina Wajed (premier ministre de 1996-2001) étant elle-même la fille de Mujibur Rahman, fondateur du pays. Et l’on n’oubliera pas dans cette liste de mentionner Aung San Suu Kyi, fille du libérateur de la Birmanie, le général Aung San, que la junte militaire empêche d’accéder au pouvoir que les élections lui ont donné. La femme serait-elle l’avenir de l’homme ? On aimerait, nous aussi, être « fous d’elles ». Hilary Clinton aux Etats-Unis, et Ségolène Royal en France attendent que leurs électeurs en soient convaincus. Mais est-ce aussi sûr ? En 1985, Renaud dans son éloge des femmes parlait pourtant déjà en ces termes de Miss Maggie :

Car aucune femme sur la planète N’ s’ra jamais plus con que son frère Ni plus fière, ni plus malhonnête A part peut-être Madame Thatcher

En ce début d’année 2006, les coïncidences de l’Histoire nous offrent encore d’autres exemples guère rassurants : la petite fille de Mussolini, Alessandra, présidente d’Alternative sociale, coalition politique d’extrême droite tente de s’allier à Silvio Berlusconi pour les élections d’avril et au Front National au parlement européen (Marine Le Pen perpétue elle aussi la tradition de son père !). Le 28 janvier, la fille de Pinochet, poursuivie aux Etats-Unis pour fraude fiscale est arrêtée à Buenos Aires. L’ancienne présidente argentine Isabel Peron exilée en Espagne depuis 1981 est sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour assassinat d’opposants politiques sous son régime. Benazir Bhutto, condamnée pour corruption est interdite de séjour au Pakistan depuis 1999. Elle ne désespère pas d’y revenir en 2007. La littérature et l’histoire nous proposent enfin des figures de femmes au pouvoir redoutables : Catherine de Médicis qui joua un rôle important au moment des guerres de religion, Elisabeth 1ère qui fit décapiter Marie Stuart , Catherine II de Russie qui fit assassiner son mari Pierre III par son amant, les dames de fer et de guerre Golda Meir et Margaret Thatcher ; la gorgone Méduse au regard pétrifiant, Lady Macbeth qui pousse son mari au régicide, Médée l’infanticide, Phèdre, Agrippine, la mère de Néron ou Athalie qui massacre sa propre descendance. Le futur dira si les femmes ont fait mieux que les hommes et donneront raison à Talleyrand qui déclarait : « Là où tant d’hommes ont échoué, une femme peut réussir ». En attendant, allez voir le film du sud-coréen Hong Sang-Soo : La femme est l’avenir de l’homme, sorti en 2004.

PS. Janvier 2007 : Micheline Calmy-Rey est élue présidente de la Confédération Helvétique.


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